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TV5MONDE : Il y a 10 jours, le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé la hausse des droits d'inscription à l'université pour les étudiants étrangers non européens. Quelle est votre réaction en tant que représentant des parents d'élèves de l'enseignement français à l'étranger ?
François Normant : On considère qu'il y a d'une certaine façon une rupture du contrat moral qui avait été établi avec ces élèves des établissements français de l'étranger. Ces élèves ont fait un investissement, ils ont choisi la francophonie alors qu'il y a souvent d'autres alternatives dans d'autres pays. On fait partie d'une communauté, d'une culture. Alors quand on leur dit subitement qu'ils ne font plus partie de cette communauté, ils se sentent d'une certaine façon exclus.
Comment ont réagi les parents d'élèves à cette sélection par l'argent ?
Les parents sont inquiets, ils s'interrogent. Est-ce qu'ils seront capables de financer ces études ? Il faut réaliser que malgré une certaine image d'Epinal, les étrangers dans le système français ne sont pas nécessairement des nantis. On retrouve beaucoup de gens qui font partie d'une certaine classe moyenne intellectuelle, qui a décidé de faire un choix d'étude pour leur enfant. Ils y consacrent une partie non négligeable de leur budget. Ils doivent à la fois financer des droits d'inscription très élevés et
en même temps les coûts d'hébergement en France. Ils n'y arriveront plus et donc se retrouvent à s'interroger sur l'avenir.
Pourquoi est-ce si important pour ces étudiants étrangers de venir étudier en France ?
Ces étudiants étrangers ont fait le choix de la France. Ils ont choisi le système français alors qu'il y avait d'autres possibilités. Je pense en particulier à des étudiants issus d'Amérique latine ou de pays anglophones, d'Afrique et d'Asie. Ils avaient d'autres alternatives y compris un système scolaire local. Ils ont fait ce choix de l'enseignement en français pour son excellence. Et en toute logique, ils souhaitent continuer à pouvoir étudier en français, en faisant des études supérieures en France.
Quelles solutions préconisez-vous ?
La solution qu'on préconise est une solution que préconise déjà la Cour des comptes dans son rapport extrêmement intéressant sur les droits d'inscriptions à l'Université. En fait ce qu'on préconise, c'est que les élèves qui sont bacheliers du système français à l'étranger, donc qui ont étudié dans les lycées français du monde, qu'il ne soit fait aucune différenciation entre eux et des élèves européens qui continueront à payer les droits d'inscription actuels de quelques centaines d'euros. On demande un aménagement pour ces élèves pour qu'il n'y ait pas de discrimination entre eux et leurs camarades.