Fil d'Ariane
Le conflit armé en Ukraine s'enlise. Mais la campagne présidentielle française, elle, doit continuer. L’actualité met de fait sur le devant de la scène les propositions des différents candidats en matière de Défense.
Modernisation des armées, sortie d’accords militaires, reconstruire une industrie nationale… Chacun a une idée bien précise de la manière dont il veut renforcer les armées françaises.
Qu’est-ce que la loi de programmation militaire ?
« Je m’engage à donner à nos forces armées tous les moyens nécessaires pour assurer notre protection », affirme la candidate Les Républicains Valérie Pécresse dans son programme. Pour cela, elle s’engage à un budget de « 108 milliards de plus" sur 8 ans.
Présidente de la République, j'investirai plus de 100 milliards d'euros dans la défense d'ici 2030.
— Valérie Pécresse (@vpecresse) March 3, 2022
Un effort sans précédent pour porter le budget de la défense bien au-delà des 2% du PIB. #Pecresse2022 pic.twitter.com/tytM8AqRoV
Cela porterait la part du PIB allouée à la Défense à 3% d’ici 2030, pour qu'il atteigne 35 milliards d'euros. Elle souhaite aussi qu’un deuxième porte-avions voit le jour d’ici 2038.
Le programme de Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National, en matière de défense, s’articule autour de l’idée du réarmement de la France. Pour cela, elle propose notamment un « plein financement du modèle d’armée 2030 avec une LPM garantissant un effort annuel moyen de 55 milliards d’euros. » Elle envisage aussi de financer la recherche dans la technologie d’armement à hauteur d’1,5 milliard d’euros par an.
La candidate du Rassemblement national souhaite également que la France exerce une « diplomatie de défense réellement souveraine », en se retirant de l’OTAN et en renégociant des accords avec différents pays.
À quoi sert l’OTAN ?
Eric Zemmour, candidat pour le parti Reconquête souhaite aussi moderniser l’armée. Pour cela, il prévoit d’augmenter « annuellement le budget de La Défense jusqu’à 70 milliards d’euros en 2030 », s’il est élu. En terme d’équipements, il veut que la France soit dotée « à terme » de vingt frégates, deux porte-avion, 300 avions de chasse et huit sous-marins nucléaires d'attaque contre six actuellement.
Le candidat d'extrême droite souhaite construire tous ces appareils dans les industries françaises. Enfin, en cas d’élection, les soldes des militaires et des réservistes seront revalorisés de 20%.
Comment sont organisées les forces françaises
Les forces militaires françaises sont organisées en quatre parties :
Selon le dernier décompte du ministère des Armées, l'armée française, tous métiers confondus, est composée de 296 055 personnes, dont 55% font partie de l'armée de terre.
En termes d'équipement matériel, la marine nationale compte 21 grands bâtiments de surface, aussi appelés frégates et un porte avion.
L'armée de l'air et de l'espace dispose de 211 avions de combat, ou Rafale.
Pour ce qui est des équipements de dissuasion nucléaire, la France possède quatre sous-marins nucléaire lançeur d'engin, dont deux sont actuellement à la mer.
Comme Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, candidat du parti Debout la France, propose de sortir de l’OTAN pour « renouer avec une politique d’indépendance nationale » en matière de défense. Il souhaite faire évoluer le budget dédié à La Défense à 2,5% du PIB.
S’il est élu, Nicolas Dupont-Aignan veut recruter 40 000 soldats sur la durée du quinquennat, mais aussi créer un « service national civique obligatoire de trois mois », qui sera mis en place sur la base du volontariat.
Candidat pour le parti Résistons, Jean Lassalle est aussi un partisan du retrait de la France de l’OTAN. Il souhaite aussi que les traités de défense passés avec les pays précédemment colonisés par la France soient revus.
Jean Lassalle propose également d’allouer un quart du budget consacré aux armées à la cyberdéfense et il veut « rebâtir » l’industrie nationale de défense.
Le président sortant Emmanuel Macron, candidat à sa réélection pour le parti La République en Marche souhaite poursuivre « l’objectif de 2% de notre PIB en dépenses militaires. » Il envisage aussi de moderniser les armées en faisant l’acquisition de nouveaux équipements, dont des sous-marins nucléaires d’attaque et des véhicules blindés polyvalents.
Emmanuel Macron souhaite également doubler le nombre de réservistes d’ici 2027 et investir dans la recherche pour la modernisation des armes.
Les grands programmes d’armement européens remis en cause
Candidat pour La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon souhaite mettre en place un « nouveau Livre Blanc sur la Défense nationale » afin de déterminer les objectifs en matière de défense. Ce Livre Blanc devra notamment « tenir compte des transformations de la conflictualité tout en veillant à ne porter aucune atteinte aux libertés et aux principes de la vie démocratique. »
Le livre blanc sur la défense nationale, c'est quoi ?
Jean-Luc Mélenchon considère également l’OTAN comme désuète. C’est pour cela qu’il propose également d’en sortir, mais aussi de rompre « avec le choix d’alignement sur les États-Unis » lié au concept « d’indo-pacifique » afin que la France puisse défendre ses intérêts dans l’océan pacifique indépendamment.
Candidate pour le Parti Socialiste, Anne Hidalgo souhaite réaffirmer le rôle de la France comme puissance maritime. Elle envisage de revoir à la hausse la loi de programmation militaire 2019-2025 « afin de mieux prendre en compte les nouvelles menaces, notamment en matière spatiale et de cybersécurité. »
La candidate socialiste souhaite que chacun puisse exprimer son avis sur la poursuite (ou non) des opérations militaires. Si elle est élue, celles-ci seront « soumises régulièrement au vote du Parlement, au-delà du vote après quatre mois d’intervention aujourd’hui prévu par la Constitution. »
Pour Europe Écologie les Verts, Yannick Jadot prône une approche plus éthique de la Défense. Elle passe par l’élaboration d’un nouveau Livre Blanc de la Défense afin d’adapter la stratégie de défense aux enjeux liés au réchauffement climatique. Il souhaite notamment « réduire la dépendance des armées aux énergies fossiles. »
Le candidat écologiste envisage aussi en cas d’élection d’harmoniser la stratégie de défense à l’échelle de l’Europe. Pour cela, il affirme qu’il soutiendra « la constitution d’une force européenne commune de déploiement de 5 000 hommes », assortie d’une harmonisation des équipements des armées européennes.
Que proposent Nathalie Arthaud et Philippe Poutou ?
Le candidat du Parti Communiste Français Fabien Roussel est lui aussi favorable au retrait de la France de l’OTAN. Il souhaite que l’alliance soit dissoute, au profit d’un traité de coopération et de sécurité collective.
S’il est élu, il veut aller vers « un processus de dénucléarisation total et multilatéral », en signant le Traité d’interdiction des armes nucléaires voté par l’Assemblée générale des Nations Unies. Enfin, il souhaite que l’armée française se retire totalement du Sahel.