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Frais de scolarité des étudiants étrangers : "Nous sommes satisfaits de la décision du Conseil constitutionnel"

Saisi par des associations étudiantes, opposées à la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers en France, le Conseil constitutionnel a rendu sa décision ce vendredi 11 octobre 2019 : "l’exigence constitutionnelle de gratuité s’applique à l’enseignement supérieur public", même si des droits universitaires peuvent exister, tant qu'ils restent "modiques". Entretien avec Modibo Massaké, étudiant malien en sciences de l'éducation à la faculté de Nanterre et membre du Collectif des étudiants étrangers en France.
C'était une décision très attendue par les étudiants étrangers en France. Une décision qui, si elle n'est qu'un avis, vient fixer un cap. Le Conseil d'État doit encore trancher. Pour l'heure, certains étudiants, notamment venus d'Afrique, comme Modibo Massaké, estiment la réforme voulue par le gouvernement "discriminatoire". En France, près d'un étudiant étranger sur deux vient du continent africain.
 

TV5MONDE : Comment avez-vous accueilli cette décision du Conseil constitutionnel ?

Modibo Massaké : Nous sommes satisfaits, car le principe de la gratuité de l'enseignement supérieur a été réaffirmé. Aussi, et c'est intéressant, cette décision est un obstacle à la marchandisation de l'enseignement supérieur. Parce qu'aujourd'hui, le gouvernement avait pour projet d'augmenter les frais de scolarité des élèves étrangers non-européens, alors qu'ils sont en majorité parmi les plus mal lotis, notamment ceux qui viennent d'Afrique.
(Ndlr : Les frais d'inscription en licence passent de 170 euros à, possiblement, 2770 euros quand les masters peuvent, eux, passer de 243 euros à 3770 euros).


Vous émettez tout de même des réserves sur un certain point...

Oui, car même si c'est un soulagement pour nous, la décision du Conseil constitutionnel est ambigüe. D'une part, on affirme la gratuité de l'enseignement supérieur, d'autre part, on dit que cette gratuité n'empêche pas l'augmentation des frais de scolarité, à condition qu'ils soient modiques. Il faut voir ce qu'ils entendent par là et voir si ça ne permettra pas au gouvernement d'être conforté dans sa réforme, considérant que les augmentations décidées sont modiques.


Le Conseil d'État doit désormais trancher, dans quel état d'esprit attendez-vous cette décision ?

Nous gardons espoir, même si l'avis du Conseil constitutionnel est mitigé. On ne peut pas demander à des étudiants de voir leurs frais de scolarité multipliés par 15. Cela serait de la discrimination et nuirait à l'égalité des chances pour laquelle nous nous battons chaque jour en tant que membres associatifs. Et je voudrais souligner un paradoxe : nous, étudiants étrangers, nous nous mobilisons, pour défendre les principes fondamentaux du système éducatif français. Ça ne devrait pas être à nous de faire cela. Mais nous nous battrons et essayerons, tant bien que mal, pour que les étudiants étrangers bénéficient de l'égalité des chances et de l'accès à l'éducation.