Football : l'internationale française Aminata Diallo incarcérée dans l'affaire Hamraoui

Image
kheira hamraoui
La Française Kheira Hamraoui (n°23, à droite), lors d'un match France-Angleterre pour la SheBelieves Cup, le mercredi 9 mars 2016, à Boca Raton, en Floride.
(AP Photo/Joel Auerbach)
Partager5 minutes de lecture

L'internationale française Aminata Diallo, mise en examen vendredi comme quatre autres personnes pour "violences aggravées" et "association de malfaiteurs", a été placée en détention provisoire, suspectée d'être la commanditaire de l'agression de son ancienne coéquipière au PSG Kheira Hamraoui, sur fond de rivalité sportive.

"Madame Diallo a souhaité un débat différé" devant le juge des libertés et de la détention, après sa mise en examen, "et dans l'attente elle a été incarcérée provisoirement", a expliqué le parquet de Versailles dans un communiqué.

Les quatre autres personnes poursuivies, nées entre 1999 et 2003 selon une source proche du dossier, ont également été mis en examen vendredi pour "association de malfaiteurs" et "violences aggravées".

"Tous les quatre mettent en cause Madame Diallo (...) comme étant la commanditaire des violences, pour lui permettre d'occuper le poste de la victime lors de compétitions à venir", a expliqué le parquet.

(Re)lire : Mondial 2019 : la Coupe du monde de football féminin, mode d'emploi

Parmi ces quatre hommes, "trois reconnaissent leur présence sur les lieux et indiquent connaître le motif de leur recrutement et de leur présence. Le quatrième homme reconnaît quant à lui avoir porté des coups à la victime", précise le parquet.

Deux d'entre eux ont été incarcérés et les deux autres placés sous contrôle judiciaire. 

Hypothèse d'une rivalité entre les deux joueuses

Après l'agression le 4 novembre de Kheira Hamraoui, 32 ans et 39 sélections en équipe de France, l'hypothèse d'une rivalité entre les deux joueuses du Paris SG, évoluant au même poste de milieu de terrain, avait été envisagée. 

Aminata Diallo, qui compte sept sélections en équipe de France, a toujours vivement contesté être impliquée. En novembre 2021, elle avait déjà été placée en garde à vue, avant de ressortir libre, sans charge retenue contre elle.

Selon le parquet de Versailles, il restait "environ huit heures" à effectuer sur cette garde à vue entamée en novembre et limitée légalement à un total de 48 heures. 

Interpellée vers 6H00 à son domicile vendredi, la joueuse de 27 ans, sans club depuis sa fin de contrat au Paris Saint-Germain, est restée dans les locaux de la police judiciaire de Versailles jusqu'en début d'après-midi, quand elle a été déférée au palais de justice.

Son avocat, Mourad Battikh, n'était pas joignable dans l'immédiat.

Selon une source proche du dossier, Aminata Diallo "n'a pas dit grand-chose" vendredi devant les enquêteurs. "Elle n'a pas reconnu sa participation (à l'agression, ndlr) avant de vite invoquer son droit au silence", a précisé cette source.

"Guet-apens"

Le 4 novembre 2021, Kheira Hamraoui avait été agressée à Chatou (Yvelines) à coups de barres de fer et frappée sur les jambes par deux hommes, devant Aminata Diallo, alors qu'elles rentraient en voiture d'un dîner d'équipe.

La joueuse avait été ensuite conduite à l'hôpital pour recevoir des points de suture.

"J'ai vécu un vrai guet-apens. Ces individus m'attendaient derrière un camion. Ils étaient au bon endroit, au bon moment. Comment ont-ils pu être si bien renseignés? C'est autant de questions sans réponse encore aujourd'hui", avait-elle déclaré au journal L'Equipe en juin. 

"Nous prenons acte des décisions judiciaires intervenues aujourd'hui et notamment la mise en examen d'Aminata Diallo et son placement en détention provisoire", ont réagi les avocats de Kheira Hamraoui, Mes Julia Minkowski et Vincent Desry.

(Re)lire Football féminin : les Bleues n'ont pas gagné la Coupe, mais le coeur des Français.e.s

"Nous allons prendre connaissance et étudier les nouveaux éléments recueillis par les enquêteurs qui ont énormément travaillé pour mettre à jour la vérité sur cette lamentable agression qui a eu des répercussions dramatiques sur notre cliente depuis neuf mois", ont-ils ajouté, dans un message qu'ils ont signé conjointement.

"Expérience traumatisante"

Estimant être touchée par une "surprenante cabale médiatique" depuis son agression, Kheira Hamraoui a affiché sa "confiance" en la justice "pour qu'éclate la vérité et que (son) honneur soit lavé", samedi, au lendemain de la mise en examen d'Aminata Diallo, ex-coéquipière au Paris SG.

"Aujourd'hui, je fais confiance à la justice pour qu'éclate la vérité et que mon honneur soit lavé. Je suis impatiente que mon nom soit à nouveau seulement associé aux pages sportives et quitte les rubriques judiciaires", a écrit la milieu internationale française de 32 ans, sous contrat jusqu'en 2023 au PSG mais actuellement tenue à l'écart du groupe.

Le message diffusé samedi sur Twitter est accompagné de photos montrant les blessures aux mains et aux jambes résultant de son agression à coups de barre de fer, dans la soirée du 4 novembre, une attaque où elle a "cru mourir" et qui la "hante nuits et jours".

Après cette "expérience ô combien traumatisante", "j'ai été victime d'une surprenante cabale médiatique dans le but de salir mon image et ma vie privée", affirme Hamraoui, en référence à des articles de presse liant l'agression à de prétendues relations intimes avec des hommes mariés.

L'internationale française (39 sélections) rappelle avoir été "injustement insultée sur les terrains, harcelée sur les réseaux sociaux et menacée de mort" et se dit uniquement coupable, par son silence, "d'avoir laissé s'installer un buzz médiatique d'une violence inouïe qui nous a anéantis, mes proches et moi."

Hamraoui mise à l'écart au sein du PSG

Cette affaire avait totalement déstabilisé le vestiaire du PSG et eu un impact négatif sur les performances sportives des deux joueuses.

La relation de Kheira Hamraoui avec plusieurs de ses coéquipières, notamment Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, s'était fortement dégradée, ces dernières lui reprochant la première garde à vue d'Aminata Diallo.

Hamraoui a été suspectée par certaines joueuses du PSG d'avoir orienté les enquêteurs vers Diallo, qu'elles estimaient innocente, ce qui a conduit à de fortes tensions dans l'équipe. Le club a décidé de tenir Hamraoui, sous contrat jusqu'en juin 2023, à l'écart du groupe professionnel pour la saison en cours.

Au printemps, le conseil de Kheira Hamraoui avait alerté le PSG sur "une campagne de harcèlement et de dénigrement" menée par plusieurs joueuses contre sa cliente.

Dans un courrier envoyé au club, il accusait Aminata Diallo d'avoir, au cours de la saison, "interpellé" le garde du corps de Kheira Hamraoui pour "menacer" cette dernière ou encore de l'avoir directement "insultée".

"J'aspire aujourd'hui à retrouver le plaisir du rectangle vert. Et de continuer à gagner. Car s'il y a bien une chose qui n'a pas changé depuis ce drame, c'est mon ambition pour moi et mon pays", conclut-elle.

L'ancienne Barcelonaise "veut honorer la dernière année de son contrat: elle restera parisienne cette saison", a insisté son entourage.