Figure de la droite française, l'ancien ministre de la Culture et de la Défense François Léotard s'est éteint ce 25 avril à 81 ans. Emmanuel Macron salue "un esprit libre" et "d'engagement".
"François Léotard a servi l'État et porté une grande idée de la culture (...) Son Var natal, la France qu'il a défendue, la République qu'il aimait éprouvent aujourd'hui une grande perte", salue le chef de l'État sur Twitter.
Ancien patron de feu l'UDF de 1996 à 1998, François Léotard avait été ministre lors des deux cohabitations sous François Mitterrand : de la Culture (1986-88) dans le gouvernement de Jacques Chirac, puis de la Défense (1993-95) dans le gouvernement d'Edouard Balladur. Mais il a surtout été un élu dans le Var, et maire de Fréjus. Il s'est éteint à 81 ans.
Son successeur aux Armées Sébastien Lecornu a salué un
"homme de conviction et d'engagement, (...) profondément attaché à la souveraineté et à l'indépendance de la France".
Précoce et ombrageux, sportif et stressé, ce politique en qui beaucoup voyaient un présidentiable en puissance avait quitté la politique dans les années 2000.
Lors des élections régionales de 1998, François Léotard dénonce les présidents de région de son parti, élus grâce aux voies du Front national et démissionne de son poste de président de l’UDF, avant de se retirer définitivement de la vie politique.
"Il aurait pu être Président. Jeunes, nous y avons cru. Il était une expression talentueuse de l'esprit français" et
"la littérature guidait son âme pèlerine", a affirmé l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
Frappé de
"lassitude", affecté par le décès en 2001 de son frère, l'acteur et chanteur Philippe Léotard, l'ancien ministre expliquera ensuite qu'il
"ne supportait plus" le monde politique, son aspect
"prostitutionnel", fait de
"flatterie" et de
"mensonge", qu'il lui fallait retrouver
"son propre langage".
"Élégance"
"Il avait du style, de l'élégance, de l'éloquence, tous ces dons marqués en même temps d'une profonde mélancolie", a réagi François Bayrou. Un
"esprit libre" pour le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, en hommage à un politique auteur de plusieurs essais et romans.
Après la mort de son frère, dont il était très proche et qu'il a soutenu jusqu'à sa mort prématurée, il publie
"À mon frère qui n’est pas mort" (2003). Ses autres livres incluent
"Je vous hais tous avec douceur" (2000),
"La Couleur des femmes" (2002),
"À mots découverts" (1987), et
"La Vie mélancolique des méduses" (2005), un roman d’espionnage.
En 2007, François Léotard publie
"Le Silence", rapidement suivi de
"Ça va mal finir", un réquisitoire enflammé contre le président Nicolas Sarkozy.
Pas rancunier, l'ancien président a dit sa
"tristesse de voir partir trop tôt l'une des figures les plus brillantes de (sa) génération" et un homme
"authentique, engagé, entier" qui
"plaçait la France au-dessus de tout".
Des échecs électoraux et des ennuis judiciaires - condamnation en 2004 à dix mois de prison avec sursis pour blanchiment et financement illicite d'un parti - l'avaient aussi fragilisé.
En mars 2021, il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis et 100.000 euros d'amende pour
"complicité" d'abus de biens sociaux dans l'un des volets de l'affaire Karachi, portant sur la mise en place de rétrocommissions illégales destinées à financer la campagne présidentielle de 1995.
Ancrage dans le Sud
François Léotard est né en 1942 à Cannes dans une famille de sept enfants. Il s'engage en politique en partie pour laver l'honneur de son père : maire de Fréjus de 1959 à 1971, il avait été vivement critiqué à la suite de la rupture du barrage du Malpasset qui avait fait 423 morts en 1959.
À 22 ans, il entre au séminaire mais renonce au bout d'un an et part au Liban comme coopérant. À son retour, il intègre l'ENA, où il fonde la première section syndicale CFDT. Ayant rejoint la droite giscardienne, il est élu maire de Fréjus (1977-97) puis député UDF du Var.
Les réactions sont nombreuses dans le Sud.
Le président de LR Eric Ciotti a salué un
"grand homme d'État" et
"un élu de terrain engagé pour sa ville de Fréjus dont il avait été maire" pendant 20 ans.
Le président de la région Sud Renaud Muselier a de son côté rendu hommage à
"un homme d'État et de territoires" qui fut aussi
"quatre fois député du Var".
"Formidable défenseur de la droite libérale, nous partagions ce combat contre les extrêmes", a assuré le maire Horizons de Nice Christian Estrosi, tandis que la députée LR des Alpes-maritimes Michèle Tabarot rendait hommage à
"un homme cultivé" et
"profondément attaché à notre souveraineté".
Côté RN le vice-président du parti et maire de Fréjus David Rachline a dit son "émotion" et la députée du Var Julie Lechanteux salué "un homme profondément attaché à son territoire".
La disparition de ce catholique convaincu, opposant à la guerre d'Algérie, a aussi été saluée à gauche par l'ancien ministre communiste Jean-Claude Gayssot qui a dit son
"émotion" dans un communiqué.
"Il aimait la France et la servir", a affirmé le sénateur PS du Val d'Oise Rachid Temal.