Fil d'Ariane
Se rendre compte, évaluer les dégâts, c'est le but de la visite de la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, ce lundi, à Fort McMurray. Dimanche, elle n'a pu retenir ses larmes, visiblement épuisée par les longues journées à communiquer et coordonner les secours. Il faut dire que c'était la fête des mères. Le spectacle de ces familles sauves mais désemparées l'a fortement émue.
Dans un dernier bilan, la cellule de crise du gouvernement a estimé à environ 1.610 km2 (15 fois la surface de Paris) les superficies ravagées après une précédente estimation de 2.000 km2 quand les vents attisaient le feu samedi.
Et les dommages sont immenses.
Contacté par Radio-Cannada, l'analyste Tom MacKinnon, de la Banque de Montréal a sorti la calculette. Et ses chiffres font mal. Pour reconstruire les 1600 bâtisses détruites à Fort McMurray, la facture " pourrait atteindre jusqu'à 9 milliards de dollars, et entre 3 et 5 milliards si on n'en reconstruit que la moitié." La chaîne précise que "Cela en ferait la catastrophe la plus coûteuse de l'histoire du Canada".
La société d’assurance Intact a indiqué lundi qu’elle avait dépêché plus de 1000 employés spécialisés en indemnisation à Fort McMurray et dans ses environs pour venir en aide à ses clients. Aucun des assureurs contactés n'a voulu dire, à cette heure, si la catastrophe allait mécaniquement engendrer une hausse des tarifs.
Les dégâts du brasier sont même visibles depuis l'espace. " La fumée couvre une vaste zone du Canada écrit l'astronaute américain Tim Kopra. Nos pensées vont à tous ceux qui sont touchés par les incendies là-bas".
Smoke covering a vast area in @Canada. Our hearts go out to all those affected by the fires there. @Space_Station pic.twitter.com/trwKlPV8O7
— Tim Kopra (@astro_tim) 8 mai 2016
Autre inquiétude pour le Canada, l'économie et son secteur pétrolier. La région est considérée comme la capitale du pétrole canadien. Elle concentre l’essentiel de la production du pays (80%) sous la forme de sables bitumineux. Avec plusieurs sites d'exploitation fermés par mesure de précaution, la chute de la production est inévitable. Elle est estimée par les experts entre 1 et 1,5 million de barils par jour, soit environ un quart de toute la production canadienne. Sans parler de l’effondrement des cours depuis l’été 2014. A cette heure, les flammes ont également pu être maintenues aux abords des sites d'exploitation de Suncor, comme ceux de Syncrude, Husky, Shell ou ConocoPhillips.