Fil d'Ariane
Déjà plus de 100 à 18 heures ce vendredi 3 mars... D'heure en heure, le "compteur des lâcheurs" de François Fillon qui s'affiche sur la page d'accueil du site du quotidien français Libération ne cesse d'incrémenter de nouveaux noms d'élu(e)s ou de membres de son équipe de campagne. Parmi les plus récents, celui de Thierry Solère, poutant lui-même en délicatesse avec le fisc. Porte-parole du candidat et organisateur de la primaire de la droite, il annonce sa défection sur Twitter ce vendredi :
Organisateur de la primaire, j ai décidé de mettre fin à mes fonctions de porte-parole de @FrancoisFillon
— Thierry SOLERE (@solere92) March 3, 2017
Outre son porte-parole, François Fillon a perdu depuis mercredi 1er mars son trésorier de campagne (Gilles Boyer), son directeur-adjoint de campagne (Sébastien Lecornu), son représentant pour les affaires internationales (Bruno Le Maire), ainsi que de nombreux élus de poids et petites mains de campagne.
Le juppéiste Dominique Bussereau, député de Charente-Maritime, président de l'Assemblée des départements de France et l'un des conseillers politiques de François Fillon, a lui aussi annoncé sa "démission" de la campagne, vers midi sur Twitter.
Je me mets en retrait de la campagne de @FrancoisFillon et démissionne de toutes mes fonctions dans son équipe.
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) March 3, 2017
A cinquante jours du premier tour, la droite, qui assurait aux votants à la primaire, voici trois mois, qu'ils choisissaient leur candidat à l'Elysée, se trouve depuis six semaines en plein scénario catastrophe, avec son candidat éliminé au premier tour dans les sondages.
Sa femme Pénélope étant soupçonnée d'avoir été rémunérée comme collaboratrice parlementaire et à La Revue des Deux mondes sans avoir réellement travaillé, François Fillon fait l'objet d'une information judiciaire. "Ses soutiens s'étiolent et la division menace désormais gravement l’unité de notre mouvement politique", écrit Philippe Richert, président de la région Grand Est, et ex-soutien de Nicolas Sarkozy.
"Ca n'existe pas le putsch, on ne va pas sortir François Fillon de sa situation, il peut être candidat, il a déjà ses 500 signatures. Ca n'a pas de sens cette notion de putsch. S'il veux aller au bout, il ira au bout", déclare Edouard Philippe, député-maire du Havre. "La question est : qu'est-ce que ça veut dire d'aller au bout ? Pour faire quoi ? Avec qui ? Avec quelle possibilité effective de mettre en œuvre ses réformes ?" ajoute-t-il.
Même Patrick Stéfanini, son directeur de campagne, homme des missions difficiles et organisateur de la campagne de Chirac en 1995, lui a demandé de se retirer mercredi matin. Selon des sénateurs LR, le président du Sénat, Gérard Larcher, proche de François Fillon, lui a aussi demandé de renoncer.
"Les fissures et fractures s'accentuent. L'infiltration ne peut que s'agrandir", fait valoir un député LR. Pour le politologue Jean Pétaux, François Fillon ne peut être poussé à la démission par les cadres, mais si le "grand rassemblement populaire" de soutien prévu dimanche 5 mars au Trocadéro est un fiasco, les choses deviendront pour lui très compliquées.
"Sept jours sur sept, 24 heures sur 24, la machine à broyer, la machine à scoops, la machine à rumeurs s'est mise en marche. Mais je vous le redis: je n’ai pas l’intention de me coucher", a pourtant martelé François Fillon depuis Nîmes jeudi soir. Se posant en "combattant", il en appelle à la base de son électorat en jouant à l'égard de la droite, et des Français, une stratégie d'appel au peuple contre les juges, les médias, les élites, explique à TV5MONDE le politologue Jean Pétaux :
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a lui fait savoir vendredi matin par son entourage qu'il ne "se défilerait pas" à deux conditions : que François Fillon se retire de lui-même de la course à la présidentielle ; que toutes les troupes soient derrière lui. Le maire de Bordeaux, qui arriverait de peu en tête du premier tour, selon un sondage Odoxa-Dentsu pour France 2 publié ce vendredi, apparaît désormais davantage comme un sauveur qu'un plan B.
Les sarkozystes, eux, ont prévu de se réunir mardi 7 mars. Difficile, pour l'heure, d'y voir clair quant à leur soutien ou non de Juppé. Mais Fançois Baroin a prévenu : "Si Alain y va, il y (en) aura d'autres" candidats à droite.