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Gilets Jaunes, "acte 2" : retour sur la mobilisation à Paris, théâtre d'incidents violents

Barricades incendiées, fumée noire, feux tricolores arrachés, pavés descellés, canons à eau... Envahi de gaz lacrymogène, le quartier des Champs-Elysées à Paris a été le théâtre d'incidents violents lors de la manifestation des "gilets jaunes" ce 24 novembre, une semaine après leur première mobilisation dans toute la France, à l'origine contre les prix du carburant.

Dès la matinée, des groupes de "gilets jaunes" ont convergé vers la capitale, pour beaucoup venant de banlieue ou de province sans trop savoir où se rassembler exactement. La manifestation n'avait été autorisée qu'au Champ-de-Mars, entouré de barrières et ceinturé de forces de l'ordre.

De petits groupes épars, gilet fluo sur le dos, ont rapidement afflué vers l'avenue, barrée par des cordons de CRS et de gendarmes mobiles à partir du rond-point des Champs-Elysées jusqu'à la Concorde. "Macron démission", "Macron, rends le pognon" et Marseillaise - hymne national - répondaient aux sirènes des forces de l'ordre.

Très vite, un cordon policier est dépassé par la marée jaune qui veut rallier la Concorde, décrétée zone interdite. "C'est n'importe quoi, on n'a pas d'ordre", peste un policier casqué, bras au ciel.                

Intervention des forces de l'ordre           

Les manifestants espèrent pouvoir s'approcher de l'Elysée en descendant la célèbre avenue, encore pleine de touristes et de badauds. Peine perdue. Au rond-point des Champs-Elysées, frontière infranchissable, le cordon policier tient cette fois. 

Mais la situation dégénère très vite : de jeunes gens au visage souvent masqué par des foulards et capuches, disséminés dans le cortège, font face aux forces de l'ordre, essayant d'aller au contact.

Tirs de grenades lacrymogènes et jets des canons à eau répondent aux tirs de mortiers d'artifice et jets de projectile de toutes sortes : bouteilles, pavés, planches... La place est envahie par les fumées irritantes. Les manifestants fuient dans les rues adjacentes ou reculent vers l'Arc de Triomphe. 

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"On s'est déplacé exprès d'Isère ce matin, lâche avec dépit Christophe, 49 ans, venu avec son épouse. On vient juste manifester pacifiquement et on se fait gazer... On voit comment on est reçu à Paris !" 

Derrière le couple, les explosions de grenades, de pétards, de mortiers s'enchaînent, les canons à eau repoussent la foule vers le haut des Champs-Elysées. "Vous êtes là pour nous, messieurs, il faut que vous soyez avec nous maintenant", tente Laetitia Dewalle, porte-parole des "gilets jaunes" dans le Val-d'Oise, à genoux sur la chaussée devant les gendarmes mobiles.

Faible mobilisation

Sur la place, des barrières métalliques de chantier sont arrachées pour servir de barricades improvisées au milieu de "la plus belle avenue du monde". Des projectiles pleuvent sur les casques et boucliers des CRS ou gendarmes mobiles. Ces derniers chargent à plusieurs reprises.

En fin de matinée, le rond-point est évacué, petit à petit les manifestants refluent vers l'Arc-de-Triomphe. Franck, 54 ans, un ex-commercial au chômage depuis quelques mois venu de Seine-Saint-Denis, semble déçu par la mobilisation, plus faible que le week-end dernier - 81 000 manifestants en France, 8 000 à Paris à en milieu de journée. "On devrait être beaucoup plus nombreux à montrer notre mécontentement par rapport à ce que fait le gouvernement. (Macron) laisse pas parler les Français, il fait de la dictature ni plus ni moins", ajoute le quinquagénaire, pancarte "Souviens-toi de 1789" sur l'épaule.

Plus bas sur l'avenue, une cabine de chantier renversée sur la chaussée brûle. Une terrasse couverte d'une chaîne de boulangerie s'enflamme à son tour. C'est l'un des rares commerces de l'avenue qui sera touché.

Actions en province

Des actions se tenaient également en province, berceau de cette contestation qui se revendique "populaire" et "apolitique" contre les prix du carburant, les taxes et la baisse du pouvoir d'achat.

De nombreux "gilets jaunes" ont en effet choisi de rester dans leurs régions, faute de moyens ou par crainte d'éventuelles échauffourées à Paris. Rassemblements dans les préfectures et sous-préfectures (Lyon, Lille, Toulouse, Limoges, Carcassonne...), barrages filtrants sur des axes routiers ou des zones commerciales, et autres actions "spectaculaires" étaient annoncées.

Au péage de La Gravelle, près de Laval, environ 200 manifestants ont ouvert les barrières du péage. "Allez y, c'est gratuit ! C'est Macron qui paye !", lançaient les manifestants aux automobilistes, selon une journaliste de l'AFP

L'opérateur Vinci Autoroute ont notamment fait état de "barrages filtrants" sur la barrière de Vienne (Isère) sur l'A7, sur l'A9 à la frontière espagnole (Pyrénées-orientales), à la Barque (près d'Aix-en-Provence) sur l'A8, à Saint-Arnoult-en-Yvelines sur l'A10.

Dans le Gard, des barrages bloquants étaient également en place à Aimargues, Alès et Nîmes, a indiqué la préfecture.

A Bordeaux, la préfecture a interdit les manifestations de "gilets jaunes" dans le centre-ville.

Pour aller plus loin >> Analyse de notre invité : Sylvain Bouloque, historien et spécialiste des mouvements sociaux : 
 

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