Fusillade de Strasbourg : deuxième jour de chasse à l'homme

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Photo Cherif Chekatt, Police française via agence AP.
©TV5MONDE / Commentaire : L. de Matos, Montage : C. Harnoy
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Son nom et son visage s'affichent désormais partout. L'assaillant de Strasbourg, Cherif Chekatt, déclaré ennemi public numéro un, est plus que jamais recherché par les polices de France, de Navarre et d'Europe, au surlendemain de l'attaque qui a fait trois morts au moins, selon un bilan réactualisé ce jeudi. La France, placée en "urgence attentat" retient son souffle, à deux semaines des festivités de Noël.
"Attention, individu dangereux, surtout n'intervenez pas vous-même", la Police nationale a lancé un appel à témoins mercredi soir pour retrouver l'homme le plus recherché de France.

Fiche signalétique : individu de 1,80 m, "peau mate", "corpulence normale" et "marque sur le front". Toute personne en possession "d'informations permettant de le localiser" est appelée à composer un numéro de téléphone dédié, le 197.


 
Appel à témoins de la police nationale
@PoliceNationale

Ce jeudi, plus de 700 membres des forces de l'ordre sont à la recherche de l'auteur présumé de l'attentat de Strasbourg qui a fait trois morts et treize blessés dont cinq graves, l'un d'entre eux en état de mort cérébrale, selon un bilan revu à la hausse par la préfecture du Bas-Rhin. 

Les enquêteurs ne sont pas certains que Cherif Chekatt soit encore en France. Les autorités françaises sont en lien avec les autorités allemandes, selon le préfet de la région Grand Est, Jean-Luc Marx.

La Suisse, à une centaine de kms au sud de Strasbourg, a également renforcé ses mesures de sécurité à la frontière.

Cherif Chekatt compte pas moins de 67 antécédents judiciaires, dont 27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse pour des faits de droits commun. Né à Strasbourg, ce multirécidiviste de 29 ans a fait de la prison des deux côtés du Rhin. Sa radicalisation et son prosélytisme étaient manifestes en 2015, rappelait mercredi le Procureur de Paris.
 
Chérif C., un Français âgé de 29 ans, s'était fait remarquer par l'Administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en 2015. Il a fait l'objet d'un suivi de la DGSI.
Rémi Heitz, procureur de la République auprès du parquet de Paris.
Pour le maire de Strasbourg, qui s'est également exprimé à la mi-journée, ce qui s'est passé mardi soir "est incontestablement un acte terroriste" : 
 

Les victimes sont principalement des hommes, dont un touriste d'origine thaïlandaise. "Certains ont eu une balle dans la tête", indiquait plus tôt dans la journée le maire, Roland Ries, sur BFMTV, la chaîne française d'informations en continu.
 

Enquête ouverte par le parquet de Paris

Une enquête a été ouverte dès mardi soir par le parquet de Paris pour "assassinats, tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle".

"Les investigations sont confiées à plusieurs services d'enquête: la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT), la direction interrégionale de la police judiciaire de Strasbourg  (DIPJ) et la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)".
 

La motivation terroriste de l'acte n'est pas encore établie. Laurent Nunez, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur.

"Le risque d'un deuxième attentat existe" pour Alain Rodier, spécialiste du renseignement et du terrorisme, tant que le suspect de la fusillade, connu pour des délits de droit commun et fiché "S", n'aura pas été arrêté.
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Un suspect fiché "S" parmi 273 dans le Bas-Rhin


Dès mardi soir, la préfecture du Bas-Rhin annonçait que le suspect était fiché "S" ("sûreté de l'Etat").

Le quotidien Les dernières nouvelles d'Alsace évoquait "un homme de 29 ans originaire du Hohberg, dans le quartier de Koenigshoffen à Strasbourg". "Il aurait été condamné en 2011 à deux ans de prison, dont six mois ferme pour une agression avec arme : (...) il avait alors blessé au visage un adolescent de 16 ans en le frappant avec un tesson de bouteille lors d'une rixe au centre commercial des Halles à Strasbourg".

Les gendarmes avaient tenté d'interpeller l'assaillant mardi matin dans le cadre d’une enquête pour tentative d’homicide. En vain. 
 
Peut-être faut-il réduire le nombre de fichés "S" pour être plus efficace dans le suivi.
André Reichardt, sénateur LR du Bas-Rhin, sur TV5MONDE.

La région de Strasbourg compte près de 300 fichés "S" selon le maire de la ville.

"Au 21 sept 2018, le Bas-Rhin comptait 273 fichés "S", dont 40 à Strasbourg prêts à passer à l'acte", affirme André Reichardt, sénateur LR du Bas-Rhin, sur TV5MONDE. "Peut-être faut-il réduire le nombre de fichés "S" pour être plus efficace dans le suivi", s'interroge le sénateur qui co-préside la Commission d'enquête sur l'organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe. 

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Ce que l'on sait de la fusillade de Strasbourg

Selon la préfecture du Bas-Rhin, "vers 20h, un individu armé est rentré dans le périmètre du marché de Noël par le pont du Corbeau en se dirigeant vers la rue des Orfèvres. L'individu a ouvert le feu, blessant plusieurs personnes". Le ministre de l'Intérieur a déclaré pour sa part que la fusillade a commencé à 19h50 en "trois points" de la ville.
 
On a entendu plusieurs coups de feu, trois peut-être, et on a vu plusieurs personnes courir. L'une d'elles est tombée. 
Un témoin à l'AFP 
Des témoins ont indiqué à l'AFP avoir entendu plusieurs coups de feu aux alentours de 20H00.

"Et on a vu plusieurs personnes courir. L'une d'elle est tombée, je ne sais pas si c'est parce qu'elle a trébuché ou parce qu'elle a été touché. Les gens du bar ont crié 'ferme, ferme' et le bar a été fermé", a raconté un témoin joint par l'AFP et confiné dans son appartement.

L'assaillant a été blessé par des militaires de Sentinelle avant de prendre la fuite : "Il s'est confronté par deux fois avec les forces de sécurité avec échanges de tirs entre 20h20 et 21h00."

Le périmètre de la Grande Ile a été bouclé et la circulation des tramways interrompue. Une cellule d'urgence médico-psychologique a été ouverte place Gutenberg dans les locaux de la Chambre de Commerce et de l'Industrie (CCI).
 

Vigipirate placé en "urgence attentat"

Le ministre de l'Intérieur a annoncé que le plan Vigipirate passait en "urgence attentat" avec la mise en place de contrôle renforcés aux frontières et la mise en place de contrôles renforcés sur l'ensemble des marchés de Noël en France "pour éviter les risques de mimétisme".

Le président Emmanuel Macron s'est rendu Place Beauvau peu après minuit, avec le Premier ministre Edouard Philippe. Le chef de l'Etat a rendu hommage aux victimes par un bref message sur Twitter.
 

 

Strasbourg en deuil

Dans un message envoyé sur Twitter, le maire de Strasbourg, Roland Ries a annoncé la fermeture mercredi des marchés de Noël de la ville et annulé l'ensemble des spectacles culturels.

Les cours sont suspendus mercredi matin dans les écoles maternelles et élémentaires de la ville. Le rectorat a recommandé aux parents de garder leurs enfants chez eux, mais a précisé que "les écoles assureront leur fonction d'accueil pour les enfants qui se présenteront".

La France toujours sous menace terroriste élevée

Cette fusillade intervient alors que la France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d'attentats djihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015.
La France a été frappée deux fois cette année au cours d'attaques qui ont fait cinq morts. Le dernier a succombé à une attaque au couteau menée par Khamzat Azimov, assaillant de 20 ans abattu par la police, dans le quartier touristique de l'Opéra, à Paris le 12 mai 2018. 

La précédente attaque en France remonte au 23 mars 2018 à Carcassonne et à Trèbes (Aude): Radouane Lakdim, un délinquant radicalisé de 25 ans, avait volé une voiture à Carcassonne dont il avait abattu le passager et blessé le conducteur par balles. Il avait ensuite tiré sur des policiers devant leur caserne avant d'entrer dans un supermarché à Trèbes où il avait tué un boucher, un client ainsi que le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame qui s'était offert comme otage à la place d'une femme.