Fil d'Ariane
Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 provoque un gigantesque tsunami qui dévaste la côte nord-est du Japon. 20 000 personnes sont mortes ou disparues. Inondés par le raz-de-marée, trois des six réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi explosent les jours suivants, provoquant un panache radioactif qui oblige plus de 150 000 personnes à évacuer.
Cinq ans plus tard, 100 000 personnes n’ont toujours pas pu retrouver un logement permanent. Alors que la reprise du nucléaire civil a été amorcée durant l’été 2015, les évacués sont incités à repeupler ces zones que les autorités estiment avoir suffisamment décontaminées. Mais le taux de radioactivité demeure non négligeable et le démantèlement périlleux de la centrale, à seulement quelques dizaines de kilomètres, ne fait que commencer.
Un ciel dégagé et un air de début de printemps souffle sur la campagne japonaise ce 4 mars 2016. Mais à mesure que la route sinueuse se déroule, un décor surréaliste se dessine au cœur des montagnes et forêts de pins. Une cité où la vie semble s’être arrêtée soudainement. Et pour cause, ses habitants ont été évacués il y a 5 ans. L’une des zones les plus contaminées par le panache radioactif n’est aujourd’hui plus qu’un village fantôme.
A Iitate, comme dans plusieurs districts de la préfecture de Fukushima, on a le droit de circuler quelques heures le jour, mais interdiction d’y passer la nuit. Et pourtant, ces territoires désertés pourraient être bientôt repeuplés, dès mars 2017. C’est en tout cas le souhait du gouvernement japonais, qui estime que le niveau de radioactivité de l’air est passé sous les 20 Millisieverts/an, le seuil fixé par le principe de précaution national (équivaut à la dose annuelle limite pour un travailleur nucléaire).
Dans des localités où l’ordre d’évacuation a été levé l’été dernier, comme dans la petite ville de Naraha, à 25 km au sud de la centrale, dans le sillage de Tamura et Kawauchi, puis celles de Katsuro et Tomioka, seulement 10% des habitants, en majorité des personnes âgées, osent y revivre.
Originaire du faubourg de Maeda à Iitate, dont il était l’élu local, Kenichi Hasegawa est l’un de ces évacués nucléaires. Contemplant les pyramides de sacs remplis de terre radioactive, il peine à reconnaître sa terre natale, bien qu’il s’y soit habitué depuis cinq ans. Ici, les décontamineurs travaillent au quotidien pour retourner la terre et réduire la radioactivité.
Pourtant, Kenichi se rend plusieurs fois par an à Iitate. Pendant deux ou trois heures, il sillonne les environs, guère plus. Sa famille vivait à Iitate depuis quatre générations. Fermier de père en fils, il a dû abandonner son exploitation agricole et ses cinquante vaches du jour au lendemain. Sa famille, répartie dans trois localités différentes, a beaucoup souffert de cette évacuation. Néanmoins, Kenichi veut rester optimiste. « Je me bats pour mes proches mais aussi pour les plus vulnérables qui ont subi cette tragédie ». Avec l’association de liaison des évacués nucléaires ‘Hidanren’, issue du regroupement de 13 groupes de plaignants et 25 000 membres, il s’oppose au retour précipité des habitants sur leurs terres d’origine.
Iitate appartient au district de Soma, et s’étend sur une superficie de 240km2 (sur les 1800km2 d’espaces contaminés). Peuplé de 6000 âmes à l’origine, ce faubourg fait partie des zones «de restrictions d’habitation», où la radioactivité a été conséquente durant les 5 dernières années. En dehors de la zone interdite, (dite de «retour difficile»), à savoir le périmètre de 20km autour de la centrale où le taux excède encore souvent les 100Msv/an et où aucun habitant ne refoulera le sol avant plusieurs décennies, Iitate et les autres territoires sensibles concernent 20 000 évacués sur l’ensemble de la préfecture de Fukushima.
Mais Iitate a la particularité d’avoir été évacuée seulement 6 semaines après l’accident nucléaire, le 22 avril 2011 très exactement, suscitant l’indignation et la colère des habitants. Au moment de l’explosion des réacteurs, le panache radioactif ne semblait pas encore menacer cette région, située à environ 45 km à vol d’oiseau au nord-ouest de la centrale. Mais des vents défavorables ont rapidement orienté le flux de particules, contraignant les autorités à prononcer l’ordre d’évacuation en urgence. Ce qui a provoqué au sein de la population locale, un sentiment de trahison et d’abandon, face à la communication hasardeuse de TEPCO et du gouvernement.
Après 5 ans, sur les 160 000 évacués nucléaires de la préfecture de Fukushima (450 000 au total avec les sinistrés du tsunami), 100 000 n’ont aujourd’hui toujours pas pu retrouver leur maison, ni même un logement privé définitif.
Plus de la moitié d’entre eux (52 %) sont logés dans la préfecture. Parmi ces évacués, des milliers vivent même encore dans des logements temporaires préfabriqués, pourtant conçus pour une durée maximum de deux ans, en majorité dans la ville d’Iwaki au sud de la préfecture.
Kenichi vit dans l’une de ces petites bâtisses précaires, dans les environs de la ville de Fukushima. « Leur isolation commence à être altérée, dans une région où les températures sont encore négatives au mois de mars. De plus, l’espace est très réduit, les conditions de vie sommaires. Ma ferme me manque, c’est pour cela que je viens m’y ressourcer, bien que cela m’attriste de la voir à l’abandon», explique-t-il. Des logements publics de transition se construisent peu à peu, mais le processus prend beaucoup de retard.
Certes Kenichi, à l’instar des évacués nucléaires forcés, a droit à une indemnisation. Une loi interne de 1961 dispose que toute société opératrice d’une centrale nucléaire est responsable de manière ‘illimitée’ en cas de préjudice lié à son dysfonctionnement, qu’il résulte ou non d’une négligence de sa part. Mais TEPCO devant faire face à un volume historique d’actions en justice, le parlement nippon a autorisé l’Etat à alimenter le fonds d’indemnisation sous forme de prêts accordés à l’exploitant nucléaire (9 tranches au total !), lui évitant du coup la faillite. Un coût global des réparations pécuniaires qui s’élève pour l’heure à plus de 50 milliards de dollars et se répartit selon un découpage géographique hiérarchisant le degré de contamination.
100 000 Yen par mois (environ 800 euros) pour préjudice moral, voilà ce à quoi ont droit les évacués, en plus d’un logement gratuit. Un droit humain, le minimum vital.
Quant au préjudice financier, lié à l’abandon d’exploitation commerciale, il est proportionnel aux bénéfices réalisés. Globalement, les preuves sont difficiles à réunir, et la lourdeur des démarches administratives explique que beaucoup n’ont toujours pas obtenu leur dû. « Il fallait pouvoir épauler juridiquement les évacués, qui sont pour la plupart des personnes âgées à faible revenu, afin de remplir les formulaires de TEPCO, très complexes. Même à Iitate, où les habitants ont été fortement exposés à la radioactivité, la population reste timorée et n’ose pas faire entendre sa voix.» insiste Ruiko Muto, co-présidente d’’Hidanren’.
Le régime d’indemnisation est beaucoup moins généreux pour ceux qui habitaient hors des frontières virtuelles tracées par le plan d’évacuation gouvernemental, à l’image des habitants de la ville de Fukushima. Une somme modique, en un seul versement (environ 6 mois de dommages et intérêts) leur a été versée au titre du préjudice moral. Mais aucune compensation pour le préjudice financier. « Ces personnes ont pourtant connu les mêmes angoisses liées à la contamination. Leurs commerces ont fermé, leurs familles ont été divisées… » insiste Ruiki Muto.
Toru Takeda, 74 ans, fait partie de ces évacués volontaires. D’abord déplacé à Tokyo, il a fini par s’établir à Yonezawa, à l’ouest de la préfecture. Sous traitement médical, il est assez pudique sur la question. « Je continue à dépenser beaucoup d’argent pour l’entretien de ma maison d’origine. Mais n’oublions pas non plus ceux qui auraient voulu fuir mais sont restés pour veiller sur leurs parents âgés, ou pour éviter de perdre leur emploi » raconte ce professeur à la retraite.
La levée imminente de l’ordre d’évacuation, annoncée pour l’an prochain, signifiera la suppression de l’indemnisation et de l’aide au logement provisoire. Les évacués sont dès lors confrontés à un dilemme. « Nous n’avons plus que deux options. Décider de rester en lieu sûr, mais renoncer pour toujours à notre terre natale, ou bien revenir et s’exposer à d’éventuels risques d’irradiation et de contamination, et vivre dans l’angoisse perpétuelle. Quoi qu’il arrive, nous ne pourrons plus compter que sur nous-même » résume Madame Muto.
A Iitate, la végétation commence à renaître, en ce début mars. A l’entrée d’un champ, un dosimètre officiel indique 0,45MicroSieverts/heure. Un autre affiche 1,12 MicroSieverts/heure (soit 9,8MilliSieverts/an) devant l’imposante école publique, que le gouvernement entend rouvrir l’année prochaine. Un chiffre nettement supérieur à la norme internationale (1Msv/an), mais jugé acceptable par les autorités et une partie de la communauté scientifique. Pourtant, muni de son propre dosimètre, Kenichi obtient un taux trois fois supérieur, à seulement quelques mètres de distance. Une mesure effectuée à environ 1m au-dessus du sol, comme le veut le protocole.
Le cesium 137, d’une demi-vie de 30 ans, est la principale substance radioactive qui pourrait à moyen et long terme continuer à exposer les populations à des irradiations externes, à travers des rayonnements ionisants. S’il est indéniable que la dose de radioactivité de l’air a diminué au fil des mois, elle demeure non négligeable et appelle à la vigilance et un suivi rigoureux. La dose est même 5 à 6 fois supérieure à une centaine de mètres du portail de sécurité séparant Iitate du début de la zone interdite. 6.02MicroSv/h, et donc 52MSv/an s’affichent au compteur de kenichi! Une illustration parfaite des fluctuations du taux de radioactivité au sein d’un même environnement.
Une hétérogénéité qui s’explique par la constitution géologique de la préfecture de Fukushima. 75% du territoire est en effet composé de montagnes et de forêts. Or, le gouvernement a confirmé n’avoir entrepris aucune mesure de décontamination (jugée trop complexe) dans ces espaces sauvages, dont les particules radioactives sont susceptibles de migrer vers les zones tout juste décontaminées, par l’effet du vent et de la pluie. “On ne décontamine pas, on ne fait fait que déplacer la contamination. Ce sont les risques de recontamination que nous craignons donc désormais» prévient Kenichi. Le cesium contenu dans les aiguilles et feuilles des arbres s’est au fil des mois réparti dans les racines et les sols des forêts, pouvant dès lors s’exporter à nouveau.
Le processus de décontamination en lui-même pose également problème. Une décontamination qui nécessite plus de 20 000 hommes à temps plein, mandatés par le gouvernement, mais aussi des sociétés privées moins bien préparées. Equipés de masques et de combinaisons, ils passent au peigne fin les zones d’habitations, les paturâges, les établissements scolaires. Une couche de 5 cm de terre est retirée à l’aide de tractopelles, la végétation superficielle est coupée et les surfaces artificielles sont décapées et nettoyées. Une entreprise titanesque que le gouvernement annonce pouvoir achever en décembre 2016. Un “calendrier irréaliste” selon Kenichi, qu’il justifie par l’approche des Jeux olympiques et la volonté du gouvernement de rassurer la communauté internationale.
A en juger par l’étendue des chantiers de décontamination, il paraît peu probable que le travail soit accompli si vite. Des centaines de milliers de sacs contenant de la terre contaminée jonchent les nombreuses terres agricoles, formant un véritable entrepôt radiocatif à ciel ouvert, à perte de vue sur des centaines de kilomètres carrés. “Regardez, il y’en a partout. On lit souvent dans la presse nationale qu’ils sont déjà partiellement entreposés hors de la préfecture, mais nos champs et les abords de nos maisons, dans lesquelles ils veulent nous faire revenir, sont recouverts de ces tonnes de sacs,» s’exclame Kenichi. Le gouvernement a expliqué qu’ils seront stockés hors de la préfecture mais aucun lieu définitif n’a été encore fixé.
La contamination interne, à savoir l’inhalation ou l’ingestion de substances contenues dans une matière ou un liquide (mesurées en Becquerels/kg), préoccupe également les évacués. « C’est à l’évidence l’un des risques qui inquiète le plus actuellement » confirme Kenichi. La présence de césium dans l’eau a fait l’objet d’études approfondies. Pourtant défavorable à une évacuation massive, l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) concède que si la plupart des cours d’eau ont connu une diminution conséquente de leur niveau de radioactivité, certains, comme le fleuve Ukedo, restent contaminés épisodiquement et plus particulièrement en périodes de typhons. De plus, tous n’ont pas été examinés, ce qui empêche une analyse globale et parfaitement rigoureuse. D’autant plus que la situation n'est pas encore stabilisée dans la centrale de Daiichi, où le retrait des combustibles dans les piscines de refroidissements prendra encore quatre ou cinq ans.
Quant à l’extraction des cœurs fondus des trois réacteurs endommagés, elle pourrait s’étaler sur vingt ans. En tout, le démantèlement durera plusieurs décennies, dans une région qui n’est pas à l’abri d’un nouveau séisme. Les mesures visant à limiter les fuites d’eau radioactives, la question du rejet dans l’océan de l’eau (traitée) servant au refroidissement des combustibles, sont des sujets majeurs qui doivent faire l’objet d’une communication transparente, selon les habitants.
Les défis sont immenses et 7 000 hommes, évoluant sur un site sous haute tension, en ont la responsabilité. De même, des doutes planent toujours sur la contamination de la nourriture. Le gibier, les champignons, le riz, les graines de soja, les pousses de bamboo, les haricots rouges… sont les denrées les plus sensibles à la radiocativité, et peuvent contenir encore des doses supérieures aux normes de commercialisation.
Si l’OMS estime que le barème d’évacuation fixé par les autorités centrales est cohérent, l’organisation a également rappelé que les risques de cancers pouvaient être accrus pour les personnes exposées aux doses les plus importantes, notamment dans le rayon de 20 km autour de la centrale. « Il faut surveiller à long terme l'état de santé des personnes qui ont été exposées à un risque élevé tout en fournissant les services nécessaires de suivi médical et de soutien» soulignait l’OMS dans son rapport.
Le recul historique, et notamment le précédent de Tchernobyl, démontre qu’il faut parfois attendre 30 ou 40 ans avant que des effets ne se manifestent sur la santé des personnes irradiées. Mais une autre question divise les experts : être soumis à une dose non négligeable, mais en-deça des limites fixées par les institutions spécialisées et le gouvernement, est-il nocif sur le long terme ? Et c’est justement à cette question que les personnes susceptibles de repeupler les zones évacuées aimeraient obtenir une réponse scientifique sans équivoque. En outre, la plupart des habitants réclament un droit de participation à l’actualisation des mesures de radioactivité, et surtout, à des contre-inspections par des experts indépendants.
Le bilan humain post-Fukushima mérite une analyse minutieuse. Les cas de cancers de la thyroïde ont été en augmentation chez les jeunes enfants mais il est pour l’heure difficile de prouver le lien de causalité. Ces pathologies sont dues à l’iode radioactif (iode 131). D’une durée de vie limitée (8 jours à quelques mois), il s’est principalement diffusé lors des premiers jours et semaines de la crise nucléaire, exposant bon nombre d’habitants. La manière dont la situation a été gérée dans l’urgence (capsules d’iode inégalement administrées selon les municipalités, ordres de confinement et d’évacuation désordonnés et contradictoires) appelle à un débat important et à un suivi sanitaire sur le long terme.
Jusqu’à présent, c'est le stress et l’angoisse qui ont le plus tué à Fukushima. Hypertension, troubles post-traumatiques, aggravation de maladies préexistantes. Au total, 1979 décès indirects officiellement reconnus ont été comptabilisés ces cinq dernières années.
Ces « morts invisibles » mettent en exergue la violence psychologique provoquée par une évacuation nucléaire. La peur des risques radioactifs et le déracinement induit par l’évacuation sont également source de dépressions pouvant mener au suicide. Près d’une centaine de personnes ont mis fin à leurs jours, dont 19 l’an passé. Sans compter le nombre de familles implosées, les divorces. Ce sont les personnes de plus de 65 ans qui ont le plus souffert physiquement et psychologiquement de l’évacuation. « Il faut comprendre que les personnes âgées ont été prises au piège, qu’ici leur village natal représente toute leur vie, leur commerce, leur agriculture ».
Le sentiment d’une gestion hasardeuse, contradictoire voire irresponsable de la catastrophe de la part du gouvernement et de TEPCO est peut-être ce qui a fait le plus souffrir les évacués nucléaires. Une évacuation traumatisante mais aussi désastreuse pour l’économie de la région, qui reposait essentiellement sur l’agriculture. La levée de l’ordre d’évacuation pourra-t-elle coïncider avec la renaissance d’une région laissée à l’abandon depuis 5 ans ? Il faudra repartir de zéro. Or, seuls les plus âgés, souvent pour y finir leur vie, sont près à y revenir. Les mères de familles ne veulent pas exposer leurs enfants. Quant aux jeunes générations, face à la perte de vitesse économiques de la région, ceux-ci préfèrent rester dans des zones plus dynamiques afin de refaire leur vie, trouver un emploi.
Certes, le premier plan quinquennal du gouvernement a prévu une allocation de plus de 250Milliards de dollars pour l’ensemble du Tohoku (+ 60 Mds pour les 5 prochaines années). Mais il suffit de se rendre dans les villes les plus dévastées par le tsunami, comme Ishinomaki et Rikuzentakata, pour constater l’ampleur du sinistre et la lenteur de la reconstruction.
En attendant, les quelques centaines de retraités qui ont osé repeupler leur ville natale, comme à Naraha, et ceux qui tentent de s’y préparer psychologiquement, à l’image d’Iitate, déplorent le manque d’infrastructures. « Il n’y a plus d’accès pharmaceutiques, de transports publics, de commerces de proximité ni de centres médicaux. Nous ne pouvons pas nous réinstaller là-bas sans le minimum vital» commente Kenichi.
A Iitate, des ouvriers procèdent au ravalement de quelques bâtiments, comme le commissariat, la caserne de pompiers ou encore quelques entreprises. Un semblant de renouveau, une incitation au repeuplement. Tel un mirage, on aperçoit un magasin 7-Eleven et une station service ouverts pour ravitailler les décontamineurs.
Fukushima n’a pourtant au fond qu’un rêve, celui de redevenir l’« Ile du bonheur, de la fortune », sa traduction littérale. Mais devant le spectacle des demeures abandonnées et des fermes en ruine, il est difficile d’imaginer la résurrection économique et sociale d’une région sinistrée, dans un climat d’anxiété persistant. Devant l’école publique d’Iitate, le dosimètre officiel offre l’illusion de lendemains qui chantent, mais combien d’enfants joueront dans la cour l’an prochain?