France : gouvernement déterminé et front syndical divisé sur les retraites

Interrogé par nos confrères de France 2, Edouard Philippe l'affirme : son gouvernement ira "au bout" de sa démarche. Le Premier ministre en appelle à la "responsabilité" des grévistes alors que le front syndical est de plus en plus divisé.
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France retraites
Manifestation contre le projet de loi du gouvernement français sur les retraites, à Paris, le samedi 11 janvier. ©AP Photo/Francois Mori
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"Nous allons aller au bout et, au fond, tout ceux qui incitent (les grévistes) à poursuivre la grève les envoient peut-être dans une impasse (...), je pense qu'ils devraient prendre leurs responsabilités", déclare Edaourd Philippe ce dimanche soir, au lendemain du "compromis" proposé aux partenaires sociaux de retirer l'âge pivot de 64 ans.

Le projet du gouvernement, visant à mettre en place un régime de retraite unique par points, divise depuis le début les syndicats. Ceux dits "contestataires", CGT et FO en tête, s'opposent à la réforme dans son ensemble, estimant qu'elle fera baisser les pensions, et sont à la pointe du mouvement ininterrompu de grèves et de manifestations, arrivé dimanche à son 39e jour consécutif. 

Ceux dits "réformistes", CFDT, CFTC et Unsa, sont favorables à la retraite par points. Mais leur ferme opposition à la mesure purement budgétaire, d'un âge pivot à 64 ans en 2027 assorti d'un malus pour ceux qui partiraient plus tôt, a pu faire croire pendant un moment à un front syndical uni.
 

Divisions


La main tendue du Premier ministre, qui a proposé samedi de retirer à court terme cet âge pivot à condition de trouver des sources alternatives de financement pour équilibrer le régime, a mis en évidence le fossé entre les deux camps.

"Nous sommes passés d'une logique d'affrontement à une logique de dialogue", a souligné au Journal du dimanche le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, saluant une "victoire" de son syndicat "mais aussi de l'Unsa et de la CFTC". Laurent Escure (Unsa) s'est réjoui de pouvoir discuter désormais "sereinement" avec le gouvernement, et Cyril Chabanier (CFTC) de pouvoir entrer "dans le processus de dialogue".

Une salve de réactions qui a irrité Yves Veyrier (FO), plus que jamais opposé à la réforme. "Je ne suis pas complotiste, mais il y a des moments où je pourrais presque le devenir", a-t-il dit sur France Info, soulignant que "beaucoup de communication était prête" dès samedi après-midi "pour saluer le compromis", et qualifiant les syndicats réformistes d'"acteurs de second rôle" dans la mobilisation.

Allant plus loin, Laurent Brun, de la CGT Cheminots, a dénoncé sur BFMTV "une opération de promotion mutuelle entre le gouvernement et la CFDT pour mettre en scène une pseudo-concession qui en réalité n'en est pas une". "Pour le gouvernement, on a l'impression qu'il y a un syndicat unique, alors qu'il y en a huit", a renchéri le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, sur BFMTV. "Les organisations qui sont mobilisées (...) ne changent pas d'avis" sur la réforme, "et c'est elles qui organisent la bataille depuis le début du conflit", a martelé M. Brun.
 

Nouvel appel à la grève


Dans un communiqué publié samedi, la CGT estime que "le gouvernement vient de confirmer aux organisations syndicales le maintien de son projet de loi en l'état", dans le courrier du Premier ministre, et se déclare "plus que jamais déterminée à obtenir le retrait du texte". Pour le syndicat, fer de lance du mouvement de grève entamé le 5 décembre, "le débat sur l'âge pivot n'est que de l'enfumage dans le but d'obtenir l'adhésion de certains syndicats". 

Avec FO, la FSU, Solidaires, la CFE-CGC et trois organisations de jeunesse, ils appellent à une nouvelle journée interprofessionnelle de grèves et de manifestations, la 6e depuis le début du mouvement le 5 décembre.

L'intersyndicale opposée à la réforme des retraites invite dans un communiqué à "organiser des actions de grève, de convergences interprofessionnelles sur tout le territoire, en rejoignant massivement par la grève le mouvement le 14 janvier". Et elle appelle à "poursuivre les actions et la mobilisation le 15 et à faire du 16 une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle massive de grèves et de manifestations".