François : bilan d’un pontificat révolutionnaire

"Buona sera." Pas de bénédiction solenelle, pas de latin sacré- juste un bonsoir. Dès ses premiers mots au balcon de la basilique Saint-Pierre en 2013, François annonçait la couleur: un pape plus humain, plus modeste, plus proche.

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Le pape François boit dans une calebasse à maté à la fin de son audience générale hebdomadaire, place Saint-Pierre au Vatican, le 6 avril 2016. (AP Photo/Andrew Medichini, archive)

Le pape François boit dans une calebasse à maté à la fin de son audience générale hebdomadaire, place Saint-Pierre au Vatican, le 6 avril 2016. 

(AP Photo/Andrew Medichini, archive)
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Il a refusé le faste : une chambre à la maison d'hôtes du Vatican plutôt que le palais apostolique, des chaussures orthopédiques au lieu des souliers rouges traditionnels, et pour son premier Jeudi saint, un geste fort- laver les pieds de jeunes détenus plutôt que ceux de dignitaires. Son message était clair: il voulait un pape simple, humble et inclusif.

François a hérité d'une Église au borde du schisme, minée par les scandales et les tensions entre conservateurs et progressistes. Premier pape non-européen en plus de 1300 ans, il a symbolisé un changement.

Mais  en 2025, le monde a changé. Alors que François prônait ouverture, inclusion et justice sociale, la montée des populismes d'extrême droite s'est imposée. La pape était alors devenu une figure contre-culturelle: un défenseur des migrants, des pauvres et des exclus.

Maintenant qu'il est décédé, la question demeure: les vents du changement continueront-ils à souffler, ou seront-ils stoppés par un mur de conservatisme? Mais avant que cette question ne trouve un réponse, on doit réfléchir aux progrès qu'il a réalisés pendant son pontificat. Quels changements ce pape a-t-il apportés à l'Eglise?

Une Église plus inclusive ? Femmes, LGBTQ+, femmes et minorités

"Qui suis-je pour juger?" Le Pape Francois, 2013.

Cette phrase avait marqué un tournant. François n'avait pas changé la doctrine, mais il aen avait transformé le ton.

En 2023, il préconisait la bénédiction des personnes homosexuelles -  un geste symbolique, salué par certains comme une avancée historique, critiqué par d'autres. Il a dû reculer face aux oppositions des égisles du Sud. En revanche, il avait mantenu le refus de l'ordination des femmes, restant fidèle à la position traditionnelle de l'Église.

Surtout, il a milité pour une église "en sortie", une église tournée vers les marges : les pauvres, les exclus, les migrants.

 Face aux crises mondiales : guerre, paix et diplomatie

Il a condamné toutes les guerres: Syrie, Ukraine, Gaza, Afrique. 

Pour lui, "La guerre est un défaite pour l'humanité"

Il a tendu la main aux autres religions: rencontre historique avec le patriarche Kirill, dialogue avec l'imam d'Al-Azhar.

Dans cette photo de 2016, le cheikh Ahmed el-Tayeb, grand imam de la mosquée Al-Azhar, parle avec le pape François lors d'une audience privée au Palais apostolique, au Vatican. Le pape François fait face à un délicat équilibre religieux et diplomatique alors qu'il se rend ce week-end en Égypte, espérant réconforter la petite communauté chrétienne du pays après une série d'attaques islamiques, tout en cherchant à améliorer les relations avec les dirigeants musulmans égyptiens. (Max Rossi/Photo Pool via AP)

En 2016, le cheikh Ahmed el-Tayeb, grand imam de la mosquée Al-Azhar, s'entretient avec le pape François lors d'une audience privée au Palais apostolique, au Vatican.

(Max Rossi/Pool photo via AP)

Il a ramené des réfugiés syriens dans son avion papal.

Il s'est opposé fermement à l'industrie des armes, au nationalisme et à la "culture du rejet". Défenseur de la planète, il place la crise climatique au coeur de son message.

Le pape François lave les pieds de quelques détenus du centre pénitentiaire de Paliano, au sud de Rome, jeudi 13 avril 2017. Le pape François a lavé les pieds d'une douzaine de détenus dans une prison de haute sécurité lors du Jeudi saint, un rituel pré-pascale destiné à montrer sa volonté de servir les membres les plus marginaux de la société et de leur donner de l'espoir. François a exhorté les prisonniers à s'entraider et à être, eux aussi, "les serviteurs des autres". (L'Osservatore Romano/Pool Photo vi

Le pape François lave les pieds de quelques détenus du centre pénitentiaire de Paliano, au sud de Rome, jeudi 13 avril 2017.

(L'Osservatore Romano/Pool Photo via AP)

Nettoyer la maison : corruption et réformes financières

Il a mis en place de nouveaux organes de surveillance financière au Vatican.

Il a licencié ou déplacé des figures puissantes impliquées dans des scandales.

Il a poussé à plus de transparence, notamment par des réformes de la banque du Vatican.

Mais la résistance interne a freiné certains changements. La réforme, bien que significative, reste incomplète.

La blessure la plus profonde : les abus sexuels

François a présenté des excuses publiques et rencontré des victimes. Il a promulgué des lois pour responsabiliser les évêques.

Il a démis certains abuseurs notoires, comme le cardinal McCarrick. Toutefois, il est critiqué pour une gestion inégale et un manque de réformes structurelles d’envergure.

 Le retour de bâton conservateur : résistances internes

De nombreux cardinaux et évêques ont exprimé publiquement leur opposition à ses réformes. Des tensions se sont accrues avec les catholiques traditionalistes, hostiles aux changements de ton et de gouvernance. Certains théologiens l’accusent de semer la confusion doctrinale.

Et maintenant?

Alors que les cardinaux se préparent pour le prochian conclave, l'avenir de l'Église reste incertain. La fumée blanche s'élèvera-t-elle portée par les vents du changement, ou annoncera-t-elle un retour à la tradition? Seul l'avenir nous le dira.