Fil d'Ariane
Les résultats de la dernière étude publiée par Santé publique France, sur les infections sexuellement transmissibles (IST) ont de quoi inquiéter. Selon l’agence nationale de santé publique, le nombre de cas d'IST, qui se transmettent lors de rapports sexuels non protégés, est en très forte hausse. Notamment les infections à chlamydia et à gonocoque, fréquentes et très contagieuses, qui ont été multipliées par trois entre 2012 et 2016. Les plus touchés ? Les jeunes de 15-24 ans (voir encadré ci-dessous).
"Nous sommes face à un échec complet de nos campagnes de prévention", estime ce 22 juillet sur la radio France Inter, Jean-Marc Bohbot, médecin infectiologue andrologue, directeur médical à l’Institut Fournier à Paris : "On a beaucoup ciblé sur la prévention vis-à-vis du sida, ce qui est tout à fait justifié car c'est une infection grave". Mais les IST peuvent, elles aussi, entraîner de graves complications. Non traitée, la chlamydiose, qui frappe majoritairement les jeunes femmes de plus de 15 ans, peut être la cause de stérilité, d'une grossesse extra-utérine ou encore d'endométriose. Et "trois femmes par jour meurent du cancer de l'utérus à cause du papillomavirus", précise Jean-Marc Bohbot.
Comment expliquer une telle hausse ? "Une partie de l'augmentation est liée à un meilleur dépistage", indique le docteur Bohbot, grâce à plus de centres dédiés sur le territoire et des tests plus efficaces. Même s'il reste encore du travail : selon l’enquête de la mutuelle Smerep sur la santé des étudiants fin juin, 41 % des étudiants et 62 % des lycéens ne se font jamais dépister lors d’un changement de partenaire.
La première raison de l'augmentation des cas d'infection restent les comportements à risque et notamment le recours "non systématique" au préservatif, souligne Florence Lot, responsable de l'unité VIH/sida, hépatites B et C, IST à Santé publique France. D'après la même étude de la Smerep, 48 % des étudiants et 20 % des lycéens déclarent ne pas en utiliser à chaque rapport sexuel.
Une utilisation de manière très épisodique "et pas pour tous les rapports sexuels", regrette Jean-Marc Bohbot. Exemple : la fellation est un acte sexuel pour lequel l'usage du préservatif est très souvent omis, "alors qu'elle représente, pour toutes les IST, un risque identique aux autres pénétrations".
Inciter à utiliser ce moyen de protection, c'est d'ailleurs l'objectif de la campagne web de Santé publique France - "Un préservatif ça peut te sauver la vie. Gardes-en toujours sur toi" - lancée jusqu'au 17 août et qui renvoie vers le site onSexprime.fr dédié à la sexualité des jeunes :