Jeudi soir, Nicolas Sarkozy s'est exprimé pour la première fois en public depuis sa garde à vue dans l'affaire des financements libyens de sa campagne électorale de 2007. Vendredi, c'est un proche de Mouammar Kadhafi qui a confirmé les accusations contre l'ancien président français et son entourage.
C'est un feuilleton romanesque dans lequel chaque épisode connait un rebondissement. Quelques heures après la fin de sa garde à vue, Nicolas Sarkozy est venu livrer " sa " vérité au journal télévisé de 20H de TF1 jeudi soir.
Contre-attaquer face à ceux qu'il appelle le " Gang libyen ", l'entourage de Mouammar Kadhafi.
On n'a pas le droit de jeter les gens à la boue parce qu'une bande d'assassins, d'escrocs, de menteurs, de manipulateurs a fait ce qu'ils ont fait ( ... ) Il n'y a pas un document, pas une photo, pas un compte, pas une preuve matérielle. Il n'y a que la haine, la boue, la médiocrité, la malveillance et la calomnie.Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française
Pas le temps de se reposer, dès le lendemain c'est Moftah Missouri qui sort la parade. Sur l'antenne de la radio RFI, l'ancien interprète et conseiller de Mouammar Kadhafi confirme le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Pour lui, le lien entre les deux camps date de leur première rencontre en 2005, Nicolas Sarkozy etait alors ministre de l'Intérieur.
Les questions d'argent interviennent plus tard, fin 2006, comme le rapporte un document officiel libyen, la note des renseignements publiée par le site Mediapart
et que l'ancien président français dit être un faux. Mais pour Moftah pas de doute, le document est authentique.
Parce que moi, je connais la façon d'écrire, je connais le format, je connais la paperasse officielle, je connais celui qui l'a tapé. C'est-à-dire la façon… L'écriture, etc. On avait l'habitude de recevoir les documents, par exemple, de la part du ministère des Affaires étrangères ou bien de l'organisme des renseignements extérieurs. C'est toujours pareil les documents. Il n'y a pas d'autre format.Moftah Missouri, traducteur et conseiller de Mouammar Kadhafi - Interviewé par RFI
Puis l'ancien proche de Kadhafi lâche ses coups, accuse l'entourage de Sarkozy de servir d'intermediaire aux transactions et affirme l'existence d'un autre document
qui prouve que l'ancien président français à reçu au moins 20 millions d'euros du dictateur libyen.
Vous savez, il n'y avait pas de transfert bancaire pour qu'on puisse produire un document. Il y a tout simplement un petit récépissé qui se trouve actuellement chez le chef comptable, qui est actuellement prisonnier à Zaouïa. Mais je ne sais pas où ce bout de papier se trouve. Normalement, quand on libère une somme d'argent, celui qui reçoit doit signer un petit récépissé. Un petit reçu.Moftah Missouri, traducteur et conseiller de Mouammar Kadhafi - Interviewé par RFI
Voilà l'intrigue qui monte à nouveau en puissance. Mais un autre acteur peut encore tout faire basculer, Saïf al-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi, qui serait en Tunisie.
Il y a quelques jours il confirmait à Euronews détenir des preuves contre Nicolas Sarkozy et son entourage. Mais le calendrier est un peu trop idéal
pour le tout nouveau prétendant à la présidence de la Libye.
D'autres témoins clés pourraient cependant être amenés à parler,
simplement pour survivre dans cette guerre des gangs.