GIEC : le président démissionne

Le climat était électrique depuis plusieurs jours. Aujourd'hui, c’est un véritable orage qui s’abat sur le Giec. Son président Rajendra Pachauri qui fait l’objet d’une plainte pour harcèlement sexuel vient de démissionner.
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démission du président du Giec
Rajendra Pachauri le 2 novembre 2014 lors de la remise du dernier rapport du Giec à Copenhague.
©AP Photo/POLFOTO, Jens Dresling
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Un coup de tonnerre au sein du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat. Le  Giec annonce la démission de son président Rajendra Pachauri. Une nouvelle qui survient le jour du lancement de la session plénière à Nairobi au Kenya. La nouvelle a jeté un froid parmi les 3000 experts du climat réunis pour l'occasion.

Ismail El Gizouli, jusqu’alors vice-président, a été désigné président du Giec par intérim. L’élection du nouveau bureau est maintenue en octobre, date à laquelle le mandat du climatologue indien devait expirer.

Accusé de harcèlement sexuel dans son pays natal, l’Inde, Rajendra Pachauri a d’abord renoncé temporairement à ses engagements officiels en raison de « questions exigeant son attention », comme l’indiquait samedi 21 février le groupe d’experts sur le climat de l’ONU.

Deux jours après, le tribunal de New Dehli a suspendu l’arrestation de Rajendra Pachauri, fixant sa prochaine audition au 26 février. 

Quelles conséquences pour la Conférence de Paris ?


2015 est une année cruciale pour les négociations sur le climat qui doivent se conclure par un accord lors de la Conférence de Paris en décembre. Cette démission vient donc assombrir un ciel déjà incertain puisque la communauté internationale peine à s’accorder sur les mesures à prendre.


Le Giec, fort de ses cinq rapports produits depuis 1988, joue un rôle primordial de conseiller dans les négociations de la Conférence de Paris. Son objectif est d’aboutir à l’accord le plus ambitieux jamais signé pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet accord doit prendre le relai du protocole de Kyoto pour l’après 2020.
 
Jean-Pascal Van Ypersele, candidat déclaré à l’élection d’octobre prochain, confiait récemment à l’AFP être très inquiet quant au niveau d’engagement susceptible d’être acté lors de la Conférence de Paris. Pour lui, « l’accord risque d’être largement insuffisant par rapport à l’ampleur du défi et par rapport à ce qui serait nécessaire pour vraiment aboutir à la protection du climat ».
COP21
©COP21
Le Giec se veut pourtant rassurant. Sa secrétaire Renate Christ affirme que l’absence de Rajendra Pachauri cette semaine à Nairobi n’aura pas de conséquences sur le déroulement de la semaine : « nous sommes tous impliqués dans les discussions, nous sommes suffisamment préparés pour la réunion ».
 
Laurence Tubiana, envoyée spéciale de la France chargée d’organiser la Conférence de Paris temporise également. « Je ne pense pas que ça ait des conséquences sur Paris parce que le travail du cinquième rapport du Giec est bouclé. Donc il n’y a pas de choses qui vont changer de ce point de vue. »

Une démission prévue ?


Dans sa lettre de démission envoyée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, Rajendra Pachauri avoue être dans l'incapacité de fournir « une direction forte, du temps et de l'attention pleine et entière » au Giec dans l'immédiat. Il ajoute avoir eu l'intention de quitter « volontairement » son poste en novembre dernier, lors de la remise du cinquième rapport du Giec, ce que des amis proches et collègues lui ont déconseillé de faire. 

Malgré sa démission, il se dit prêt à « aider, soutenir et conseiller le Giec ». Il évoque également la protection de la planète Terre, la survie des espèces et le caractère durable des écosystèmes qui sont une religion pour lui.

Les faits

Rajendra Pachauri prend ses fonctions de président du Giec en 2002.

Mi-février, une femme de 29 ans dépose plainte contre Rajendra Pachauri pour harcèlement sexuel. Elle l’accuse de lui avoir envoyé des courriers électroniques, des SMS et des messages instantanés WhatsApp.

La jeune femme, dont l’identité est tenue secrète, est chercheuse au TERI (The Energy and Ressources Institute), le centre d’études de New Dehli dirigé par Rajendra Pachauri.

Le président du Giec récuse ces accusations. Il affirme que sa messagerie électronique et son téléphone portable ont été piratés. 

Le 24 février, le Giec annonce la démission de Rajendra Pachauri de ses fonctions de président. 

Ismail El Gizouli, vice-président du Giec, est désigné président par interim jusqu'à l'élection d'un nouveau bureau en octobre.