Fil d'Ariane
Des raids aériens ont tué un grand nombre de civils dans le quartier de Mossoul al-Jadida ces derniers jours, selon des informations rapportées par des responsables irakiens et des témoins. Le nombre de victimes, estimée à des dizaines et des centaines selon les divers interlocuteurs, ne peut pas être vérifié de source indépendante. D'autant que les forces de sécurité ne permettent pas journalistes de se rendre dans les secteurs où ces frappes ont été rapportées.
Deux habitants ayant fui la ville, Omar Mohanned Sumayr et son oncle Manhal Sumayr, ont ainsi affirmé que 170 personnes se trouvaient dans un immeuble complètement détruit par un raid. Bachar al-Kiki, le chef du conseil de la province de Ninive, a dit que des "dizaines" de corps d'habitants étaient encore sous des décombres à la suite de frappes aériennes. De son côté, le gouverneur provincial Nawfal Hammadi, et d'autres responsables, ont parlé de "centaines" de morts. Selon le porte-parole du Commandement des opérations conjointes, le général Yahya Rasool, le ministère de la Défense a ouvert une enquête sur des raids aériens à Mossoul.
L'armée irakienne et la coalition internationale menée par Washington procèdent à des bombardements sur Mossoul-Ouest pour appuyer les troupes au sol qui tentent depuis un mois de reprendre aux jihadistes leur dernier grand bastion urbain en Irak. La coalition a reconnu samedi 25 mars avoir procédé à un raid le vendredi 17 mars dans un secteur de Mossoul où des pertes civiles ont été rapportées, sans préciser de quel secteur il s'agissait. Elle a précisé qu'elle menait une enquête pour vérifier si des civils avaient été tués par ce raid aérien.
Au début du mois, la coalition a indiqué qu'une de ses frappes à Mossoul était peut-être à l'origine de la mort de civils. Elle a également jugé "probable qu'au moins 220 civils aient été tués involontairement" dans ses frappes aériennes contre l'EI en Irak et en Syrie depuis 2014. L'armée de l'air irakienne n'a pour sa part jamais publié d'estimations de ses victimes civiles depuis le début de sa campagne contre l'EI à Mossoul.
L'ONU a de son côté appelé les forces impliquées à Mossoul à "tout faire" pour protéger les civils alors que les combats se concentrent aux abords de la vieille ville, un dédale de petites rues densément peuplé où l'utilisation d'armes lourdes risque de mettre les habitants en danger.
Si plus de 200.00 habitants ont pu fuir Mossoul-Ouest depuis un mois d'après les autorités irakiennes, il reste environ 600.000 personnes dans les zones encore tenues par l'EI dans cette partie occidentale de la deuxième cité d'Irak, dont les deux tiers dans la seule vieille ville, selon l'ONU. L'EI "a commencé à utiliser des citoyens comme boucliers humains et nous essayons de les viser avec des snipers pour les éliminer", a indiqué dimanche à l'AFP le porte-parole du Commandement des opérations conjointes, le général Yahya Rasool. Les forces irakiennes s'en remettent à des "armes légères et moyennes, dont des fusils utilisés par des tireurs embusqués, pour chasser" les jihadistes cachés au milieu des civils, a-t-il expliqué.
Mais depuis des semaines, les forces irakiennes ont également tiré des obus de mortier et lancé des roquettes, des armes qui exposent les civils à des risques bien plus grands. Le général Rasool a par ailleurs accusé les jihadistes de rassembler des civils et de faire exploser un véhicule piégé à proximité d'eux pour faire croire que "les forces irakiennes ciblent des civils innocents".
Les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre l'offensive pour Mossoul. Elles ont reconquis la partie orientale fin janvier.