Fil d'Ariane
L'armée israélienne a annoncé samedi 28 décembre, la fin de son opération contre l'hôpital Kamal Adwan, qu'elle appelle "centre de commandement du Hamas" au nord de la bande de Gaza. L'armée a confirmé avoir arrêté le directeur afin de l'interroger.
Un Palestinien est assis en deuil de ses proches tués dans les frappes aériennes israéliennes nocturnes sur le camp de réfugiés de Maghazi, à l'hôpital Al-Aqsa, à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le samedi 28 décembre 2024.
"L'armée et les services du renseignement ont terminé une opération ciblée contre un centre de commandement du Hamas dans l'hôpital Kamal Adwan. Les forces ont arrêté plus de 240 terroristes dans les environs", a-t-elle indiqué dans un communiqué, confirmant que le directeur de l'établissement, "suspecté d'être un terroriste du Hamas", avait été arrêté pour être interrogé.
Les autorités sanitaires de la bande de Gaza s'étaient inquiétées samedi de la situation critique dans le nord du territoire palestinien en guerre, après la détention par Israël selon elles du directeur d'un hôpital clé annoncé "hors service" par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza a affirmé que les troupes israéliennes avaient conduit à "un centre de détention, pour les interroger", des "dizaines de membres du personnel médical de l'hôpital Kamal Adwan", dont le directeur, le Dr Hossam Abou Safiya.
Cet établissement était le dernier grand hôpital opérationnel dans le nord de la bande côtière palestinienne. Il est désormais "hors service" après un raid israélien à proximité, a déclaré l'OMS.
"De premières informations font état de services clés incendiés et détruits pendant le raid. Soixante membres du personnel soignant et 25 patients sont dans un état critique", a pointé l'organisation internationale.
"L'occupation (israélienne) a complétement détruit l'ossature médicale, humanitaire et de secours dans le nord de Gaza", a dénoncé le porte-parole de la Défense civile gazaouie, Mahmoud Bassal, précisant que le responsable local des secouristes était également détenu.
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"L'armée a demandé à tous les jeunes hommes de se déshabiller avant de sortir de l'hôpital et de se rendre dans une école qu'elle utilise comme centre de détention et d'interrogatoire", a témoigné Mohammad, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille par crainte d'être poursuivi.
"Les soldats nous ont posé des questions sur les résistants, le Hamas, les armes et les gens qui filmaient les bombardements et les destructions", a ajouté cet homme de 48 ans.
Depuis le 6 octobre, l'armée israélienne a intensifié son offensive terrestre et aérienne dans le nord de la bande de Gaza pour empêcher selon elle les combattants du Hamas de se regrouper.
C'est dans cet objectif qu'elle a indiqué avoir lancé vendredi matin une opération près de l'hôpital Kamal Adwan, au rôle crucial dans une bande de Gaza assiégée et aux services de santé exsangues après plus d'un an de guerre.
L'établissement, dont le directeur alertait depuis plusieurs jours déjà qu'il était pris pour cible, serait "utilisé comme cachette par les terroristes", avancent les Israéliens, ce que dément "catégoriquement" le Hamas.
Dans l'après-midi samedi, Israël a annoncé avoir intercepté au-dessus de son territoire "deux projectiles" tirés depuis le nord de Gaza. Des sirènes avaient été activées dans les régions de Jérusalem, du Neguev et de Shephelah.
"La situation est catastrophique, il n'y a plus de service médical, d'ambulances et de secouristes dans le nord", a déclaré samedi un témoin sur place, Ammar al-Barch, âgé de 50 ans. "L'armée continue ses raids sur l'hôpital et les maisons autour. On entend des tirs de drones et d'artillerie."
Le ministère des Affaires étrangères de l'Iran, ennemi d'Israël, a condamné "l'attaque brutale des soldats du régime israélien", y voyant "le dernier exemple en date" de ses "crimes de guerre, crimes contre l'humanité et violations flagrantes des normes et lois internationales".
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La Défense civile de Gaza a par ailleurs fait état de neuf morts dans une frappe israélienne samedi matin sur une maison dans le centre du territoire palestinien.
En riposte à une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a lancé une offensive dévastatrice contre la bande de Gaza.
Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, 45.484 Palestiniens, essentiellement des civils, y ont péri au total, dont au moins 48 en l'espace de 24 heures.
L'attaque du Hamas a causé la mort de plus de 1.200 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.