Flottille, convoi, marche vers Gaza : élan de mobilisations citoyennes

Depuis l’arrestation des membres de l’équipage de la Flottille de la liberté, plusieurs initiatives citoyennes prennent forme avec la même volonté : celle de « briser le blocus israélien » à Gaza. Des actions symboliques qui se heurtent à l’absence de laissez-passer en Égypte.

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Des personnes acclament un convoi de bus

Des personnes acclament un convoi de bus composé d'activistes, d'avocats et de professionnels de la santé d'Afrique du Nord qui partent de Tunisie pour Gaza afin de briser le blocus israélien sur le territoire, à Gabès, en Tunisie, le lundi 9 juin 2025. 

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Quelques jours seulement après l’arrestation par Israël des membres de la Flottille de la liberté Madleen en eaux internationales, de nouveaux convois ont pris le départ pour Gaza. L’objectif ? Envoyer un message symbolique aux Gazaouis et à la communauté internationale, en tentant de « briser le blocus israélien » dans l’enclave palestinienne.

Plus de 4 000 personnes d’une cinquantaine de pays se sont réunies en Égypte, ces derniers jours, pour participer à une marche internationale vers Gaza, d’après le collectif « Global march to Gaza », qui se présente comme « citoyen, apolitique et indépendant ». Les organisateurs ont indiqué que la marche devait passer par les zones désertiques du Sinaï, pour rejoindre la partie égyptienne de la ville de Rafah.

Un grand convoi de bus et de voitures, la caravane Soumoud, est partie de Tunis en Tunisie, quelques jours plus tôt avec la même mission. Il réunit plus d’un millier de personnes, selon les organisateurs, et traverse actuellement la Libye.

Les membres d'un convoi humanitaire

Les membres d'un convoi humanitaire d'au moins 1 500 personnes, dont des militants et des sympathisants d'Algérie et de Tunisie, agitent des drapeaux palestiniens depuis un bus alors que le groupe se dirige vers Gaza via le point de passage égyptien de Rafah, à Zawiya, en Libye, le mardi 10 juin 2025. 

AP Photo/Yousef Murad

Une quarantaine de participants à la Marche ont été stoppés par les autorités égyptiennes, d’après un communiqué du collectif. Ils ont été « retenus en pleine chaleur avec interdiction de bouger » et passeports confisqués, à 45 kilomètres à l’est du Caire. Certains ont été expulsés, d’autres relâchés. Une quinzaine sont retenus dans leurs chambres d’hôtels, dont des ressortissants français, espagnols, canadiens, turcs, néerlandais et britanniques, selon le collectif.

La délégation des Pays-Bas dénonce sur Instagram « la déportation illégale et le traitement inhumain des militants néerlandais pacifiques […] venus participer à une mission humanitaire ». 

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Un communiqué de la délégation grecque indique aussi que « des dizaines de citoyens grecs » ont été arrêtés à l’aéroport « bien qu’ils aient présenté toutes les pièces justificatives requises, respecté la loi et suivi les procédures ». Les ressortissants grecs ont été relâchés « grâce aux pressions politiques et juridiques », affirme la délégation dans un communiqué.

« La violence avec laquelle beaucoup de gens ont été arrêtés, déportés, menacés est une chose à laquelle on ne s’attendait pas », a déclaré Hichem Al Ghaoui, l’un des coordinateurs du collectif, jeudi 12 juin sur son compte TikTok.

Même coup de frein pour le convoi Soumoud, bloqué vendredi matin à l’entrée de Syrte, en Libye, selon les organisateurs. « Jusqu’ici nous ne savons pas si nous allons passer ou non », a indiqué l’un des organisateurs, le Tunisien Wael Naouar. Sa progression vers l’enclave palestinienne reposait sur une permission de passage de l’Égypte, qui ne l’a toujours pas délivrée à ce jour.

Convoi composé d'activistes, d'avocats et de professionnels de la santé d'Afrique du Nord

Une femme réagit alors qu'elle se trouve dans un bus faisant partie d'un convoi composé d'activistes, d'avocats et de professionnels de la santé d'Afrique du Nord, en partance de la Tunisie pour Gaza afin de briser le blocus israélien sur le territoire, à Gabès, en Tunisie, le lundi 9 juin 2025. 

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Israël, en parallèle, a pressé l’Égypte d’interdire tout « acte de provocation » propalestinienne et toute « tentative d’entrée à Gaza », mercredi 11 juin. Le même jour, le ministère des Affaires étrangères égyptien avait lui appuyé sur « l’importance des pressions sur Israël pour lever le siège de Gaza ».

La flottille Madleen a ouvert la voie à de nouvelles initiatives de ce type. Là où elle comptait à son bord des personnalités connues du grand public comme l’activiste Greta Thunberg et la députée européenne Rima Hassan, les nouveaux convois en direction de Gaza sont constitués d’une majorité de citoyens ordinaires. Parmi les participants de la Marche mondiale, le petit-fils de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, Zwelivelile Mandla Mandela… mais aussi des médecins, des chercheurs, des avocats, un psychothérapeute.

« Un état d’esprit combatif »

Et pourtant, le passé pourrait dissuader. Les dernières expériences de la Coalition de la Flottille de la liberté ont toutes été avortées. Ou pire, se sont conclues de manière dramatique. En 2010, deux ans après le lancement de l’initiative, le Mavi Marmara, très grand bateau de 93 mètres est arraisonné de force par le gouvernement israélien. Quelques 600 personnes sont alors à bord. Des commandos aéroportés pénètrent pendant la nuit sur le navire et tuent neuf d’entre elles. Une dixième succombe à ses blessures. Depuis, près d’une dizaine d’opérations de ce type ont été lancées.

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« Cette nouvelle Flottille de la liberté est une démarche unique et exceptionnelle dans un contexte géopolitique inédit, explique Baptiste André, spécialiste en médecine interne à l'hôpital de La Timone de Marseille, à RFI depuis le navire. On sent une détermination des membres et des milliers de militants qui nous suivent à terre, ce qui fait qu’on est dans un état d’esprit combatif, déterminés à aller au bout même si on sait qu’il y aura de nombreuses et dangereuses problématiques à venir ces prochains jours. »

Les sociétés civiles israélienne et palestinienne sont mises à l’honneur, vendredi 13 juin, au Forum de la paix de Paris. Cette réunion, qui prône un « appel pour la solution des deux États », précède la conférence onusienne à New York, dédiée à cette question.