Fil d'Ariane
Qui pour se hisser au perchoir? Les nouveaux députés se réunissent pour la première fois ce 18 juillet afin d'élire le président de l'Assemblée nationale. Un vote à l'issue incertaine dans un hémicycle profondément fragmenté et où pourrait se dessiner une ébauche de coalition gouvernementale.
Le vote pour élire le président de l'Assemblée nationale ce 17 juillet 2024. Capture d'écran vidéo.
À partir de 15H00 (13H00 TU), à bulletins secrets, trois tours seront sans doute nécessaires pour départager les candidats, tant les inconnues sont nombreuses dans cette Assemblée fracturée en trois blocs - Nouveau Front populaire, camp présidentiel et Rassemblement national - et où la droite et les indépendants du groupe Liot pourraient jouer les arbitres.
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Six candidats sont en lice. Au sein de la macronie, la présidente sortante Yaël Braun-Pivet, adoubée par son groupe et soutenue par le MoDem, est contestée par la députée Horizons Naïma Moutchou.
Le communiste André Chassaigne portera les couleurs de la gauche et le centriste Charles de Courson celles du groupe Liot. Tous deux promettent de se maintenir jusqu'au troisième tour.
Egalement en lice, le RN Sébastien Chenu, qui pourrait se retirer dès le deuxième tour, au profit de Yaël Braun-Pivet.
La Droite républicaine, nouveau nom du groupe LR, a finalement opté pour Philippe Juvin plutôt qu'Annie Genevard, signe probable d'une entente avec la macronie, alors que le député avait noué un accord avec Gabriel Attal dans les Hauts-de-Seine pour les législatives.
En échange de son soutien à Yaël Braun-Pivet, la droite souhaiterait une place à la questure, la présidence de la commission des Finances et une vice-présidence, selon des sources concordantes.
Avec le soutien de la droite, le camp macroniste pourrait doubler la gauche dans la course au perchoir. "Un coup de force antidémocratique", s'est indignée la présidente des députés insoumis Mathilde Panot. "Une forme de hold-up", pour le patron du PS Olivier Faure.
Un "statu quo" avec Yaël Braun-Pivet serait "irresponsable", dénonce la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain. Les macronistes ont "perdu les élections", et il y a "une volonté de rupture et de changement politique" chez les électeurs, insiste-t-elle auprès de l'AFP.
À quelques heures du scrutin, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées place de la République à Paris à l'appel notamment de la CGT, "pour mettre l'Assemblée nationale sous surveillance" et demander le "respect" du résultat des élections.
Mais selon une source macroniste, le Nouveau Front populaire fait face à un "tout sauf la gauche", le camp présidentiel, la droite et le RN n'étant pas prêts à lui concéder une victoire qui serait le signe de son éventuelle capacité à gouverner.
Car au-delà de la présidence de l'Assemblée, c'est l'ensemble du paysage politique qui peine à se décanter dix jours après les législatives. Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête, mais sans majorité claire, et s'est montré jusqu'ici incapable de proposer un candidat commun pour Matignon, sur fond de désaccord entre insoumis et socialistes.
Ce 17 juillet, Olivier Faure a appelé les troupes du NFP à organiser un vote entre deux personnalités : Huguette Bello, présidente de La Réunion à laquelle s'oppose le PS, et Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris sur le climat qui n'a pas les faveurs de LFI.
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Le camp présidentiel est lui à la manoeuvre pour tenter de composer une majorité alternative au moins avec la droite, pendant que le Rassemblement national dénonce un "bourbier" parlementaire et assure qu'il finira bien par arriver au pouvoir.
Le coup d'envoi de la 17e législature va-t-il permettre d'y voir plus clair? Après le perchoir le 17 juillet, les postes stratégiques de l'Assemblée seront en jeu le 18 - vice-présidents, questeurs... puis les présidences de commission le 19, dont celle de la très convoitée commission des Finances, attribuée à un groupe d'opposition.
Ces derniers jours, le Nouveau Front Populaire est revenu à la charge pour appeler à priver le Rassemblement national de toutes ces fonctions clés. Le groupe de Marine Le Pen, qui disposait jusqu'ici de deux vice-présidences, crie déjà au déni de démocratie.
Si le groupe présidé par Gabriel Attal affirme ne vouloir voter ni pour un candidat du RN, ni pour un LFI, le MoDem et Horizons sont favorables à une répartition des postes proportionnelle au poids de chaque groupe.
Avant ces votes, cette première séance va s'ouvrir par une intervention du doyen d'âge, le RN José Gonzalez (81 ans), qui avait créé une polémique il y a deux ans avec ses propos sur l'Algérie française.
Les députés siègeront par ordre alphabétique et non par couleur politique, en attendant la constitution officielle de chaque groupe. Marine Le Pen se retrouvera ainsi à côté de l'Insoumis Antoine Léaument, robespierriste revendiqué.