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À la présentation de "Et le monde parlera francais", de Pilhion et Poletti : la langue française, un trésor inestimable à promouvoir ! pic.twitter.com/Mbq9NIo7og
— JB Lemoyne (@JBLemoyne) 27 juin 2017
A l' @alliancefrparis , @JBLemoyne fait sa 1ère intervention sur la #Francophonie en tant que ministre.#Espoir #PacteFrancophone #TV5Monde pic.twitter.com/67dgtmb3Uc
— Philippe Péjo (@PhPejo) 27 juin 2017
En marge de cette soirée, le nouveau ministre a accepté de répondre à trois de nos questions. A défaut d'une feuille de route francophone claire au Ministère, encore en attente, Jean-Baptiste Lemoyne s'est révélé comme un super VRP du livre sus-évoqué. Explication en images.
Alors que le Canada célébrait ces derniers jours en grande-pompe et bruyamment la francophonie avec la 35ème édition de la Franco-Fête, la France, elle, réunissait "en même temps" et en catimini un comité de spécialistes de la question dans l'auditorium défraîchi au sous-sol de l'Alliance Française autour de la troublante thématique : « la grande oubliée des campagnes pour les élections présidentielle et législatives : la politique du français dans le monde et de la francophonie ». Aux festivités tonitruantes à Quebec et à Toronto, Paris opposait donc une ambiance feutrée, façon veillée (funèbre ?), pour évoquer à sa façon, la francophonie.
Personnalité à se distinguer dans cette brochette d’experts es-francophonie : Marie-Laure Poletti.
La responsable du service de communication au Centre International d'Etudes Pédagogiques, qui a été responsable du Bureau pour l’enseignement des langues et des cultures (BELC) puis du département langue française du CIEP, et l’auteure de "... Et le monde parlera français" s’est exprimée avec force et sans langue de bois sur les enjeux et les inquiétudes suscitées par la francophonie vue de France. « La politique française s’intéresse assez peu à la francophonie, celle-ci est un vœu pieu. On peut dire que la France ne se considère pas comme francophone ! » a-t-elle lancé. Et de pointer du doigt « l’absence d’engagement des élites françaises », à commencer par l’Académie Française « qui ne s’est pas préoccupée du développement de la langue française à l’étranger ». Enfin d'enfoncer le clou en déplorant la vision « peu moderne » et « passeiste » de la France en la matière.
Co-auteur avec Marie-Laure Poletti de l’ouvrage critique, Roger Pilhion, ancien directeur adjoint du CIEP, a lui aussi tiré la sonnette d'alarme en rappelant que « l’avenir de la francophonie passe par le système éducatif africain or la France a fait un autre choix jusqu’à présent». Avant de conclure : « Enfin le Partenariat mondial pour l’éducation est financé majoritairement par les Américains ». Et de fait, un rapide coup d'oeil au site web de cette plateforme visant à renforcer les systèmes éducatifs des pays en voie de développement confirme le propos. C'est une Américaine, Alice P. Albright, qui a été propulsée première directrice générale de l'organisation en février 2013. Quant au site : il est rédigé dans la langue de Molière mais c'est dans celle de Shakespeare que son adresse peut-être retrouvée : http://www.globalpartnership.org/fr.
Si Jean-Baptiste Lemoyne reste encore peu connu du grand public, ce n'est pas le cas du département de l'Yonne où il a été sénateur apparenté Les Républicains.
Il était un "Copé Boy assez redoutable" dit de lui un ancien camarade politique de LR. "Tout le monde se souvient de son coup extraordinaire pour décrocher le poste de sénateur de l''Yonne comme dissident !". C'était en 2014 où Jean-Baptiste Lemoyne avait conquis à la hussarde son siège à la Haute assemblée au nez et à la barbe de Henri de Raincourt. Le département est d'ailleurs resté dans le giron de la droite avec la réélection le 21 juin d'un autre quadra comme député (LR) : Guillaume Larrivée.
Certes le nouveau secrétaire d'Etat manifeste une appétance pour les sujets francophones et la francophonie en général, mais son spectre d'intérêts, de goûts, de convictions et de combats est plus large. Ancien membre de Démocratie Libérale d’Alain Madelin, ce diplômé de l'ESSEC, co-rapporteur du projet de loi "El Khomri", a un temps flirté avec Sens Commun (mouvement politique issu de la Manif pour tous) avant d'être le premier à tourner le dos à François Fillon lorsque les affaires commençaient à entâcher la candidature du Sarthois. Il fut donc le premier parlementaire LR à rallier Emmanuel Macron, le 15 mars. Sans conteste, Lemoyne eut le nez creux.
Fort de son prompt ralliement, l'homme s'attendait à voir son nom appaître dans la liste du premier gouverment Philippe. Las, très affecté, il rongera son frein et attendra donc la constitution du gouvernement Philippe II pour voir sa nouvelle loyauté récompensée. Et c'est donc à la tête d'un secrétariat d'Etat sans affectations précises auprès de Jean-Yves Le Drian que Jean-Baptiste Lemoyne a fait son entrée au gouvernement en ce mois de juin.
Le choix de Maurice Gourdault-Montagne semble donc stratégique à plus d'un titre. Alors qu’il était attendu comme ambassadeur à Washington, cet ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé a été nommé ce jeudi 22 juin à ce poste clé. Avec cette originalité non anodine : ce fidèle chiraquien n'a pas fait l'ENA mais Langues O'. Et ses langues de prédilection sont l'ourdou, l'hindi et le bengali !