France 2012 : les “globe-trotters“ du gouvernement Ayrault

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France 2012 : les “globe-trotters“ du gouvernement Ayrault
La photo de famille officielle du nouveau gouvernement français. 34 ministres. 4 d'entre eux travailleront pour le “Quai“.
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De Bruxelles à Téhéran, d'Abidjan à Washington : ils ont désormais en charge la diplomatie française. Sous la houlette du président de la République dont les affaires étrangères reste un domaine réservé, Laurent Fabius et son équipe trouvent sur leurs bureaux de gros dossiers parfois très sensibles. Qui sont-ils ? Réponse dans notre dossier.

François Hollande

Président de la République

La diplomatie, un "domaine réservé" du président de la République. Outre la nomination des ambassadeurs français à l'étranger, c'est aussi lui qui ratifie les traités et représente le pays aux grands sommets internationaux. De nombreux dossiers brûlants attendent François Hollande en matière de politique étrangère . Le jour-même de son investiture, le 15 mai 2012, le nouveau président rencontrait la chancelière allemande Angela Merkel. Ce week-end, il s’envole pour les États-Unis et le sommet de Camp-David où aura lieu sa première entrevue avec le président américain Barack Obama. 

Laurent Fabius

Ministre des Affaires Ministre des Affaires étrangères

A 65 ans, il est l’un des rares "éléphants" du Parti socialiste à faire son entrée au gouvernement. Ancien énarque et diplômé de Science Politique Paris, il endosse trois fois la fonction de ministre sous François Mitterrand : délégué au Budget en 1981, à l’Industrie en 1983 et puis Premier ministre en 1984 à seulement 37 ans. Son passage à la tête du gouvernement est marqué par le dynamitage du Rainbow Warrior, le bateau de Greenpeace et surtout l’affaire du sang contaminé. La justice le reconnaîtra innocent en 1999. En 2000, il entre au gouvernement Jospin avec le portefeuille des Finances et s’occupe de l’introduction de l’euro. A deux reprises, il préside aussi l’Assemblée nationale. Laurent Fabius s’isole au sein du Parti socialiste en 2005 lorsqu’il s’engage pour le « non » au référendum sur la Constitution européenne. Il s’oppose alors violemment à François Hollande.

Bernard Cazeneuve

Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Affaires européennes

Ses dossiers de prédilection sont la défense et le nucléaire. Député PS de la Manche, son département abrite la centrale nucléaire de Flamanville. Il est un fervent partisan de l’EPR. En novembre 2011, il est choisi pour être l’un des porte-paroles de François Hollande pendant sa campagne. En 1998, il devient rapporteur de la mission parlementaire d’information sur la politique de la France au Rwanda entre 1990 et 1994.  Puis, il devient ensuite rapporteur de la mission d’information parlementaire sur l’attentat de Karachi de 2002 au Pakistan. Il relate son combat dans cette affaire dans un livre : Karachi, l’enquête impossible.

Pascal Canfin

Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé du Développement

Eurodéputé dans le groupe d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), il siège à la commission des Affaires économiques et monétaires. Cet ancien journaliste du magazine Alternatives économiques est devenu à 37 ans le conseiller économique d’Eva Joly dans la campagne. Il est l’auteur en 2012 de « Ce que les banques vous disent et pourquoi il ne faut jamais les croire ». Il est à l’initiative de l’ONG Finance Watch qui regroupe différentes organisations ayant pour but de proposer des contre-expertises du système financier mondial. 

Yamina Benguigui

Ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de l'étranger et de la Francophonie

Cette cinéaste engagée est la surprise du gouvernement Hollande. Réalisatrice, productrice et écrivain, elle consacre nombre de ses films à l’immigration, aux inégalités et aux violences faites aux femmes. A 57 ans, elle est adjointe au maire de Paris, chargée des Droits de l'Homme et de la lutte contre les discriminations. Engagée depuis 1990 au conseil d’administration de l'association France Libertés, elle est aussi membre de l’Observatoire de la diversité audiovisuelle au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). 

Jean-Yves Le Drian

Ministre de la Défense

Même s'il ne dépend pas du ministère des Affaires étrangères, son domaine de compétences touche aussi à la politique étrangère. Historien de formation et ancien professeur à l’université de Rennes, il est président du conseil général de Bretagne et vice-président de l'Association des régions de France (ARF). Pendant toute la campagne de François Hollande, il était déjà en charge des questions de défense. Son expérience gouvernementale remonte en 1991 quand il obtient le poste de secrétaire d'État à la Mer dans le gouvernement Cresson. En 2007, Nicolas Sarkozy lui propose déjà le portefeuille de ministre de la Défense.

De gros dossiers sur la table

De gros dossiers sur la table
Elle a été la grande oubliée de la campagne présidentielle. Pourtant les ministres en charge de la politique internationale ont du pain sur la planche. 
L'Europe tout d'abord. Un éternel chantier sérieusement ébranlé par la crise traversée par certains de ses pays-membres. Curiosité, le nouveau ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius et son ministre en charge des affaires européennes, Bernard Cazeneuve, ont tous deux  été en 2005 des adversaires virulents du traité européen. Comme tous ceux qui ont adopté cette position (et ils seront largement majoritaires dans les urnes), ils sont alors accusés d'être des anti-européens. Accusation à nouveau rejetée par Laurent Fabius ce jeudi 17 mai : "je suis profondément européen, mais on a besoin d'une Europe différente qui soit beaucoup plus tournée vers l'emploi".
S'expliquer sur le retrait d'Afghanistan
L'Europe, le nouveau ministre va l'abandonner le temps d'un voyage aux Etats-Unis. Laurent Fabius accompagne le Président de la République à Camp-David et Chicago pour le G8 puis le sommet de l'OTAN au cours duquel il sera notamment question de la présence de l'alliance Atlantique en Afghanistan. En campagne, François Hollande a promis que les soldats français auraient quitté le pays avant la fin de l'année 2012. Paris va devoir s'en expliquer, en particulier auprès des Américains qui veulent aussi en savoir un peu plus sur les projets des nouveaux dirigeants français à l'égard de l'OTAN. On notera la présence à Chicago du nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Lors de la campagne électorale, le député du Morbihan a fait plusieurs fois le voyage à Washington pour expliquer les ambitions du candidat socialiste aujourd'hui président.
France 2012 : les “globe-trotters“ du gouvernement Ayrault
Iran : pas de grand changement
Le serpent de mer du nucléaire iranien sera aussi sur la table du nouveau chef de la Diplomatie française.  Mais sur ce sujet, pas de bouleversement à prévoir dans la stratégie française. A l'occasion d'un récent voyage de l'ancien premier ministre Michel Rocard à Téhéran, et pour répondre aux critiques de l'opposition, l'Elysée a réitéré la position du nouveau Président : "L'Iran doit se conformer à ses obligations internationales et respecter les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies".
Finie la Françafrique ?
C'était une promesse du candidat Hollande. Comme ce fût une promesse du candidat Sarkozy… Le nouveau président mettra-t-il fin aux relations plus ou moins occultes que la France entretient avec ses anciennes colonies africaines depuis 50 ans ?  Un signal d'ores et déjà, la disparition du ministère de la coopération qui servait bien souvent de "vitrine légale" à ces relations secrètes. Il est remplacé par un ministère du développement confié à Pascal Canfin. Le député européen écologiste ne peut pas être soupçonné de "françafricanisme".