France : le récit d'une journée sanglante

Image
Acte 2. L'attente et l'inquiétude
Les forces spéciales avant l'assaut à Dammartin-en-Goële (capture écran)
Partager6 minutes de lecture
Ce vendredi 9 janvier restera comme une journée particulièrement tragique en France. Une double prise d'otages a fait sept morts et quatre blessés dans un état très grave. Parmi les tués, les deux preneurs d'otages de Dammartin, Chérif et Saïd Kouachi, et le preneur d'otages de la porte de Vincennes, Amedy Coulibaly. Retour sur les évènements dramatiques de la journée.

Retour sur les faits

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
09.01.2015Par la rédaction web de TV5Monde

Acte 1 Dammartin-en-Goële

Tôt ce vendredi matin, confirmant une information déjà donnée par plusieurs journalistes, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve déclare qu'une opération de police est "en cours" à Dammartin-en-Goële, dans le nord-est de Paris.
  "Le GIGN (…) se rend sur place et les opérations seront conduites dans les heures, les minutes qui viennent",  dans le cadre d'un dispositif  "piloté par le directeur général de la gendarmerie et de la police nationale". Serait-ce l'épilogue de la traque des frères Kouachi, soupçonnés d'avoir perpétré l'attentat à Charlie Hebdo ? On apprend qu'une prise d'otages est en cours dans les locaux d'une petite entreprise de BTP. Deux hommes pouvant correspondre au signalement des frères Kouachi retiendraient une ou plusieurs personnes sur ce site, situé dans une zone industrielle. 
A 10H07 sont diffusés les portraits de Chérif et Saïd Kouachi, les suspects de l'attentat contre Charlie Hebdo. Le journal Libération affirme que les deux frères étaient interdits de séjour aux Etats-Unis et figuraient sur la liste noire américaine du terrorisme. Dans un même temps, François Hollande se rend à pied au ministère de l'Intérieur pour "faire le point sur les opérations en cours".

Acte 2. L'attente et l'inquiétude

Selon un député de Seine-et-Marne, présent au poste de commandement, les deux frères évoquent leur "intention de mourir en martyrs". Plusieurs sources affirment qu'ils auraient un otage avec eux, le directeur de l'établissement. 
Près du lieu de la prise d'otages, Edith Marcat, directrice d'ERC Roissy Formation, un centre de formation à la conduite et à la logistique est contactée par L'Express. Elle indique qu'une centaine de salariés et stagiaires sont confinés dans son établissement depuis le début de la prise d'otage toute proche. "Nous n'avons eu aucune consigne de sécurité des autorités mais avons pris l'initiative de fermer les volets et fermer les issues". "On attend les instructions des autorités." La directrice raconte avoir vu "des hélicoptères et des snipers" des forces de l'ordre dans la rue. Les portables ne passent plus. 
Des hélicoptères militaires larguent des forces spéciales dans les champs autour de Dammartin-en-Goële. L'assaut se préparerait-il ?  En attendant, les forces de l'ordre cherchent à établir un dialogue avec les deux jihadistes. 
A Paris, une confirmation tombe : la fusillade de Montrouge est bien liée à l'attentat de Charlie Hebdo.

Acte 3. Vincennes

Acte 3. Vincennes
Très vite, les forces de l'ordre, RAID et GIGN ceinturent le petit supermarché où a lieu la prise d'otages (capture d'écran)
Midi vient de passer. Les chaînes d'information et les radios sont en "Direct" et suivent minute après minute le fil des évènements. La France retient son souffle. Mais, contre toute attente, la surprise ne vient pas de Dammartin-en-Goële mais de la Porte de Vincennes, à Paris. 
Une fusillade vient d'éclater. On annonce rapidement une prise d'otages dans une épicerie casher par un homme armé. L'individu serait l'auteur présumé de la fusillade de Montrouge de jeudi - au cours de laquelle une policière a trouvé la mort. 
Dans l'épicerie "Hypercacher" située près de la porte de Vincennes, dans le XXe, un homme aurait été blessé par balle. Une employée d'un magasin situé à 200 mètres des lieux décrit "une véritable scène de guerre", avec "des policiers partout" et "des voitures dans tous les sens". Les élèves sont confinés dans les établissements scolaires alentours et la circulation vient d'être interdite par les forces de l'ordre cours de Vincennes. 
Dans ce temps, à Dammartin-en-Goële, les enfants de l'école Henry Dunant sont sont évacués trois par trois, escortés par les gendarmes. Désormais, l'ouverture de ce deuxième front fait craindre une action synchronisée. 
Rapidement, l'annonce de l'évacuation de la place du Trocadéro à Paris, à proximité de la Tour Eiffel, n'arrange rien. Mais cela révèle être une fausse alerte. 
Selon une source proche du dossier citée par l'AFP, on apprend alors que l'homme qui a pris en otages des clients de la supérette casher est Amedy Coulibaly, 32 ans. Selon Le Figaro, il s'agit d'un délinquant multirécidiviste né à Juvisy-sur-Orge. Il avait rencontré Chérif Kouachi en détention. Les deux hommes avaient été impliqués en 2010 dans l'enquête sur une tentative d'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du groupe islamique armé algérien (GIA). Israël exprime son inquiétude devant "l'offensive terroriste". Il est presque 17h. La nuit tombe doucement.

Portrait d'Amedy Coulibaly

09.01.2015Récit de nos confrères de France 2
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Acte 4. Le dénouement

Acte 4. Le dénouement
Les otages de la porte de Vincennes sont libérés par les forces de l'ordre ©AFP
Des détonations et des tirs sont entendus sur le site de l'imprimerie à Dammartin. Les équipes du GIGN mènent l'assaut. De la fumée s'échappe du bâtiment. Notre confrère Gregory Fontana est sur place. Il nous raconte que l'assaut est "très spectaculaire". Même à une certaine distance des lieux, il pouvait entendre des détonations, des explosions, un tir en rafale, puis un dernier tir sec, celui d'un sniper selon une précision apportée par un gendarme sur place. 
Les deux frères Chérif et Saïd Kouachi soupçonnés d'avoir tué douze personnes dans la rédaction de Charlie Hebdo ont été tués lors de l'assaut mené par le GIGN dans les locaux d'une imprimerieIls sont sortis de l'imprimerie en tirant sur les forces de l'ordre. Un membre du GIGN a été blessé. L'otage retenu dans les locaux a été libéré indemne. 
A cet instant, porte de Vincennes, l'assaut est également donné. Il est 17h17. Le preneur d'otages Amedy Coulibaly a été tué au cours de l'assaut mené par la police sur la supérette casher de la porte de Vincennes. Quatre autres personnes sont mortes. De nombreux otages ont été libérés, saufs, dont un enfant. Quatre blessés graves sont également pris en charge par les secours". 
Après cet assaut, aucune information ne circule concernant la compagne d'Amedy Coulibaly. A-t-elle participé à cette prise d'otage ? Si oui, aurait-elle profiter de la sortie des otages pour s'échapper ?
Il est 18h passé de quelques minutes. On apprend que François Hollande va s'exprimer à 20h, heure de Paris. 

Acte 5. Le final

Acte 5. Le final
“Ces fanatiques n'ont rien à voir avec la religion musulmane“
(capture écran)
François Hollande, solennel, déclare : "J'exprime toute ma solidarité aux familles, aux victimes, aux blessés. La France a fait face car quand elle surmonte une épreuve, c'est une tragédie pour la nation, et une obligation pour nous d'y faire face". "Les assassins ont été mis en état de nuire grâce à deux interventions. Je veux saluer le courage, la bravoure, l'efficacité des gendarmes, des policiers. Je veux leur dire que nous sommes fiers, car quand l'ordre a été donné, ils ont porté l'assaut dans le même mouvement, pour sauver des vies humaines, neutraliser les terroristes". 
"Ces fanatiques n'ont rien à voir avec la religion musulmane", a-t-il assuré. 
Il précise qu'il sera au grand rassemblement de dimanche. J'appelle tous les Français et les Françaises à se lever dimanche pour porter ces valeurs de démocratie, de pluralisme, auxquelles nous sommes tous attachés. Dans cette épreuve, nous sortirons encore plus fort".
  Il ne sera pas seul. La chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron, ou encore le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, ont confirmé leur participation à la marche, ainsi que Donald Tusk, le président du Conseil européen.