France : 30 ans après, le coeur des Restos bat toujours

Le premier Resto du cœur ouvrait ses portes le 21 décembre 1985. 30 ans plus tard,  l'association de Coluche, humoriste génial, continue de distribuer des millions de repas. Hélas ?
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Les Restos du coeur
L’association est forte de 2 000 centres en France et soutient aujourd’hui plus d’un million de personnes.
(AP Photo/Lionel Cironneau-photo du 26 novembre 2012)
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"Les Restaurants du Coeur" comptent 70 000 bénévoles. Ils étaient 4500 en 1985, année de la création de l'association ! Ils sont les forces vitales de ce formidable mouvement solidaire français. Olivier Berthe, Président, explique : "Si l’on valorise le travail des bénévoles ajouté aux diverses aides des particuliers ainsi que des entreprises, l’effet levier équivaut à 6 fois ce que devrait assumer l'Etat. Plus clairement : I euro dépensé par les Restos deviendrait 6 à dépenser par l'Etat s'il tentait de déployer le même volume d'action".

Des bénévoles qui croulent (hélas) sous le travail


C'est que, en 30 ans l'association de Coluche est devenue malgré elle l'un des baromètres de la précarité en France.
En 1985, les Restos du cœur offraient 8,5 millions de repas à 70 000 personnes dans le besoin. Aujourd'hui, pour les années 2014-2015, la charge de travail de ces bénévoles donnerait presque le tournis. Car il n'est plus seulement question de repas distribués : 
Tableau Restos du coeur
(capture d'écran)

La France, pays riche... en pauvres

La France a beau être est la 6 ème puissance économique mondiale 2,1 millions de personnes vivent avec au mieux 667 euros par mois pour une personne seule.
Quatre millions doivent se contenter de minima sociaux (plus de six millions si l’on comprend les conjoints et les enfants), un peu plus de 600 000 personnes n’ont pas de domicile personnel. Comble pour l’un des premiers producteurs agricoles mondiaux, pour manger, en 2013, près de quatre millions de personnes auraient eu recours à l’aide alimentaire !
" La situation française note L'Observatoire des inégalitésest vécue d’autant plus violemment que cette misère s’intègre dans une société où les niveaux de vie moyens sont très élevés et la protection sociale développée, où les conditions de logement se sont améliorées au cours des dernières décennies et où l’accès à la consommation s’est largement diffusé."
 

Coluche, homme de coeur

A l'origine des aventures de ces  Restos du Coeur, il y a un homme, un anar imprévisible, qui utilisait l'humour comme d'autres des grenades, et une radio, Europe 1.
Le 26 septembre 1985, en direct sur l'antenne,  l'humoriste iconoclaste balance : "Si, des fois, il y a des marques qui m'entendent, s'il y a des gens qui sont intéressés pour sponsoriser une cantine gratuite qu'on pourrait commencer à faire à Paris et puis qu'on étalerait après dans les grandes villes de France, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça, qui ferait un resto qui aurait comme ambition au départ de faire 2.000 ou 3.000 repas par jour gratuitement (...) Quand il y a des excédents de bouffe et qu'on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, nous on pourrait peut-être les récupérer. On essaiera un jour de faire une grande cantine, peut-être cet hiver, gratos. Je lance l'idée comme ça. S'il y en a qui nous écoute et que ça intéresse ils nous écrivent".
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En 1986, Lucien Lanternier, le maire communiste de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) est le premier à accueillir les Restos du coeur dans sa commune.

"Qu'est-ce que j'ai fait avec les Restos du coeur ? Eh bien, d'abord, il faut dire que j'ai utilisé les médias", avouait simplement Coluche. 
Il aura réussi à faire de la charité un grand spectacle.
Pour la bonne cause.
Contre toute attente, celui qui aura peut-être le mieux évoqué sa mémoire est Jacques Chaban Delmas, ex-ministre et maire de Bordeaux.
Apprenant la nouvelle de son décès, il déclara :
" J'avais été très impressionné par Coluche. Il m'avait raconté sa vie, les difficultés les plus extrêmes qu'il avait rencontrées avant de devenir le Coluche que nous connaissions tous et il n'avait rien oublié de sa misère et de la misère des autres. Cet homme-là ne pouvait pas supporter la misère. Il ne se faisait pas de publicité. Il apportait, lui, la publicité, et cela sauvait de la misère noire des gens. Et ça, c'était vraiment Coluche. C'était un homme bon que les malheurs n'avaient pas aigri mais éduqué. "

Le site Des Restos du Coeur (par exemple pour faire un don en ligne) : Les Restos du coeur