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De victime, Gisèle Pelicot est devenue un symbole du combat des femmes contre les violences sexuelles. Elle sera bientôt décorée de la Légion d'Honneur, la plus haute distinction française. Élue parmi les femmes de l'année 2025 par le magazine américain Time, ses mémoires sont attendues pour janvier 2026 et seront traduites en vingt langues.
Des manifestants tiennent une affiche représentant Gisèle Pelicot lors d'une manifestation organisée à l'occasion de la Journée internationale de la femme à Madrid, en Espagne, le samedi 8 mars 2025.
Gisèle Pelicot, officiellement élevée au statut d'icône. La victime devenue héroïne de la lutte contre les violences faites aux femmes figure sur la liste des personnalités distinguées dans la promotion de la Légion d'honneur du 14 Juillet, selon un décret publié au Journal officiel.
Son nom et son visage ont fait le tour du monde lors du procès des "viols de Mazan" en 2024, lors duquel elle a courageusement refusé le huis clos pour que la "honte change de camp".
La Légion d'honneur 2023 est la plus élevée des distinctions nationales françaises créée en 1802 par Napoléon Bonaparte. Elle distingue 589 personnes pour leur engagement envers l'intérêt général, illustrant le rôle crucial de figures comme Gisèle Pélicot dans la lutte pour les droits des femmes, a indiqué la Grande Chancellerie dans un communiqué. Parmi elles figure aussi l'historienne Mona Ozouf, grand'croix de la Légion d'honneur, la plus haute distinction.
Une distinction qui n'a pas manquée d'être relayée dans les médias internationaux, à l'image du procès, qui avait été suivi par des centaines de médias étrangers.
"Elle assume véritablement sa position de victime et on peut se réjouir que la Légion d'honneur soit décernée à Gisèle Pelicot parce que c'est une façon de reconnaître les violences sur les femmes et la résistance des femmes", a commenté l'historienne féministe Michelle Perrot sur France Inter.
Selon l'autrice, spécialiste de l'histoire des femmes, il est très rare qu'une victime soit élevée au rang de chevalier de la Légion d'honneur, "Je n'en vois pas d'autre. La Légion d'honneur, de toute façon, c'était quelque chose de très viril pour récompenser les héros des guerres."
Depuis 2008, la parité est obligatoire dans les promotions civiles de la Légion d'honneur.
Depuis le procès, Gisèle Pelicot a reçu le Prix Liberté, décerné par des jeunes de 84 pays, et a été nommée parmi les "100 personnes les plus influentes de 2025" par le magazine Time.
Elle devrait publier ses mémoires en janvier 2026, qui seront traduites en vingt langues.
Notre dossier Au nom de Gisèle Pélicot : le procès de la culture du viol en France
Le "procès des viols de Mazan", où son ex-mari, Dominique Pelicot, a été jugé aux côtés de 50 coaccusés – des hommes qu'il avait recrutés sur internet pour venir violer son épouse, droguée aux anxiolytiques et totalement inconsciente, à leur domicile de Mazan, dans le sud de la France – est devenu emblématique des questions de violences sexistes et sexuelles, en France comme à l'étranger.
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"Le choix" de Gisèle Pelicot, en refusant un procès à huis clos, "de renoncer à son droit légal à l'anonymat a fait d'elle une héroïne à travers le monde, au moment où elle appelait au changement en France et au-delà", salue le magazine américain Time dans son édition de mars. Le magazine la qualifie de "femme ordinaire qui, face à une tragédie personnelle, a agi de manière extraordinaire".
Je voulais que toutes les femmes victimes de viol se disent 'Madame Pelicot l'a fait, on peut le faire'. Gisèle Pelicot
"Je voulais que toutes les femmes victimes de viol se disent 'Madame Pelicot l'a fait, on peut le faire'. Je ne veux plus qu'elles aient honte. La honte, ce n'est pas à nous de l'avoir, c'est à eux, avait expliqué la septuagénaire à l'ouverture du procès à l'automne dernier. Je veux que mon exemple serve aux autres."
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Au bout de plus de trois mois de procès, Dominique Pelicot a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Il n'a pas fait appel. Ses 50 coaccusés, reconnus pour la plupart coupables de viols, âgés de 27 à 74 ans, ont eux été condamnés à des peines s'échelonnant entre trois ans de prison dont deux avec sursis, et quinze ans de réclusion criminelle, pour un homme venu six fois violer Gisele Pelicot. Un nouveau procès, pour treize hommes qui ont fait appel, aura lieu à l'automne 2025 à Nîmes, face à un jury populaire cette fois.
Time a retenu Gisèle Pelicot pour son classement 2025 des "12 femmes de l'année" parmi d'autres femmes marquantes, dont l'actrice Nicole Kidman, deux sportives de haut niveau, la gymnaste Jordan Chiles et la basketteuse A'ja Wilson, auxquelles il a réservé sa Une, ou encore Amanda Zurawski, une femme victime d'un défaut de soins après une fausse couche au Texas, un des Etats américains où l'avortement est réduit à l'extrême
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