Une opportunité pour certaines, un sacrifice pour d’autres. Selon une enquête réalisée en 2017 par Expat Communication, une agence française spécialisée dans l’accompagnement des expatriés, “
dans 92% des cas, c’est la carrière de l’homme qui est à l’origine de la mobilité et la femme suit.”
L’une des principales difficultés - pour les femmes qui ont choisi de suivre leur mari à l’étranger - est de trouver une raison d’être en expatriation, de ne pas être là uniquement pour la famille. "
Au début, se retrouver du jour au lendemain, sans maison, ni travail, ni voiture, ni famille, ni amis, dans un pays et une langue inconnue, seule, sans activité, c’est un gros désespoir. C’était dur, je me demandais comment j’allais remplir mes journées”, raconte Lili Plume, 41 ans, écrivaine sous pseudonyme. Après avoir vécu trois ans au Brésil, cette ancienne enseignante française vit au Mexique depuis deux ans, à la suite de la mutation de son mari. Elle est l'auteure du blog
Lili Plume Do Brasil et du livre "Et si on partait vivre au Brésil ma chérie ?".
Il n’est pas toujours évident, pour ces femmes d’expatriés, de s’insérer professionnellement dans leur pays d’accueil. “
Le fait de sortir de sa zone de confort [son pays d’accueil] , d’être le pilier de la famille, oblige à se réinventer, à réadapter son parcours professionnel par rapport au marché du pays, à la barrière de la langue et à ce nouveau rythme de vie”, explique Cristina Filipe Araujo, une française, mère de famille âgée de 36 ans. Actuellement en Angleterre, elle est expatriée depuis neuf ans.
Dans la culture d’entreprise française, les préjugés sont tenaces. L’expatrié est avant tout un homme, éventuellement suivi par sa conjointe et ses enfants. Les femmes cadres, elles, commencent tout juste à accéder à l’expatriation. Un phénomène récent, qui s’apparente le plus souvent à un véritable parcours de combattante.
Plus d'infos : Parcours de combattante pour les Françaises candidates à l’expatriationUne insertion professionnelle compliquée
Certaines expatriées essaient de retrouver un poste équivalent à celui qu’elles avaient dans leur pays d’origine mais c’est généralement un véritable parcours du combattant. “
Souvent, il faut accepter la réalité du marché, accepter de revoir à la baisse ses ambitions”, décrit l’expatriée en Angleterre.
D’après l’étude d’Expat Communication, “
49% des conjoints expatriés en recherche d’emploi affirment s’être sacrifiés pour leur conjoint car les postes trouvés sont inférieurs à leurs attentes.”
Dans leur nouveau pays, d’autres femmes d’expatriés décident de tout recommencer à zéro en changeant de métier. “
Je n’avais pas envie de travailler dans l’enseignement comme je le faisais en France. Au bout de six mois, je me suis lancée dans l’écriture, j’ai le temps et ça me plait. Ma vie de femme d’expatrié a vraiment changé quand j’ai trouvé cette activité”, ajoute l’écrivaine.
L'entrepreneuriat, une solution ?
De plus en plus de femmes expatriées se lancent dans l'entrepreunariat, ce qui leur permet d’être plus libres et plus flexibles, “
afin de garder un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle”, commente Cristina Filipe Araujo.
Pour beaucoup, Internet est une plateforme idéale pour monter son activité. Agée de 38 ans, Adeline Verdier-Velten, Française expatriée pour la première fois à Amsterdam et restauratrice de tableaux de formation, a progressivement quitté son métier pour créer son propre site internet “
Les Musettes s’en mêlent” où elle réalise des portraits de conjoints suiveurs qui ont lancé leur entreprise dans leur nouveau pays. “
Je me disais qu’il fallait que je trouve un autre projet que je puisse emmener partout”, indique-t-elle.
Auparavant responsable de communication dans le domaine pharmaceutique, Cristina Filipe Araujo, a également fait le choix de monter sa propre entreprise. “
J’ai décidé de ne pas rechercher de travail mais de faire un projet qui pourrait me permettre de combler les trous de mon CV et que je pourrais valoriser à mon retour en France”, explique-t-elle. Depuis 2017, elle travaille sur le podcast “
Expat Heroes” où elle met en lumière le parcours d’expatriés francophones à travers le monde.
Malgré leur forte mobilité, certaines femmes d’expatriés arrivent à monter leur commerce à distance. C’est le cas de Béatrice, 31 ans, expatriée pendant plusieurs années au Gabon et en Tanzanie. Elle a créé la marque
TRIBU(S) qui propose des produits brodés, inspirés de la culture africaine et réalisés par des personnes dans le besoin, aussi bien au Gabon qu’en France. Ses produits sont vendus sur internet et par le biais de ventes privées.
Afin de réussir leur projet, beaucoup de jeunes entrepreneures se font aider par un coach expert en expatriation et en reconversion professionnelle. “
J’ai commencé Expat Heroes, je n’étais pas accompagnée mais j’ai fait le point avec un coach car l’aspect financier manque parfois”, explique Cristina Filipe Araujo. Stéphanie Sudan, suisse âgée de 28 ans, expatriée en Roumanie depuis 1 an et demi, et fondatrice du site internet
“Cuisine Horizon” a également fait appel à ce type de service, “
j’ai une coach qui m’aide à mettre les choses en place, à travailler mes offres”, raconte-t-elle.
L’entrepreunariat a cependant ses limites, pour la plupart de ces femmes, leur activité n’est pas ou que très peu rémunératrice. “
Maintenant je commence à avoir un salaire parce que j’ai plus de demandes donc je fais payer un droit d’entrée au site mais au début, ce n’était pas possible”, conclut Adeline Verdier-Velten.
L’expatriation, une chance
Malgré les difficultés que peuvent rencontrer les femmes d’expatriés dans leur nouveau pays, cette expérience peut être source d’épanouissement. “
Pour moi, l’expatriation a été une grande chance et m’a ouvert des portes sur d’autres perspectives professionnelles”, décrit Lili Plume.
Le fait d’avoir du temps pour réfléchir à une nouvelle activité professionnelle est un réel atout. “
On peut se lancer dans quelque chose dont on a rêvé”, explique-t-elle également.
Selon la fondatrice du podcast Expat Heroes, pour réussir professionnellement à l’étranger, “
il est nécessaire de s’adapter, d’être agile pour retrouver un poste et d’avoir une force de caractère.”