Le Cardinal Barbarin et ses cinq coprévenus comparaissent jusqu'à mercredi pour ne pas avoir dénoncé à la justice des abus sexuels commis par le prêtre Bernard Preynat sur de jeunes scouts de la région lyonnaise entre 1986 et 1991.
"Je n'ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles", a assuré l'archevêque de Lyon de 68 ans, dans une déclaration lue devant les juges du tribunal correctionnel.
"Je ne vois pas de quoi je suis coupable", a-t-il ajouté, affirmant même avoir "agi" en demandant à une victime du père Bernard Preynat de trouver d'autres victimes, non prescrites, afin de lancer une procédure judiciaire. "La preuve: il en a trouvé !", a-t-il souligné.
Faute morale, responsabilité pénale...
Au tribunal correctionnel de Lyon, le vacarme médiatique tranche avec le silence du Cardinal Barbarin. Mais cette justice des hommes la reconnaît-il, lui, qui a répété plusieurs fois n'avoir qu'un seul juge : ce Dieu à qui il a consacré sa vie.
Distinguer la faute morale de l'homme d'église, des errements du responsable du diocèse de Lyon, c'est la ligne défense des avocats de Philippe Barbarin.
"Ici c'est un pré-débat de l'Eglise que Lyon amène devant un tribunal comme si le tribunal correctionnel en France pouvait trancher sur les débats élevés de l'Eglise", observe Maître André Soulier, avocat du cardinal Barbarin.
"Je pense qu'il y a une différence entre des erreurs et des fautes de nature pénale, explique Maître Jean-Felix Luciani, également avocat du cardinal Barbarin. Des erreurs qu'il y en ait eu de commises bien entendu, par lui ou par d'autres, ce n'est pas pour autant que sur un plan individuel sa responsabilité pénale est engagée."
Le passé pédophile du prêtre Preynat
Pourtant c'est bien Philippe Barbarin en poste depuis 2002 qui a fermé les yeux sur le passé pédophile du père Bernard Preynat sans le dénoncer à la justice alors qu'il était au courant des agressions sexuelles commises dans les années 70 et 80 sur des jeunes scouts.
L'archevêque de Lyon a laissé l'ancien aumônier au contact d'enfants jusqu'en août 2015.
"Il existe un contexte culturel et structurel qui permet de commettre des abus et qui permet de les dissimuler, assure François Devaux, porte-parole de l'association des victimes alléguées du père Bernard Preynat. Il y a une dimension structurelle, une absence totale de contre-pouvoirs; les évêques et les archevêques ne sont responsables que devant le pape."
Au Vatican, le Pape François saura-t-il inverser le culte du secret ? Qualifiant ce lundi 7 décembre 2018 la pédophile d'"un des crimes les plus vils et les plus néfastes possibles", il a convoqué pour la fin février un sommet très attendu sur "la protection des mineurs."