Fil d'Ariane
La RATP et la SNCF ont annoncé un trafic fortement perturbé : le syndicat FO-RATP, premier chez les conducteurs de métro, a appelé, après l'activation du 49.3, à faire de jeudi "une journée noire" dans les transports. A la SNCF, seule la moitié des TGV Inoui et Ouigo et le tiers des TER roulent.
A Quimper, des manifestants ont bloqué les accès à la gare et occupé les voies depuis l'aube. Les dépôts de bus sont bloqués par des manifestants à Rennes, Saint-Brieuc et Evreux.
L'approvisionnement en kérosène de l'Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie "devient critique" en raison des grèves dans les raffineries, selon le ministère de la Transition énergétique qui est prêt à faire réquisitionner des grévistes.
Compte tenu de cette situation, le gouvernement a "pris un arrêté de réquisition" à l'égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie, mise à l'arrêt le week-end dernier et où les expéditions de carburants sont bloquées.
A la mi-journée mercredi, le président Emmanuel Macron n'avait pas dévié de son cap, réaffirmant que la réforme était "nécessaire", égratignant au passage les syndicats, et particulièrement la CFDT, accusés de ne pas avoir su "propose(r) un compromis".
"Cibler la CFDT, c'est idiot. Je n'ai jamais renoué le dialogue en mettant une gifle à quelqu'un", a répondu Laurent Berger, dirigeant de la CFDT, jeudi sur BFMTV et RMC.
Les propos du chef de l'Etat ont "sans doute renforcé la détermination pour les manifestations aujourd'hui, que j'espère nombreuses, pacifiques et responsables".
Alors que depuis une semaine, les manifestations sont quotidiennes à travers le pays, et parfois émaillées de tensions, le chef de l'Etat a dit ne pouvoir accepter "ni les factieux ni les factions" et risqué une comparaison avec les événements du Capitole lors de l'élection de Joe Biden aux Etats-Unis.
En France, c'était sa première prise de parole publique sur le sujet des retraites.
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) March 22, 2023
Dans une longue interview ce midi, le président @EmmanuelMacron a maintenu que la réforme suivrait son cours malgré l'hostilité de la rue et des oppositions. pic.twitter.com/jKQrwrUP58
Les syndicats ont dénoncé à l'unisson le "mépris" et le "déni" du chef de l'Etat, attendu jeudi en début d'après-midi à Bruxelles pour un conseil européen.
Sans avancer de chiffre de manifestants, les responsables syndicaux appellent de nouveau à une mobilisation "massive".
La police prévoit "entre 600 et 800.000 personnes sur environ 320 actions", dont 40 à 70.000 à Paris, où le cortège s'élancera à 14H00 de la place de la Bastille, en direction de la place de l'Opéra. Environ 500 gilets jaunes et 500 éléments radicaux sont attendus à Paris, et "en province plus d'une dizaine de villes verront des démonstrations de l'ultra gauche", selon la police.
À re(voir) : la France se déchire sur la réforme des retraites
Entre 40 et 50% de grévistes sont attendus dans les écoles maternelles et élémentaires, selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Les grévistes pourraient aussi être nombreux parmi les raffineurs, les électriciens et les gaziers, en pointe dans la contestation.
Des dizaines de lycées et d'universités étaient bloqués en France : à Paris, l'université d'Assas, bloquée pour la première fois, le prestigieux lycée Louis-le-Grand, ainsi que Racine, Rodin, Jules Ferry... Même chose pour plusieurs établissements à Marseille, Toulouse et Rennes, entre autres.
La mobilisation de jeudi sera-t-elle un baroud d'honneur, ou un bouquet final avant que la contestation ne s'éteigne ? Selon une source proche du gouvernement, l'exécutif espère que la mobilisation "s'étiole" après la manifestation de jeudi, et que tout rentre dans l'ordre "ce week-end".
Mais l'intersyndicale ne désarme pas : elle se retrouvera jeudi soir au siège de la CFDT à Paris.