Génocide des Tutsi au Rwanda: la France ouvre enfin au public d'importantes archives

27 ans jour pour jour après le début du génocide des Tutsi au Rwanda, la France ouvre l'accès au public aux archives de l'époque du président François Miterrand et de son premier ministre Edouard Balladur. D'autres documents longtemps restés verrouillés devraient être prochainement accessibles. Des ouvertures qui font suite à la remise du rapport Duclert qui pointe les responsabilités accablantes de la France.
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Rapport Duclert remis
Gros plan du rapport Duclert intitulé "La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994)" remis au président Macron, le 26 mars 2021 à Paris. (AP)
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La France a ouvert au grand public d'importantes archives relatives à la situation au Rwanda entre 1990 et 1994, 27 ans jour pour jour après le début du génocide des Tutsi dans ce pays.

Il s'agit d'archives de l'ancien président François Mitterrand ainsi que celles de son premier ministre de l'époque Edouard Balladur qui sont ainsi ouvertes "avant l'expiration des délais prévus", comme l'indique un décret paru mercredi au Journal officiel. 

Plusieurs de ces documents, notamment des télégrammes diplomatiques et notes confidentielles, figuraient dans le rapport accablant sur le rôle de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 rendu par une commission d'historiens fin mars. 

(Re)voir : Le chercheur François Graner obtient l'accès aux archives de F.Mitterrand sur le Rwanda : "ces archives vont permettre de comprendre comment fonctionnait la machine d'Etat" (14 juin 2020)

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Ce rapport Duclert revient sur l'engagement français durant ces quatre années décisives, au cours desquelles s'est mise en place la dérive génocidaire du régime hutu, pour aboutir à la tragédie de 1994 où quelque 800.000 personnes, majoritairement tutsi, ont été exterminées dans des conditions abominables entre avril et juillet. 

Il soulignait notamment la responsabilité de François Mitterrand et de son état-major particulier qui ignoraient régulièrement les diverses mises en garde sur les risques de génocide.

- D'autres archives ? -

Au total, ce sont des milliers de documents qui vont ainsi être ouverts au public et en particulier le fonds Mitterrand, resté verrouillé pendant des décennies. La commission avait toutefois déploré s'être heurté lors de son travail de plus de deux ans à des "refus de communication ou de consultations, certes rares mais notables".

Le Bureau de l'Assemblée nationale avait par exemple refusé la consultation de certaines archives. D'autres ouvertures d'archives pourraient suivre à l'été, notamment des documents de l'armée qui ont été déclassifiés mais pas exploités, selon une source proche du dossier.

(Re)voir : Génocide des Tutsi au Rwanda : "un aveuglement" de la France et un "alignement sur un régime raciste", selon l'historien Vincent Duclert

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Plusieurs commémorations sont prévues, notamment en France, pour marquer le 27e anniversaire du début du génocide. Après un moment de recueillement et un dépôt de fleurs à Paris, plusieurs discours officiels doivent se succéder et une minute de silence doit être respectée à midi. "Cette période de commémoration est vraiment intense pour nous, pendant laquelle les sentiments des rescapés sont à fleur de peau", rappelle à l'AFP, Etienne Nsanzimana, président de l'association de survivants Ibuka France.

Lors de la remise du rapport Duclert, Emmanuel Macron avait indiqué espérer un rapprochement "irréversible" avec Kigali. Le Rwanda avait de son côté salué "un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France". Il ne s'est toutefois pas encore prononcé sur le contenu du rapport et en particulier sur le rôle de la France. 

Etienne Nsanzimana espère des "excuses qui viennent de la France". "Des responsabilités accablantes ont maintenant été détaillées,  même si on connaissait beaucoup de choses. Je ne vois pas ce qui empêcherait la France de faire le pas", ajoute t-il. 

Même si les relations entre les deux pays se sont détendues avec l'arrivée au pouvoir du président français en 2017, le rôle de la France au Rwanda reste un sujet explosif depuis plus de 25 ans. Il est aussi l'objet d'un débat violent et passionné entre chercheurs, universitaires et politiques.