"La conscience de la gravité des temps m'accompagne", affirme Emmanuel Macron au début de son discours dans la salle des fêtes du palais de l'Elysée devant quelque 450 invités. Il a évoqué, comme juste avant lui le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius qui venait d'officialiser son investiture, la guerre en Ukraine, la pandémie de Covid-19 et l'urgence climatique.
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Le chef de l'État a insisté sur la nécessité d'
"agir sans relâche" pour la France et pour l'Europe, et de
"bâtir une nouvelle paix européenne et une nouvelle autonomie sur notre continent".
Une cérémonie sobre
L'investiture s'est caractérisée par sa sobriété, à l'image de celles des précédents présidents réélus, François Mitterrand et Jacques Chirac.
(RE)lire : Présidentielle 2022 : pourquoi y a-t-il une cérémonie d’investiture ?Dans l'assistance figuraient les prédécesseurs d'Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Sa famille, dont son épouse Brigitte et ses amis étaient également là. Les membres du gouvernement, ses Premiers ministres actuel, Jean Castex, et ancien, Edouard Philippe, ainsi que les principaux responsables des deux chambres du Parlement, des corps constitués et intermédiaires, des académies, des syndicats, des cultes étaient présents.
Le chef de l'État a salué les invités. Parmi ceux-là, des soignants, des élus locaux, des responsables associatifs, des sportifs, incarnant les priorités affichées du nouveau quinquennat, dont les JO de Paris en 2024. Il y avait également les parents de Samuel Paty, l'enseignant décapité en octobre 2020 par un djihadiste, ou la veuve du premier médecin décédé du Covid-19.
Un rituel "quasi monachique"
Emmanuel Macron est ensuite sorti dans le parc pour passer en revue les troupes au son de la Marseillaise mais aussi du morceau
"Terre et mer" du Bagad de Lann-Bihoué, déjà joué sous son mandat en hommage à des militaires tués en opération au Sahel.
Selon l'historien Jean Garrigues, auteur notamment de
Charles de Gaulle à la plage, cette cérémonie
"est un prolongement d'un rituel quasi monarchique, au fond c'est une sorte de sacre du monarque républicain".La présence de 160 militaires
"est liée au contexte de guerre en Ukraine mais aussi à la conception que se fait Emmanuel Macron de l'importance de l'armée française et au rôle du président de la République comme chef des armées", analyse-t-il.
Conformément à la tradition, 21 coups de canon ont été tirés depuis l'esplanade des Invalides.
Le président de la République a appelé à
"inventer une méthode nouvelle, loin des rites et chorégraphies usées" pour gouverner en
"planifiant, en réformant, en associant" davantage ses concitoyens.
Son prédécesseur socialiste François Hollande s'est félicité qu'il ait
"admis" la nécessité d'un changement dans son exercice du pouvoir.
"Les méthodes d'hier ne peuvent pas être reproduites pour la période de demain, non seulement parce qu'elle sera très difficile, mais parce que la France est très divisée", a-t-il déclaré aux journalistes.
Quel Premier ministre ?
Le nouveau quinquennat ne commence néanmoins officiellement que le 14 mai. La nomination du nouveau Premier ministre ne devrait intervenir qu'après, alors que les élections législatives se profilent un mois plus tard.
le choix du nouveau premier ministre, pour lequel le président aurait souhaité une femme, se révèle difficile. L'ex-directrice de cabinet du Premier ministre socialiste Manuel Valls, Véronique Bédague, actuellement directrice générale du groupe immobilier Nexity, aurait décliné l'offre, de même que la députée socialiste Valérie Rabault qui a indiqué avoir été approchée et avoir refusé pour ne pas avoir à porter le projet de retraite à 65 ans.
Les apparentes difficultés à trouver la personnalité idéale alimentent les supputations, bien que l'Elysée assure que
"le président n'a proposé le poste de Premier ministre à personne".
Vous ne pouvez pas créer en même temps un nouveau parti qui s'appelle Renaissance et prendre des chevaux de retour à la tête du gouvernement.
Jean Garrigues, historien
Pour Jean Garrigues le président Macron aura des difficultés à composer son gouvernement dans cette optique de renouveau. "
Vous ne pouvez pas créer en même temps un nouveau parti qui s'appelle Renaissance et prendre des chevaux de retour à la tête du gouvernement".Il cite notamment le
"paysage politique fracturé", auquel il est confronté, sans
"véritable culture de parti" au sein de sa formation, et
"la nature même de son positionnement politique, à la fois à droite et à gauche" est un autre écueil.
Emmanuel Macron est attendu le 9 mai, Journée de l'Europe, à Strasbourg où il prononcera un discours au Parlement européen, avant de se rendre à Berlin pour rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz, son premier déplacement à l'étranger depuis sa réélection.