France : sale temps pour le secteur aéronautique

C'est une des conséquences directes de la crise du coronavirus : les entreprises de l'aéronautique en Europe et ailleurs annoncent des milliers de suppressions de postes. En France, qui ne fait pas figure d'exception, près de 13 000 emplois pourraient disparaître chez Airbus et Air France. Des annonces qui suscitent peurs et interrogations parmi les salariés et la classe politique hexagonale.
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Airbus A380
L'emblématique A380 d'Airbus, disparu en pleine crise du Covid-19, après 11 ans de bons et loyaux services chez Air France qui a jugé son exploitation trop coûteuse.
©AP Photo/Francois Mori
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5 000 suppressions de postes annoncées chez Airbus, 7 585 chez Air France selon les syndicats : en ce début d'été les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le secteur aéronautique en France.

En cause ? La crise du coronavirus. Les secteurs des transports et du tourisme ont été parmi les premiers à souffrir des mesures de confinement et le ralentissement de l'activité économique. Chez Air France et Airbus les conséquences ont été catastrophiques. Les deux entreprises européennes ont donc prévu des coupes drastiques.
 
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Chiffre "excessif"

15 000 postes pour le géant de l'aéronautique dont les deux tiers rien qu'en Allemagne (5 100) et en France (5 000) où sont situés les principaux sites de production.  15 000 personnes cela correspondant à 11% des effectifs d'Airbus.

Les suppressions de postes annoncées ce mardi 30 juin touchent exclusivement la branche aviation commerciale du groupe - également présent dans la défense, l'espace et les hélicoptères - ainsi que la filiale française Stelia Aerospace et l'Allemande Premium Aerotec. Si l'avionneur n'exclut pas des licenciements secs, il compte sur les départs volontaires, des mesures de retraite anticipée et sur les dispositifs de chômage partiel pour les limiter.
 
On est en mode survie, tous ensemble.Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus​
"Le secteur de l'aéronautique fait face à un choc massif, brutal et durable. Il est fort probable que la reprise sera progressive. Nous ne l'avons jamais caché", a aussitot réagi le ministère français de l'Economie pour qui les 5 000 suppressions de postes annoncées constituent un chiffre "excessif". Et de rappeler le plan de 15 milliards d'euros adopté début juin par la France en soutien au secteur aéronautique (compagnies aériennes et industriels).

Derrière les suppressions de postes chez Airbus, ce sont aussi des emplois en moins chez les sous-traitants. Des milliers de fournisseurs, pour la plupart de petites et moyennes entreprises, sont touchés. Ainsi, l'équipementier Daher a déjà annoncé la suppression d'un maximum de 1 300 postes sur les 10 000 du groupe. Et ça ne devrait pas s'arrêter là. Le secteur a largement souffert de la crise du coronavirus.

Aller plus loin : Coronavirus : le transport aérien se prépare à des turbulences qu'il n'a jamais traversées​
 

Du jamais-vu

C'est "du jamais-vu" chez Airbus, a affirmé à l'AFP Frédéric Romain, coordinateur de la CFTC du groupe. "Pour FO, la ligne rouge est de diminuer ce chiffre qui nous paraît excessif, et de mettre en place toutes les mesures possibles pour ne pas avoir à déplorer le moindre licenciement contraint", a réagi Dominique Delbouis, coordinateur FO du groupe. Les détails de ce plan de licenciement seront connus ce jeudi 2 juillet, lors d'un comité de groupe Airbus France.

Ce mercredi, le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a précisé que les dispositifs d'aide de l'Etat devraient permettre de "sauver" 2 000 emplois, sur les 5 000 qu'Airbus entend supprimer en France.

Le gouvernement français a fort à faire aussi du côté d'Air France. Malgré l'aide massive au secteur aéronautique annoncée début juin, 7 585 postes pourraient être supprimés d'ici fin 2022 (6 500 pour Air France et plus de 1 000 au sein de la compagnie régionale Hop!). Le plan de restructuration détaillé sera lui aussi présenté aux organisations syndicales ce vendredi 3 juillet. Il prévoit en outre une coupe franche dans les liaisons intérieures. 

L'Etat français, actionnaire d'Air France-KLM, a apporté un soutien financier de 7 milliards d'euros au groupe franco-néerlandais, dont 4 milliards de prêts bancaires garantis et 3 milliards de prêt direct, en lui demandant d'améliorer sa rentabilité et son impact environnemental. En réponse, le directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith, a annoncé fin mai la réduction du réseau français (déficitaire) de 40% d'ici à la fin 2021.