France : le Premier ministre Barnier commence à appeler ses futurs ministres

Fumée blanche imminente pour la formation tant attendue du gouvernement ? Michel Barnier a commencé dans l'après-midi du 21 septembre à appeler ses futurs ministres dans l'optique de présenter rapidement son gouvernement, où la participation du MoDem est dorénavant actée.
 

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Le président de la République Emmanuel Macron et l'alors négociateur européen pour le Brexit Michel Barnier le 31 janvier 2020 à l'Élysée.

Le président de la République Emmanuel Macron et l'alors négociateur européen pour le Brexit Michel Barnier le 31 janvier 2020 à l'Élysée.

© Ludovic Marin/Pool Photo via AP
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Dans la soirée du 20 septembnre, le Premier ministre a présenté une liste de noms "finalisée" à Emmanuel Macron avant de s'entretenir avec lui. Restait ensuite à passer l'étape de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui doit vérifier qu'aucun ministre pressenti ne se trouve en délicatesse avec le fisc ou ne présente de conflit d'intérêts, soulignait-on dans l'entourage du Premier ministre.

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Le 19, une liste de 38 ministres, dont 16 de plein exercice, avait déjà été transmise au président de la République. Mais certaines personnalités, très à droite (comme Bruno Retailleau à l'Intérieur ou, à la Famille, la sénatrice LR Laurence Garnier) avaient suscité des inquiétudes au sein du camp présidentiel, notamment au MoDem. Après des hésitations, le parti centriste a finalement acté sa participation. "Par sens du devoir", a indiqué Marc Fesneau dans un message aux députés MoDem que l'AFP a pu consulter. "Personne ne comprendrait que nous ne disposions pas, plus de deux mois et demi après des élections législatives, d'un gouvernement opérationnel", a-t-il écrit. "Nous n'avons pas eu à ce stade les réponses attendues sur le devenir du projet de loi sur la fin de vie et moins encore sur la proportionnelle et la nécessité de repenser nos institutions", note-t-il cependant. Le groupe MoDem reste réservé. "Nous ne nous sentons pas liés au Parlement et on décidera de notre position texte par texte", relève Perrine Goulet, députée dans la Nièvre.

Les noms ont circulé tous azimuts ces derniers jours.

Appel à "l'intérêt collectif"

À l'Éducation, le plus gros ministère, l'élue macroniste du Nord Violette Spillebout aurait été écartée. La députée Renaissance des Français de l'étranger, Anne Genetet, plutôt connue à l'Assemblée pour ses travaux sur la défense et la diplomatie, a été approchée pour le poste, désigné par le chef de l'État en 2023 comme un "domaine réservé".

Face aux hésitations de certains au sein du camp présidentiel à rallier la future équipe Barnier, Emmanuel Macron, au nom de "l'intérêt collectif", avait exhorté le 20 septembre ses alliés à "aider" le Premier ministre à former son gouvernement.

Certaines voix au sein même de Renaissance ne semblent toujours pas convaincues. "On n'est pas là pour faire Fillon II. Quand on vient de la gauche, on n'a rien à faire dans un gouvernement comme celui-là", regrette dans Le Parisien l'ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, ex-socialiste qui a rejoint la macronie. "Aucune ambiguïté" n'a été levée sur la politique qui sera menée par Michel Barnier, déplore un autre membre de l'ex-majorité. "Aucune. Sur l'immigration, les impôts, la bioéthique..."

"Illégitimité"

La gauche, arrivée en tête des législatives et qui espérait faire nommer sa candidate Lucie Castets à Matignon, s'indigne de l'arrivée de certaines personnalités très marquées à droite.
Plusieurs milliers de militants et sympathisants de gauche ont manifesté samedi après-midi à Paris contre le tandem Macron-Barnier, à l'appel des associations, des organisations étudiantes, environnementales et féministes.

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"Nous n'avons pas voté pour le gouvernement de la Manif pour Tous", a taclé la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot, en référence à la potentielle présence dans l'équipe Barnier de responsables de droite qui s'étaient opposés au mariage homosexuel, comme Bruno Retailleau ou Catherine Vautrin. Le patron des sénateurs LR "a utilisé les mots de l'extrême droite en parlant de 'Français de papier' et de 'régression ethnique' dans les quartiers populaires", a-t-elle martelé.

"syndicat des perdants"

Depuis Marseille, où il manifestait, Jean-Luc Mélenchon a qualifié le futur gouvernement de "syndicat de perdants, avec des personnages plus ou moins là pour un décor, un faux-semblant, et d'autres qui seront les vrais patrons, comme monsieur Retailleau, président du groupe majoritaire au Sénat".
"C'est un gouvernement illégitime. Si la droite avait gagné, la droite aurait gouverné, ce n'est pas la première fois que ça arrive. La caractéristique (de cette équipe) ce n'est pas son orientation, c'est son illégitimité", a accusé le leader de La France insoumise.