France : Ukraine, Gaza, politique intérieure, ce qu'a dit Emmanuel Macron

Le président Emmanuel Macron, en quête de souffle pour son second mandat, a réclamé mardi "efficacité", "ordre" et "civisme" en France. Il assure à l'extérieur l'Ukraine de son soutien, via notamment de nouvelles livraisons de missiles. 

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Macron

Le président français Emmanuel Macron répond à une question lors de sa première conférence de presse à une heure de grande écoute pour annoncer ses principales priorités pour l'année alors qu'il cherche à revitaliser sa présidence, s'engageant à se concentrer sur les "résultats" malgré l'absence de majorité au parlement, le 16 janvier 2024 au palais de l'Élysée à Paris.

AP Photo/Aurelien Morissard
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"Le plus grand risque à mes yeux est la guerre d'agression russe en Ukraine, a déclaré le chef de l'État français lors d'une conférence de presse ayant duré plus de deux heures. Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner car alors la sécurité même de l'Europe et de tout le voisinage russe serait remise en cause."

"C'est le principal sujet à mes yeux de mobilisation", a-t-il poursuivi, annonçant qu'il irait lui-même "en février en Ukraine", et que la France allait procéder "à des livraisons nouvelles: une quarantaine de missiles (longue portée) Scalp et plusieurs centaines de bombes" pour Kiev. Presque deux ans après l'invasion russe, alors que la ligne de front est globalement immobile en Ukraine depuis plusieurs mois et que le risque de lassitude grandit en Occident, Emmanuel Macron s'est également prononcé sur l'autre grand conflit du moment. Il a mis en garde Israël contre la poursuite de raids insuffisamment ciblés à Gaza.

"Risque dans la durée"

Quelque 24 285 personnes, selon le gouvernement du Hamas, ont été tuées par les bombardements et opérations militaires israéliennes, menés en représailles aux attaques sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, qui ont fait quelque 1 140 morts, majoritairement civils. "Poursuivre aujourd'hui les opérations telles qu'elles sont conduites, c'est prendre un risque dans la durée, compte tenu de ce que cela fait naître dans toute la région, pour la sécurité d'Israël même", a fait valoir Emmanuel Macron.

Alors que les craintes grandissent quant à un embrasement régional, l'Iran et les mouvements qu'il soutient intensifiant leurs attaques en solidarité avec Gaza et le Hamas, Paris a "décidé de ne pas se joindre" aux frappes de la coalition américano-britannique contre les Houthis au Yémen pour "éviter toute escalade", a justifié Emmanuel Macron.

Plusieurs mesures dans l'éducation

Le chef de l'État français, en difficulté un an et demi après le début de son second quinquennat, a par ailleurs annoncé une batterie de mesures en France, particulièrement dans le domaine de l'éducation. Il a ainsi annoncé que la tenue unique pour les élèves - débat récurrent, et très connoté politiquement, en France - serait expérimentée dès cette année dans une centaine d'établissements scolaires volontaires. Il s'est également prononcé pour l'enseignement de l'hymne national, la Marseillaise, "dès le primaire" (6-11 ans), autre mesure plutôt demandée à droite.

L'Éducation nationale, présentée comme la "mère des batailles" du second mandat, est vent debout contre sa nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castéra, qui, à peine nommée, a justifié la scolarisation de ses enfants dans le privé avec des propos jugés méprisants pour les enseignants du public.

Huée mardi matin à son entrée puis à sa sortie d'une école publique parisienne dans lequel l'un de ses enfants a été brièvement scolarisé, Amélie Oudéa-Castéra a présenté ses "excuses" aux enseignants qu'elle "regrette" d'avoir "blessés". Le président a défendu sa ministre, qui "a eu raison de s'excuser", et l'a assurée de son "indulgence".

Un deuxième quinquennat difficile

Emmanuel Macron a également promis de l'"ordre", en "contrôlant mieux nos frontières, en luttant contre les incivilités grâce à un doublement de la présence policière dans nos rues, en luttant contre la drogue, en luttant contre l'islam radical". Il a annoncé vouloir "dix opérations par semaine" en France contre le trafic de drogue.

Depuis le début du deuxième quinquennat, les difficultés s'accumulent pour le chef de l'État, qui ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale, et fait face à la montée de l'extrême droite qu'il avait pourtant promis de défaire. Le Rassemblement national (RN, extrême droite), principal parti d'opposition et favori des prochaines élections européennes, est "le parti de la colère facile", a-t-il tancé, "le parti de l'appauvrissement collectif", "le parti du transformisme" sur les questions européennes, où sa ligne politique évolue.

Les oppositions ont critiqué le discours du chef de l'Etat, la cheffe des écologistes Marine Tondelier dénonçant un "discours de politique générale lunaire et parternaliste". Le patron des Républicains (droite) Eric Ciotti a déploré que "les ambitions" soient "aussi monumentales que les annonces sont modestes", tandis que la leader d'extrême droite Marine Le Pen a critiqué "un énième et interminable bavardage, un entre-soi sans hauteur, sans vision et surtout sans solutions aux problèmes critiques des Français".