France-municipales : gifle à gauche, barre à droite

La gauche s'attendait à une sanction. Elle l'a eu. Pour ce deuxième tour des élections municipales, elle n'a pu contenir l'essor de l'UMP et de ses alliés centristes, de même que la percée du Front national, qui s'impose dans plusieurs villes, dont Béziers. Il s'agissait du premier test électoral national à mi-mandat pour François Hollande. Il est cinglant :  la gauche perd 151 villes de plus de 10000 habitants. L'abstention établit un record historique à 36,3 %.
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France-municipales : gifle à gauche, barre à droite
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La vague bleue (article actualisé le 31 mars à 15h) Le président de l'UMP, Jean-François Copé affichait une modestie souriante. Pas de triomphalisme aigu mais une évidente satisfaction. Quelques minutes après l'annonce des résultats, il déclarait sur TF1 :  "Il s'agit sans doute de la première grande victoire électorale à une élection locale de l'UMP depuis sa création" en 2002. Il s'agit vraiment des conditions d'une vague bleue. C'est une très grande sanction pour la gauche". On ne saurait mieux dire. Selon des chiffres qui restent encore à affiner, les instituts de sondage ont cerné la défaite de la gauche : les listes de droite s'imposent avec 49% des voix au niveau national, contre 42% à la gauche et 9% au FN. Une vague bleue, certes, mais pas "bleu Marine" comme beaucoup le prédisait. Après Hénin-Beaumont au premier tour, le FN prend le contrôle de Fréjus (Var), de Hayange (Moselle), de Villers-Cotterêts (Aisne), Cogolin (Var) et de Béziers (Hérault) où triomphe Robert Ménard, créateur de Reporters Sans Frontières, et qui se voit élu grâce au soutien des voix frontistes. Le Front National échoue à Forbach et Perpignan. Pas de quoi décourager la cheffe du parti frontiste : "Nous passons clairement à une nouvelle étape", a déclaré Marine Le Pen sur France 2. "Le Front national bouscule aujourd'hui le duo traditionnel UMP-PS: il faut désormais compter avec une troisième grande force politique dans notre pays" a-t-elle  assuré. Najat Vallaud-Belkacem,la porte-parole du gouvernement, ne pouvait faire que dans la sobriété. Sur TF1, elle déclarait : "Nous entendons, nous entendrons le message des électeurs. Il nous faut renouer le dialogue sur un certain nombre de points de notre politique". Au même moment, sur France 2, Ségolène Royal tançait, l'air de rien, les responsables politiques de sa majorité : "C'est un avertissement sévère. Les Français n'ont pas vu les résultats des efforts qu'on leur a demandés. Il faut renforcer les bonnes choses, annuler les mauvaises choses, et surtout expliquer [la politique du gouvernement] pour que les Français puissent participer à l'effort collectif".

Le deuxième tour des municipales

par François Xavier Freland
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Les villes qui basculent "C'est une défaite, on ne va pas barguigner", glissait un proche de François Hollande. C'est "une cata!", renchérissait un député, tandis que pour le sociologue du CNRS Jean Viard interrogé par l'AFP, c'était "une vraie sanction". Illustrant l'ampleur du revers, des bastions historiques socialistes comme Saint-Étienne, Limoges (aux mains de la gauche depuis 1912), La Roche-sur-Yon (depuis 37 ans à gauche), Chambéry (depuis 25 ans à gauche) ont basculé à droite. La droite reprend à la gauche six grandes villes, dont Toulouse, Saint-Etienne et Reims, et des villes moyennes telles Pau, Quimper ou Tourcoing. A Paris, comme l'écrit le journal "Libération", Anne Hidalgo "sauve l'honneur". La candidate socialiste avec plus de 54 % des voix l'emporte face à Nathalie Kosciusko-Morizet (45,5 %), conservant au PS la ville conquise par Bertrand Delanoë en 2001. Autre satisfaction pour le PS : Lille. Vers 21h, Martine Aubry annonçait avoir recueilli 52,06% des voix à Lille, devant le candidat UMP-UDI. Grenoble, de son côté, créait la surprise : contre toute attente, les écolos arrachent la ville au PS dans une quadrangulaire avec 40,8 % des voix ! Marseille, sur laquelle les socialistes avaient fondé beaucoup d'espoirs, reste entre les mains de Jean-Claude Gaudin (UMP). Ce qui ne fait pas débat, c'est le niveau d'abstention jamais atteint pour un second tour des municipales sous la Ve République, avec un taux final de 36,3 % !
Et maintenant ? François Hollande devrait s'adresser aux Français la semaine prochaine. Ce lundi 31 mars, il recevra le ministre de l'intérieur, Manuel Valls avant de déjeuner avec Jean Marc Ayrault, le Premier ministre. Celui-ci déclarait après l'annonce des mauvais résultats pour sa majorité que "la responsabilité de la gauche était collective" et qu'il y prenait "toute sa part". Il précisait : "Je pense que nous n'avons pas assez expliqué que l'action de redressement engagée depuis 2012 était essentielle pour notre pays", ajoutant "que la situation de nos finances publiques, de nos entreprises, et notamment de notre industrie, était particulièrement dégradée et exigeait beaucoup d'efforts sous peine de voir la politique de la France dictée par les marchés financiers". Rien n'a encore filtré sur l'ampleur du remaniement ministériel qui se prépare ni sur la date envisagée. Selon des sources proches de son entourage, François Hollande pourrait surprendre en agissant rapidement.