Frappes sur Téhéran : les familles des détenus français Noémie Kohler et Jacques Paris n'ont plus de nouvelles

L'angoisse monte concernant le sort des détenus iraniens et étrangers de la prison d'Evin à Téhéran. Ils n'ont aucun moyen de se mettre à l'abri et leurs proches sont sans nouvelles. Notamment la famille de la Française Noémie Kohler, détenue depius plus de 3 ans avec son compagnon Jacques Paris.

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A Paris, le 7 mai 2025, lors d'une mobilisation pour demander la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris; Capture d'écran vidéo AFP.

A Paris, le 7 mai 2025, lors d'une mobilisation pour demander la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris; Capture d'écran vidéo AFP.

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De nombreux "prisonniers politiques" iraniens, selon les ONG, et plusieurs détenus européens, qualifiés d'"otages" par les chancelleries occidentales, sont emprisonnés dans la section 209 de cette prison de sinistre réputation, située dans le nord de la capitale iranienne. 

Parmi eux, deux Français, Cécile Kohler et Jacques Paris.

Lire Cécile Kohler, trois ans dans les geôles iraniennes

En temps normal, les nouvelles qui parviennent à l'extérieur sont rares. Avec l'attaque israélienne en cours depuis le 13 juin, il n'y a désormais plus de communication.

Noémie Kohler, la soeur de la Française Cécile Kohler, détenue depuis plus de trois ans pour "espionnage" avec son compagnon Jacques Paris, dans des conditions extrêmement dures, a raconté à l'AFP que les familles d'"otages" étaient "terrifiées".

On a vu qu'au moins deux frappes avaient eu lieu à environ 2 kilomètres de l'endroit où ils sont détenus, donc c'est extrêmement proche. On se doute qu'ils ont dû entendre les explosions mais on ne sait pas du tout comment ils vont, on ne sait pas du tout à quel niveau d'information ils ont accès (...) on ne sait pas si les conditions dans la prison se sont détériorées en lien avec la situation. On est absolument dans l'inconnu et on est vraiment terrifié. Noémie Kohler, soeur de  Cécile Kohler

Le dernier contact téléphonique remonte au 28 mai. "Les nouvelles n'étaient déjà pas bonnes à l'époque parce qu'ils sont à bout de force, ils sont désespérés", décrit Noémie Kohler, qui réclame l'"exfiltration humanitaire" des deux Français, "en danger de mort".

Devant le Sénat ce 18 juin le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a indiqué avoir "adressé aux autorités iraniennes comme aux autorités israéliennes des messages les alertant sur la présence dans la prison d'Evin de nos deux compatriotes et sur la nécessité, s'agissant des autorités iraniennes, de les libérer sans délai pour assurer leur sécurité".

Risques d'exécution

En mai, Jean-Noël Barrot, qui accuse de longue date l'Iran de pratiquer une "diplomatie des otages", avait estimé à 20 le nombre d'Européens ou binationaux détenus, "professeurs, chercheurs, journalistes, touristes".

Parmi eux, le Suédo-Iranien Ahmadreza Djalali, arrêté en avril 2016 lors d'une visite en Iran et condamné à mort en 2017 sous l'accusation d'espionnage en faveur d'Israël.

Le conflit actuel entre les deux ennemis jurés du Moyen-Orient fragilise encore un peu plus la situation du Dr Djalali, dans le couloir de la mort depuis 8 ans. 

Depuis le début de la guerre déclenchée par les frappes israéliennes, l'Iran a déjà exécuté un homme arrêté en 2023, Esmaeil Fekri, accusé d'être un agent du Mossad israélien.

La vie d'Ahmadreza Djalali et de neuf autres condamnés pour espionnage est menacée, a alerté l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège. "Il y a un risque grave d'exécution de ces hommes", a déclaré le directeur d'IHR, Mahmoud Amiry-Moghaddam, ajoutant qu'ils avaient tous été condamnés à l'issue de "procès arbitraires".

"Mon père est en prison"

De nombreux habitants de Téhéran fuient en masse la capitale depuis le début des frappes, la plupart vers le Nord. Parmi eux, la prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, incarcérée pendant des années à Evin, mais qui se trouve en liberté provisoire depuis plusieurs mois pour raisons médicales.

La Prix Nobel de la paix Narges Mohammadi en août 2007.

La prix Nobel de la paix 2023, Narges Mohammadi,  en août 2007. 

© AP Photo/Vahid Salemi

Mais de nombreuses figures de l'opposition iranienne restent incarcérées, à l'instar du militant des droits humains Reza Khandan, époux de la célèbre avocate Nasrin Sotoudeh, arrêté en décembre 2024.

"Mon père est en prison. Pouvez-vous me dire comment il peut évacuer Téhéran ?", a imploré sa fille Mehraveh Khandan dans un message sur Instagram, alors que le président américain Donald Trump a estimé l 17 juin que "tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement".

Le centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basé à New York, a appelé toutes les parties "à se conformer à la loi humanitaire internationale et à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils, y compris ceux qui sont en détention". Le CHRI a publié un appel de la militante incarcérée Mahvash Seydal exhortant les autorités iraniennes à accorder des libérations temporaires pour "protéger les vies et la dignité des prisonniers politiques".

Les bombardements israéliens ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés en Iran, selon le dernier bilan officiel iranien publié le 15 juin.

Les salves de missiles et drones iraniens, qui ont atteint des centres urbains, ont fait au moins 24 morts et 592 blessés, selon un bilan des autorités israéliennes datant du 16 juin.