
Fil d'Ariane
- Accueil >
- International >
- Galileo : le GPS européen fait ses débuts
Hier encore, le GPS de votre voiture vous situait à dix mètres près. La précision de Galileo, elle, est de l'ordre du mètre - voire de quelques centimètres pour certains services de haute précision payants. C'est du moins ce qu'affirment les services de communication.
Autre atout majeur de Galileo : son indépendance. Si le GPS (Global Positioning System ou Système de positionnement global) américain a été mis au point pour et par l'armée, de même que ses équivalents russes (Glonass) et chinois (BeiDou), Galileo, lui, est civil.
Aujourd'hui, on ne conçoit plus de déplacement - qu'il soit aérien, maritime, pédestre ou automobile - sans l'aide à la navigation. Mais au-delà de ce service, les applications qui recourent au positionnement par satellites envahissent notre quotidien. Ils servent à commander une pizza, préparer un marathon, trouver une station-service, un Pokemon ou un amant à proximité...
Ainsi Galileo proposera-t-il aussi des offres sécurisées aux institutions publiques et au secteur privé (banques ou gestionnaires de réseaux), mais aussi, parce qu'il autorise une précision inégalée, un service de guidage des aveugles ou une fonction de recherche et de sauvetage des personnes, avions ou bateaux en détresse.
Avec Galileo, 10 minutes suffiront pour localiser une personne perdue en mer.
Lucia Caudet
Les SOS seront visibles en temps réel, de n'importe où sur le globe. "Aujourd'hui, il faut au moins trois heures pour qu'une personne, perdue en mer ou en montagne soit détectée" alors qu'avec Galileo, il ne faudra que "10 minutes", indique Lucia Caudet, porte-parole de la Commission européenne. "Avec le GPS on sait où un train se trouve sur la carte de France ; avec Galileo on sait sur quelle voie il se trouve", explique Jean-Yves Le Gall, président de l'Agence spatiale française.
Aujourd'hui, quelque 10 % du PIB européen dépend des systèmes de positionnement par satellites. D'ici 2030, ce pourcentage pourrait grimper à environ 30 %, selon l'Agence spatiale française. Ainsi Galileo devrait-il générer plus de 10 milliards d'euros par an grâce à ses services payants ; Bruxelles en estime les retombées économiques à 90 milliards d'euros sur les vingt prochaines années. En plus des 35 000 déjà directement créés par le projet, Galileo pourrait aussi générer 20 000 emplois.
L’investissement de l'UE est à la hauteur de l'enjeu, puisque le coût du projet devrait dépasser 13 milliards d'euros pour la période 1998-2020. Entièrement financé par la Commission européenne, le déploiement des 30 satellites Galileo, dont une quinzaine sont déjà lancés - tous par Soyouz, Vega ou Ariane 5 - va coûter environ 7 milliards d'euros. Il faudra ensuite 500 à 600 millions d'euros pour les gérer et les renouveler.
Grâce aux horloges atomiques qui équipent les satellites, le signal Galileo est daté à quelques milliardièmes de secondes près. Inexistante avec les autres systèmes de géolocalisation, cette fonction peut-être utile aux assurances pour trancher un litige en cas d'accident de circulation, par exemple, ou aux fournisseurs d'énergie qui gèrent un réseau pour mesurer la consommation des abonnés.
La montre connectée Samsung S3 et ses applications (New York, 25 août 2016)
Galileo comporte aussi un système d'authentification qui permet à l'utilisateur de s’assurer qu'il utilise bien son signal, et pas un leurre - une garantie conçue, entre autres, pour les futurs véhicules autonomes face aux dangers éventuels d'un piratage à distance.
Il faudra toutefois encore attendre le lancement sur le marché des objets connectés - smartphones, montres, bracelets, colliers, voitures... - compatibles pour prendre toute la mesure commerciale du projet Galileo. Objets qui permettront d'envoyer un appel d'urgence en cas d'accident de la circulation, de retrouver un enfant ou un animal domestique égaré, de localiser ses clés, d'intervenir sans délai auprès d'une personnes âgée en cas de chute...
Le projet Galileo a vu le jour en réaction aux aléas inhérents au GPS américain. Lancé dès les années 1970, le système de positionnement mis au point par l'armée des Etats-Unis est opérationnel depuis 1995, mais l'armée en a longtemps limité la précision à 100 mètres sur le marché commercial. C'est cette volonté de brider les performances du GPS qui a incité les autorités publiques européennes à développer un système civil de géolocalisation par satellite.
Malgré l'arrêt de la dégradation du GPS, en 2000, le projet Galileo a officiellement démarré avec le nouveau millénaire : l'indépendance européenne en matière de géolocalisation mondiale devenait un enjeu économique et politique.
Compatible avec le GPS américain ou le Glonass russe, Galileo permet de basculer à tout moment sur l'un ou l'autre de ces systèmes, ou d'accéder aux deux à la fois, pour optimiser la fiabilité de la position. Pour que le système européen parvienne à un niveau de précision optimal, il faudra toutefois attendre 2020 et la mise en orbite des derniers satellites. Le maillage sera alors suffisant pour que le signal passe même dans les rues étroites bouchées par de hauts immeubles où, pour l'instant, on ne capte rien, selon l'Agence spatiale.
Avec Galileo, l'Europe veut prendre toute sa place dans la géolocalisation, toujours plus présente dans notre quotidien. "On entend ici ou là que l'ambition, c'est qu’on ne dise plus que Galileo est le GPS européen, mais que le GPS est le Galileo américain, s'amuse Jean-Yves Le Gall, président de l'Agence spatiale française. Ca mettra un certain temps quand même..."