La montée des extrêmes
Le débat électoral est donc essentiellement assuré par les extrêmes et les opposants à l'austérité.
Parmi eux, les favoris des sondages sont aux deux bords de l'échiquier politique : la gauche radicale du Syriza, créditée de 13% des voix contre 4,6% en 2009, et Chryssi Avghi (Aube dorée), formation d'obédience ouvertement néo-nazie née en 1980.
Syriza est menée par le benjamin de la scène politique grecque, Alexis Tsipras, 37 ans. Il a fait ses classes dans les jeunesses communistes. Le parti (l'équivalent du Front de gauche de Mélenchon en France) attire jeunes et intellos.
Le fondateur de Chryssi Avghi, Nikos Mihaloliakos, est lui tristement célèbre pour avoir effectué le salut hitlérien au conseil municipal d'Athènes où il est élu depuis 2010.
Son parti, xénophobe et violent,
recrute à Athènes et dans les zones déshéritées, surfant sur le sentiment anti-immigrés dans un pays ravagé par le chômage (21,8%), où le PIB a chuté de près de 15% en quatre ans. L'immigration est devenu
un thème de campagne.
Pour Christophe Vernadarkis, analyste de l'institut VORC, la possible entrée de ce dernier au Parlement grec "risque d'être la grande surprise du scrutin". Chryssi Avghi pourrait passer de moins de 1% des voix à plus de 5% ce qui lui assurerait potentiellement jusqu'à 15 députés sur 300. "Les gens ne mesurent pas le caractère profondément à part, antisystèmique et nazi" de ce groupe estime Christophe Vernadarkis.
Plus généralement, la droite nationaliste hors Nouvelle Démocratie - deux autres partis outre Chryssi Avghi - pourrait engranger jusqu'à 15%, contre 5,6% en 2009. Cela priverait donc Nouvelle Démocratie de décrocher une majorité suffisante pour gouverner seule.
Le bloc de gauche hors Pasok socialiste - Syriza, le parti communiste KKE et la Gauche démocratique - pourrait cumuler 30% des voix contre 12% en 2009, selon Christophe Vernadarkis. Le Pasok est crédité de moins de la moitié de ses 44% de voix de 2009.
Un futur gouvernement de coalition
Mercredi 11 avril, Lucas Papademos annonçait à la télévision : "Les choix que nous allons faire (lors de ces élections, NDLR) vont définir l'avenir du pays pour les prochaines décennies." Le Premier ministre a souhaité que les Grecs "choisissent la voie qui assure sa position dans l'Union européenne et la zone euro, la voie de l'assainissement de l'économie du pays et des réformes structurelles".
"Il y a des gens très inquiets en ce moment" sur la possibilité de former un gouvernement après les élections note Ilias Nikolakopoulos. Mais la "pression de la société pour un gouvernement de coalition est très très forte".
Pour
la journaliste grecque Melina Xaritatou ces élections sont "comme un puzzle empreint de confusion, d'émotions et parfois de stratégies personnelles complexes qui devraient ouvrir la voie à un jeu de dominos débouchant sur... l'inconnu".