France : nouvelle journée de manifestation contre la réforme des retraites, les syndicats veulent frapper fort

Les syndicats espèrent mobiliser très fortement, samedi 11 février, à l'occasion de la quatrième journée d'action contre la réforme des retraites. Et aussi se faire entendre enfin de l'exécutif, occupé à faire avancer la réforme au Parlement.
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Manif
Des manifestants participent à une marche de protestation contre le projet de recul de l'âge de la retraite en France, à Strasbourg, le 31 janvier 2023.
Jean Francois Badias (AP)
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C'est "un rendez-vous extrêmement important", a déclaré, vendredi 10 février,  le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, appelant "tout le monde à aller dans les manifestations."

C'est la première fois depuis le début du mouvement que les syndicats organisent des manifestations un samedi. "L'occasion pour un certain nombre de salariés qui ne pourraient pas se mobiliser en semaine de le faire", souligné Marie Buisson, secrétaire générale de la CGT éducation. Car "trois journées de grève, c'est trois journées de salaire en moins." "Dépasser le million de manifestants, ça serait un beau succès", a estimé M. Berger.
 

De source policière, on s'attend à une participation comprise entre 600.000 et 800.000 personnes, dont 90.000 à 120.000 à Paris, où le défilé ira de République à Nation. Dix mille membres des forces de l'ordre seront mobilisés partout en France, dont 4.500 à Paris. Sans appel à la grève, les réseaux RATP et SNCF devraient fonctionner normalement. 

Appel à cinquième acte

Les trois premières journées d'action ont réuni entre 757.000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l'intersyndicale). Ce, sans infléchir l'exécutif, qui tient bon sur la mesure-phare de la réforme, le recul de l'âge légal de départ à 64 ans.

"Je ne suis pas là pour avoir des états d'âme", a confié la Première ministre, Élisabeth Borne, au journal Le Parisien. Depuis Bruxelles, où il participait à un sommet européen, le président de la République, Emmanuel Macron a semblé regarder ailleurs, jeudi 9 janvier. "Je souhaite d'abord que le travail puisse se poursuivre au Parlement", "c'est ainsi que la démocratie doit fonctionner", a-t-il dit, avant d'inviter les syndicats à organiser la contestation "dans le calme" et sans "bloquer la vie du reste du pays".

L'intersyndicale a confirmé dans un communiqué son appel à un cinquième acte le 16 février, demandant à l'exécutif de "retirer son projet de loi" et aux parlementaires de "rejeter massivement ce texte".

(Re)voir : France : quelle est la pertinence de la réforme des retraites ?
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"Désespérance sociale"

"On a les mobilisations les plus fortes depuis le début des années 1990 (...) et on a le sentiment y compris parfois dans les interviews (...) des membres du gouvernement que tout ça n'existe pas", s'est offusqué M. Berger, critiquant une forme de "mépris".

Le risque, soulignent les syndicats réformistes, est celui d'une radicalisation de la base, et aussi d'une forme de "désespérance sociale" qui se traduise par un vote d'extrême droite dans les urnes.

"Quand des millions de personnes sont dans la rue et qu'on entend les petites phrases (...) du président de la République, forcément on se dit qu'il va falloir réfléchir à faire autre chose", a affirmé, vendredi 10 février, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

Si le gouvernement ne tient pas compte des demandes des Français sur les retraites, "on aura à l'issue de cette réforme un divorce encore plus prononcé, encore plus inquiétant, entre les Français et ceux qui nous gouvernent", a averti samedi, sur France Inter, le président Les Républicains (LR) de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

A gauche, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a assuré dans un tweet que la ville serait toujours "solidaire du mouvement social". La députée La France Insoumise (LFI), Raquel Garrido, espérant sur RMC une "mobilisation historique", a "salué la décision de l'intersyndicale de faire une mobilisation un samedi".

"Mettre la France à l’arrêt"

De nouvelles journées d'action sont prévues le 16 février, pour la deuxième semaine d'examen du projet gouvernemental au Parlement, et le 7 mars, alors que le texte sera arrivé au Sénat. Solidaires envisage de "porter la grève reconductible à partir du mercredi 8 mars". La CGT-Cheminots appelle d'ores et déjà à la grève reconductible à partir du 7 mars.

Dans la matinée de samedi, les huit principaux syndicats français se sont, en outre, dits prêts à "mettre la France à l'arrêt dans tous les secteurs le 7 mars" si le gouvernement et le Parlement "restent sourds" à leurs revendications. Les syndicats présenteront leur plan de bataille lors d'une conférence de presse samedi.

(Re)voir : La grève est-elle un moyen de pression efficace ?
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L'article 7, qui porte la mesure d'âge, pourra-t-il faire l'objet d'un vote ? Rien n'est moins sûr. Les députés de la Nupes ont déposé des milliers d'amendements, débattus dans une ambiance tumultueuse. Celle-ci  est encore montée d'un cran vendredi avec l'exclusion pour 15 jours du député insoumis, Thomas Portes. Il lui est reproché un tweet polémique, le montrant le pied posé sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail, Olivier Dussopt.