Fil d'Ariane
Arrivée d’Olaf Scholz à l’Elysée pour un « déjeuner de travail » avec Emmanuel Macron. À ce stade, pas de conférence de presse prévue à l’issue. @Europe1 pic.twitter.com/7gHHesYPDH
— Jacques Serais (@JacquesSerais) October 26, 2022
"Le couple franco-allemand diverge, il est donc paralysé", s'alarme l'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères français Dominique de Villepin.
"Nous ne pouvons pas nous permettre dans ce moment de l'histoire de ne pas avoir une Europe unie et forte. Ca commence par un dialogue franco-allemand fructueux", a-t-il averti vendredi sur la radio France Inter.
Les différends - notamment sur plusieurs projets industriels communs, de l'avion de combat au char du futur - se sont exacerbés depuis le début de l'offensive russe en Ukraine.
L'Allemagne, parmi les plus touchés en raison de sa dépendance au gaz russe, a entrepris "un changement de modèle dont il ne faut pas sous-estimer le caractère déstabilisateur", analyse Emmanuel Macron.
Le chancelier Scholz a annoncé un plan d'aide de 200 milliards aux particuliers et entreprises face à l'envolée des prix, notamment du gaz après les coupures de livraisons imposées par la Russie.
Ce plan, déroulé sans concertation avec ses partenaires européens, a provoqué une vive incompréhension et des craintes de distorsion de concurrence en Europe.
Après des décennies de sous-investissement, l'Allemagne a aussi opéré un virage à 180 degrés en matière de défense afin de faire de son armée "la force la mieux équipée d'Europe".
Là aussi sans forcément oeuvrer au renforcement de l'autonomie stratégique européenne prôné par Paris et encore moins à celui de la coopération militaro-industrielle franco-allemande.
Le gouvernement allemand avec son budget de plus de 100 milliards d'euros, veut prendre le leadership en Europe en matière de défense. Berlin promeut ainsi un projet de bouclier anti-missile européen, avec notamment une composante israélienne et américaine. Ce projet a déjà séduit 14 pays de l'OTAN. Il est concurent d'un autre projet de bouclier anti-missile, "le Mamba", porté par les industrie de défense française et italienne.
Les projets communs entre les industrie de défense allemande et française sont aujourd'hui au point mort. Le projet d'avion de combat du futur, le SCAF, est à l'arrêt.
Le français Dassault et la partie allemande d'Airbus n'ont pas encore trouvé d'accord sur la maitrise d'ouvrage, le partage des brevets notamment autour des commandes de vols. L'Allemagne et la France doivent également construire leur futur char de combat. Là aussi le programme n'a pas encore avancé.
Macron Merkel, ils échangeaient des SMS tous les jours, et là, je ne crois pas qu'ils (Macron et Scholz) se parlent tous les jours. Une source diplomatique française.
Pour nombre d'observateurs, cette panne est inhérente à toute relation où s'entremêlent ambitions européennes et intérêts nationaux, mais pas forcément rédhibitoire.
"La réalité, c'est que c'est un mariage de nécessité", souligne une source diplomatique française. "Ce n'est pas une crise fondamentale, c'est un bas de la relation", ajoute-t-elle.
"Macron Merkel, ils échangeaient des SMS tous les jours, et là, je ne crois pas qu'ils se parlent tous les jours", relève-t-elle encore.
Voir : Europe, la course à l'armement
Sur l'Europe, les deux dirigeants ont "pas mal de convergences", même si le chancelier a peu parlé de la France dans son discours de Prague sur l'Union européenne fin août, souligne-t-on à Paris.
Olaf Scholz s'est alors engagé à soutenir un élargissement de l'Union européenne vers l'Est et une UE à "30 ou 36 membres", une approche beaucoup plus volontariste que celle de la France.
Mais il a aussi plaidé, comme Paris, pour le passage à la majorité qualifiée sur un certain nombre de décisions européennes, de la politique étrangère à la fiscalité.
À Berlin, on préfère relativiser. "La France est notre allié le plus proche. Ces derniers jours, il y a eu beaucoup de spéculations, mais je pense que beaucoup de choses ont été inventées de toutes pièces", considère un porte-parole du gouvernement allemand.
À Bruxelles aussi, on veut y croire aussi. "J'ai confiance dans la détermination à la fois du président français et du chancelier allemand" à "travailler ensemble", assure le président du Conseil européen Charles Michel.