14,3 %. C'est le taux de pauvreté de la population totale en France. L'Institut national de la statistique (Insee) publie son rapport annuel sur les "Revenus et le patrimoine des ménages". Avec des chiffres qui font mal : 40 % des personnes les plus modestes ont vu leur niveau de vie diminuer alors qu'à l'inverse, 40 % des plus riches ont vu le leur augmenter.
Campagne du Secours catholique dans le métro parisien.
( AFP PHOTO/JACQUES DEMARTHON)
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La progression des inégalités
Il ne s'agit que d'une photographie. Mais elle est terrible. Datée de 2011, elle montre la situation des revenus et le patrimoine des ménages en France. Que serait ce bilan aujourd'hui avec l'envolée du chômage ! Nul doute qu'il serait plus noir encore : en mai 2014, toutes catégories confondues, la France métropolitaine comptait 5 695 700 demandeurs d'emploi (+0,6% sur un mois et +5,2% sur un an). Que nous apprennent les chiffres de l'Insee ? Que les pauvres sont plus pauvres qu'avant, les riches plus riches et que la pauvreté touche non seulement les chômeurs mais aussi les salariés, ce qui est nouveau. L’Insee ne s'embarrasse pas de métaphore pour résumer son étude sur la situation sociale française : " Compte tenu de ces évolutions différenciées le long de l’échelle des niveaux de vie, la plupart des indicateurs montrent une progression des inégalités et atteignent leur plus haut niveau enregistré depuis 1996." De l'autre côté, la croissance des très hauts revenus s'explique par le rebond en 2011 des revenus du patrimoine, qui avaient subi une forte baisse. L'Institut constate : " Le redressement des très hauts revenus enregistré en 2010 se poursuit en 2011 (…) Ainsi, sur la période 2004-2011 couverte par ces données, la crise qui débute en 2008 n’a interrompu que momentanément le dynamisme des très hauts revenus (...) Au niveau macroéconomique, 2011 est une année de rebond des revenus financiers, après deux années de recul : la rémunération des produits de placements se redresse très fortement (+ 18,4 % en 2011 contre – 23,5 % en 2010), en lien avec la remontée des taux d’intérêt, les dividendes perçus par les ménages sont également très dynamiques avec une progression de + 10,3 % (contre – 1,7 % en 2010). Les revenus d’assurance-vie diminuent en revanche de 4,3 %. Or le patrimoine des ménages est très concentré au sein de la population. Les derniers résultats de l’enquête Patrimoine 2010 montraient que, fin 2009, près de 20 % du patrimoine net était détenu par le pourcent de ménages les plus fortunés. " Et plusieurs économistes de voir dans ce bilan la traduction par les chiffres des mesures prises alors par le président Sarkozy en faveur des plus fortunés : allègement de l’impôt sur la Fortune (ISF) et des droits de succession, mise en place du bouclier fiscal etc.
La pauvreté des salariés
Mais au fait, à partir de quel revenu devient-on "pauvre" en France ? Une personne est dite "pauvre" lorsque son niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vue médian de l'ensemble de la population, soit 978 euros par mois en 2011.
Les régions les plus pauvres sont le Nord-Pas-de-Calais, le Languedoc-Roussillon et la Corse. C'est là où la différence de niveau de vie avec les plus riches est aussi plus importante. A l’inverse, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres est très faible dans les régions Pays de Loire et Bretagne.
En 2004 et 2005, 42% des personnes pauvres arrivait à se sortir de leur condition. Entre 2009 et 2010, ils ne sont plus que 35 %. Plus longtemps dure cet état de pauvreté, plus il est difficile d'en voir la fin, toutes catégorie socioprofessionnelle confondue. Sans surprise, cadres et professions intermédiaires ont plus de chance de s'extirper de la pauvreté que les ouvriers et les inactifs. Les évènements familiaux (décès, séparation ou divorces) peuvent aussi influencer l'entrée de la précarité dans la vie d'une personne.
Enfin, le phénomène des travailleurs pauvres est également observé en Italie et en Espagne. Et c'est en Grèce où la pauvreté a le plus progressé entre 2012 et 2013. En 2013, elle touchait 23,7 % de la population contre 11,8 % en 2012.
Taux de pauvreté et nombre de personnes pauvres en 2011 en France