Fil d'Ariane
Ce remaniement acte le départ des trois ministres et secrétaires d'État battues lors des élections législatives. Christophe Béchu, secrétaire général d'Horizons, est nommé ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il remplace Amélie de Montchalin, déchue lors des élections législatives dans la 6e circonscription de l'Essonne. Sandrine Rousseau, députée écologiste de la 9e circonscription de Paris critique sa nomination. Le directeur général de Greenpeace Jean-François Julliard affirme ne pas avoir "souvenir d'un engagement particulier de Christophe Béchu sur l'écologie."
Je n'ai pas souvenir d'un engagement particulier de @ChristopheBechu sur l'écologie On jugera sur les actes.
— J-F Julliard (@jfjulliard) July 4, 2022
Il est quand même le 6e ministre en charge de l'écologie en 5 ans. C'est bien trop pour un ministère qui a besoin de constance et d'une forte détermination https://t.co/vDIK22FTLB
François Braun remplace Brigitte Bourguignon au ministère de la Santé. Urgentiste au CHR de Metz-Thionville, il est aussi président de Samu-Urgences de France. Au mois de janvier, il est devenu référent santé du programme d'Emmanuel Macron, pour préparer sa réélection. Justine Bénin, éphémère secrétaire d'État chargée de la Mer est remplacée par Hervé Berville, député des Côtes d'Armor originaire du Rwanda.
Le remaniement acte aussi le retour de certaines figures connues de la Macronie. Outre Olivier Véran, Sarah el Hairy fait aussi son retour au gouvernement. Elle récupère le poste qu'elle occupait lors du premier quinquennat d'Emmanuel MAcron : le secrétariat d'État à la Jeunesse et au Service national universel.
Par ailleurs, de nouveaux venus font aussi leur arrivée. C'est le cas de l'ancien préfet Jean-François Carenco. Il est nommé ministre des Outre-mer en remplacement de Yaël Braun-Pivet, élue depuis présidente de l'Assemblée nationale. Il était jusqu'ici président de la Commission de régulation de l'Énergie. Auparavant, il a été notamment préfet de Saint-Pierre et Miquelon (1996-1997) et de Guadeloupe (1999-2002). Par ailleurs, la structure de ce ministère est légèrement modifiée, puisqu'il est englobé avec le ministère de l'Intérieur. Jean-François Carenco est donc ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, chargé des Outre-mer, Gérald Darmanin. L'élargissement du porte-feuille du ministre de l'Intérieur est vivement critiqués par de nombreux élus à gauche. Interrogé à ce sujet sur la télévision française France Info, le député Insoumis de Polynésie française Moetai Brotherson craint que cela ne soit un mauvais présage. "Il faut croire que les Outre-mer sont un trouble public à l'ordre républicain." Mathilde Panot quant à elle dénonce le message envoyé aux territoires d'Outre-mer à travers cette promotion.
#Darmanin : celui qui a envoyé le RAID et le GIGN lorsque les guadeloupéens demandaient plus de justice sociale est aujourd’hui en charge des Outre-mer. Cynisme et mépris de la macronie. #Remaniement
— Mathilde Panot (@MathildePanot) July 4, 2022
Parmi les nouveaux entrants au gouvernement, il y a aussi Sonia Backès, présidente de l'Assemblée de la province sud de Nouvelle-Calédonie et figure des Loyalistes et de la droite anti-indépendance sur le Caillou. Elle devient secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur et des Outre-mer.
Laurence Boone, ancienne conseillère économique de François Hollande fera ses débuts au sein du gouvernement en tant que secrétaire d'État chargée de l'Europe. La députée de l'Hérault Patricia Mirallès, 54 ans, fait son entrée au gouvernement en tant que secrétaire d'État auprès du ministre des Armées chargée des Anciens combattants et de la mémoire. Issue d'une famille de rapatriés d'Algérie, elle fut notamment à partir de fin 2021 rapporteure du projet de loi demandant "pardon" et prévoyant des réparations pour les harkis, ces Algériens qui ont combattu aux côtés de l'armée française, et leurs familles. Au total, 19 nouveaux ministres, ministres délégués et secrétaires d'État feront leurs premiers pas à l'Élysée cet après-midi.
Avec ce remaniement 19 nouveaux portefeuilles ministériels voient le jour. Au sein du ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Roland Lescure devient ministre délégué chargée de l'Industrie. Le député de la première circonscription des Français de l'étranger était auparavant candidat à la présidence de l'Assemblée nationale. Il a perdu la primaire interne au parti présidentiel face à Yaël Braun-Pivet, à 85 voix contre 105. Dans le même ministère, Jean-Noël Barrot, député MoDem des Yvelines, devient ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications.
Extrêmement honoré de la confiance de @EmmanuelMacron et @Elisabeth_Borne Je suis déterminé, auprès de @BrunoLeMaire à contribuer à faire réussir nos entreprises industrielles, et les millions de Françaises et Français qui y travaillent, pour renforcer notre souveraineté! 1/2
— Roland Lescure (@RolandLescure) July 4, 2022
Marlène Schiappa, fidèle d'Emmanuel Macron depuis son premier mandat fait son retour au gouvernement. Celle qui fut d'abord secrétaire d'État à l'Égalité hommes-femmes puis ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, devient secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative. Franck Riester, ministre de la Culture lors du premeir quinquennat de Macron revient au gouvernement, en tant que ministre délégué chargé des Relations avec le parlement. Clément Beaune devient ministre délégué chargé des Transports, après avoir été ministre délégué chargé de l'Europe. Le portefeuille des transports avait disparu disparu lors du premier nouveau gouvernement Borne.
Un portefeuille touchant au commerce extérieur, à l'attractivité et aux Français de l'étranger voit le jour au sein du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. C'est Olivier Becht, député de la 5e circonscription du Haut-Rhin et président du groupe Agir Ensemble à l'Assemblée nationale, qui en aura la charge. De plus, un ancien membre du Parti communiste et du Parti socialiste fait aussi son entrée au gouvernement. IL s'agit d'Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois. Il devient ministre délégué au Logement et à la Ville.
Enfin, le ministère de la Santé et de la Prévention se voit doté d'une secrétaire d'État chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé. Il s'agit d'Agnès Firmin Le Bodo, députée Horizons de Seine-Maritime. Le détail de la composition du nouveau gouvernement est disponible sur le site de l'Élysée.
Le remaniement est accueilli par un tir de barrage du côté de la France insoumise (LFI), tandis que le parti d'extrême-droite le Rassemblement National (RN) accuse Emmanuel Macron d'ignorer "une nouvelle fois" le résultat des législatives. Avant même l'annonce officielle du nouveau casting gouvernemental, de nombreux cadres de LFI ont décoché des flèches acérées sur Twitter, comparant l'exécutif à un "Titanic"dans lequel "peu de volontaires"avaient voulu embarquer, selon l'expression du député Manuel Bompard.
Changement de fonction, retour des ministres du quinquennat précédent pourtant évincés il y’a un mois : il y’a manifestement peu de volontaires pour grimper à bord du Titanic.#Remaniement #Macron
— Manuel Bompard (@mbompard) July 4, 2022
A droite et à l'extrême droite, un certain attentisme domine même si le ton reste très critique. "Ceux qui ont échoué sont tous reconduits, constate la chef de file des députés RN Marine Le Pen sur son compte Twitter. Le Président de la République ignore ainsi une nouvelle fois le verdict des urnes et la volonté des Français d’une autre politique." Du côté des Républicains, discrets avant l'annonce elle-même, le député Pierre-Henri Dumont juge que "c'est un gouvernement qui ressemble plus à une fin de règne quà un début de quinquennat".