France : relaxe du père Riffard qui accueillait des migrants

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France : relaxe du père Riffard qui accueillait des migrants
Le tweet de Pictanews au moment de la première audience du père Riffard.
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Poursuivi par la justice pour avoir hébergé des demandeurs d’asile dans son église, le père Riffard, curé de Saint-Etienne, a été relaxé ce mercredi 10 septembre. Une décision accueillie avec soulagement par les soutiens du prêtre, mais pour laquelle le parquet devrait faire appel.
Relaxé. C’est la décision rendue ce mercredi 10 septembre par le tribunal de police stéphanois concernant le père Riffard. Ce prêtre de 70 ans était accusé d’avoir enfreint un arrêté municipal en accueillant, depuis plus de dix ans, des demandeurs d’asile dans son église du quartier Montreynaud à Saint-Etienne (France). Une action menée au travers de l’association Anticyclone, créée il y a 13 ans, soutenue par le diocèse de Saint-Etienne et présidée par le père Riffard. Ce dernier accueille, accompagne des migrants venus en famille, ou des mineurs isolés qui n’ont pas de toit. Ils sont hébergés dans les locaux de l’église stéphanoise Sainte-Claire. Une démarche philanthrope sanctionnée par un arrêté municipal de février 2013 qui ordonnait l’arrêt de l’hébergement dans ce bâtiment paroissial alors que le délit de solidarité à un étranger a été abrogé en 2012. Quel motif la municipalité stéphanoise trouve-t-elle alors ? Ce lieu d’accueil paroissial ne respecterait pas toutes les normes de sécurité d’accueil du public. Après la convocation, en 2013, des membres du conseil d’administration de l’association Anticyclone au commissariat de police, le père Riffard reçoit sa convocation au tribunal de police en avril 2014. Le 11 juin dernier, le procureur de Saint-Etienne a requis, dans une première audience, une amende de 12 000 euros contre l’ecclésiastique. Ce dernier reçoit notamment le soutien de l’évêque stéphanois Dominique Lebrun.
Soulagement C’est finalement avec un grand soulagement que le prêtre a accueilli ce mercredi matin la décision de justice qui a soulevé les applaudissements des soutiens du prêtre présents au tribunal. Pour cette relaxe, le juge Henry Helfre s’est appuyé sur le Code de l’action sociale et des familles ainsi que sur un arrêt du Conseil d’Etat de février 2012 qui « érige le droit de l'hébergement d'urgence en liberté fondamentale. »  Le juge a aussi cité une directive européenne de janvier 2013 qui permet d’ « assouplir les normes de sécurité » des Etats membres concernant ce type d’accueil. Le magistrat a ajouté, rappelant l'Etat à ses obligations, que « si la puissance publique n’a pas les moyens de satisfaire la demande d’hébergement d’un sans-abri, elle doit déléguer ce devoir à toute autre personne morale ou physique en capacité de l’accueillir. » Ce que le père Riffard considère être une exigence : « On fait un travail de suppléance. On l’a fait d’abord parce que des gens frappaient à la porte et, que dans la mesure où l’on pouvait accueillir et les aider, je crois qu’on avait le devoir de le faire », raconte-t-il ce mercredi 10 septembre au micro de France Bleu Saint-Etienne Loire.
France : relaxe du père Riffard qui accueillait des migrants
Eglise Sainte-Claire à Saint-Etienne ©google street view
Accueil de migrants Un accueil que le prêtre Gérard Riffard n’a cessé d’offrir, dans sa paroisse, aux migrants  venant principalement de République démocratique du Congo : « Je n’ai pas arrêté depuis le premier procès, parce qu’il y a toujours des gens qui arrivent (...). On continue notre travail d’accueil pour que les gens ne soient pas à la rue », raconte-t-il à la radio France Bleu Saint-Etienne Loire, peu de temps après l’annonce de sa relaxe. Le prêtre a confié à l’AFP accueillir actuellement « 50 adultes et 14 enfants scolarisés, certains restent 15 jours, d’autres y sont depuis un an et demi ». Il poursuit son action en attendant que le procureur de la République de Saint-Etienne fasse appel de sa relaxe. « Il va falloir continuer à se défendre », témoigne le prêtre sur l’antenne de la radio, heureux d’avoir gagné cette première manche avec les honneurs.