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Récit : May Vallaud, montage : Olivier Moysan
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Financement libyen : Nicolas Sarkozy en garde à vue

L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue ce mardi 20 mars dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre sur des soupçons de financement illicite en Libye. Ces soupçons avaient pesé sur la campagne présidentielle de 2007 qui avait mené à sa victoire.

C'est un rendez-vous d'un autre genre auquel l'ancien président français a été convié ce mercredi 20 mars 2018. Loin des conférences de Dubaï et des entrevues à son bureau d'avocat rue de Miromesnil.
 

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Nicolas Sarkozy s'entretenant avec Al Gore lors du Global Teacher Prize à Dubai ce dimanche 18 mars 2018. 
(AP Photo/Jon Gambrell)

Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, selon Mediapart et Le Monde

Après avoir vu l'étau se resserrer autour de lui en 2015 avec le renvoi devant le tribunal correctionnel pour financement illégal de campagne électorale dans l'affaire dite Bygmalion, Nicolas Sarkozy est entendu pour la première fois dans cette enquête menée par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).

Cette enquête le cible désormais directement, ainsi que plusieurs de ses proches. Elle est conduite par le juge d’instruction du pôle financier de Paris Serge Tournaire, et ses collègues Aude Buresi et Clément Herbo, et vise plusieurs délits : corruption active et passive, détournement de fonds publics, trafic d'influence, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, blanchiment de fraude fiscale, recel…
 

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(Interview d'Edwy Plenel sur le financement libyen - extrait du Journal de TV5MONDE du 29 avril 2012)


Ces juges du pôle financier enquêtent depuis avril 2013 sur des accusations de financement de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye de l'ex-dignitaire Mouammar Kadhafi.
 

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Ziad Takieddine
(AP Photo/Remy de la Mauviniere)

Elles ont été formulées par l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, 67 ans, et d'ex-responsables libyens, tandis que d'autres ont démenti. Dont l'ancien chef de l'Etat français qui a toujours rejeté ces accusations.

Après l'échec des négociations entre l'Arabie Saoudite et la France sur un marché d'armement,  - qui aurait été piloté par l'équipe du président Jacques Chirac à l’Élysée, alors en guerre frontale avec les sarkozystes-, Ziad Takieddine s’active pour rapprocher les dirigeants libyens du cabinet de Nicolas Sarkozy, dirigé par Claude Guéant, selon Mediapart.

Mediapart qui publie en 2012 une note, attribuée à Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignements extérieurs de la Libye, et laissant penser à un financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy.  Laquelle conduit à la mise en examen de l'ex-secrétaire général de l'Élysée pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée.

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Alexandre Djouhri -dont la France demande l'extradition - quittant un commissariat de Londres le 16 janvier 2018
(AP Photo/Kirsty Wigglesworth)


Les magistrats s'interrogent sur un virement de 500.000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008, en provenance d'une société d'un avocat malaisien. Il a toujours expliqué qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux.

L'enquête avait connu un revirement en novembre 2016 avec les déclarations à Mediapart de Ziad Takieddine, qui avait assuré avoir remis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et à son directeur de cabinet Claude Guéant -qui ont farouchement démenti-, trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime Kadhafi, entre novembre 2006 et début 2007.

Les juges s'interrogent également sur la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins (Alpes-Maritimes), pour environ 10 millions d'euros, à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien argentier du régime. 

Les enquêteurs soupçonnent l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, 59 ans, d'être le véritable propriétaire et vendeur de ce bien et de s'être entendu avec Bachir Saleh pour fixer un prix d'achat "très surévalué". Cet autre intermédiaire, présenté comme un personnage clé de l'enquête, a été arrêté en janvier à Londres. Il vient d'y être hospitalisé après une attaque cardiaque alors qu'une audience devant la justice britannique doit déterminer le 17 avril de son extradition ou non vers la France, prévue en juillet.

Quant à Bachir Saleh, actuellement en exil et que la justice française souhaite interroger dans le cadre de cette affaire, il a été blessé par balles fin février en Afrique du Sud. Il est visé par un mandat d'arrêt international.

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L'ami de 40 ans interrogé aussi

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L'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux était entendu mardi en audition libre dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de 2007 de Nicolas Sarkozy, a-t-on appris de source proche du dossier.

Brice Hortefeux étant eurodéputé, ce statut de "suspect libre", qui permet d'éviter la garde à vue, dispense les enquêteurs de solliciter auprès du Parlement européen une demande de levée d'immunité, et partant dévoiler une partie de leurs investigations .

Invitée à réagir sur le placement en garde à vue de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, qui a compté parmi les plus farouches soutiens de l'ancien président, a estimé que ce dernier n'était "pas épargné". Elle a également appelé à la "prudence", rappelant que Nicolas Sarkozy avait par le passé bénéficié de non-lieux. 

Sur son compte Twitter, elle a retweeté le message ci-dessous :
 



Pour sa part, le Premier ministre Edouard Philippe, interrogé ce matin par Jean-Claude Bourdin sur BFMTV et RMC, a indiqué n'avoir "aucun commentaire à faire sur la procédure judiciaire".
 


Pour aller plus loin :