Grèce : quelles conséquences en cas de faillite ou de sortie de la zone euro ?

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Grèce : quelles conséquences en cas de faillite ou de sortie de la zone euro ?
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Les principales places financières mondiales tanguent encore, malmenées par des craintes grandissantes d'un défaut de paiement de la Grèce. Tous les regards se tournent vers la téléconférence, prévue à 16h00 GMT, entre la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre grec Georges Papandréou et le président français Nicolas Sarkozy. Une faillite d'Athènes voire une sortie de l'Union monétaire ne sont plus exclues.
Grèce : quelles conséquences en cas de faillite ou de sortie de la zone euro ?
La porte d'un magasin ayant fermé est cadenassée le 9 septembre 2011 à Thessalonique (AFP)
LA GRECE PEUT-ELLE FAIRE FAILLITE ? Actuellement, la Grèce ne dépend pratiquement plus des marchés pour ses emprunts car les taux demandés y sont trop élevés. Elle vit sous perfusion de l'Europe et du Fonds monétaire international, ce qui la met à l'abri d'une éventuelle faillite, ou "défaut" par rapport à ses obligations de remboursement. Toutefois, si ces bailleurs de fonds publics venaient à perdre patience et à suspendre leur aide en estimant que le pays ne fait pas les efforts exigés en contrepartie, ou ne parviendra pas à rembourser l'intégralité de sa dette publique de quelque 350 milliards d'euros, Athènes ne serait alors plus en mesure de faire face. Le pays serait alors considéré en défaut de paiement sur une partie de sa dette. Cette option n'est plus exclue. La Grèce doit impérativement obtenir fin septembre ou début octobre le versement de la prochaine tranche de 8 milliards d'euros de prêts promise par ses bailleurs de fonds. Sinon elle fera défaut en octobre. Pour l'économiste Christian de Boissieu, invité sur le plateau du JT de TV5Monde le 13 septembre, ce défaut de paiement partiel est quasiment acté. En revanche, il ne croit pas à une faillite d'Athènes.
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PEUT-ON ORGANISER LA FAILLITE DE LA GRECE ? La piste du défaut "ordonné" gagne en vigueur, en Allemagne notamment. Il s'agirait d'encadrer la faillite de la Grèce et non pas de la subir, ce qui passerait par des échanges négociés avec les créanciers privés (banques et fonds d'investissements). "La priorité absolue est d'éviter un défaut de paiement incontrôlé parce que cela ne toucherait pas seulement la Grèce, et parce que le risque que cela nous affecte tous, ou du moins beaucoup d'autres pays, est très élevé", a déclaré Angela Merkel. Pour l'économiste Henri Sterdyniak, invité sur le plateau de TV5Monde ce 13 septembre,la position très ambigue de l'Allemagne explique la volatilité des marchés.
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LA GRECE PEUT-ELLE SORTIR DE LA ZONE EURO ? "Aucune sortie, ni expulsion de la zone euro n'est possible d'après le traité de Lisbonne", répète la Commission européenne. Si rien n'est prévu sur le papier, qui pourrait dans les faits empêcher un pays asphyxié par les dettes et rejeté par ses voisins de se retirer ? Ce bouleversement nécessiterait sans doute une approbation des autres Etats ayant adopté l'euro et peut-être un changement de traité. Pour Christian de Boissieu, la sortie de la Grèce de la zone euro - possible de facto selon lui - n'est pas une bonne solution : "Les marchés se demanderaient « A qui le tour ? »". Enfin, dans le sillage d'Athènes, d'autres pays budgétairement fragiles pourraient suivre le même chemin, provoquant ainsi l'éclatement du projet économique européen.
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QUELLES CONSEQUENCES POUR ATHENES ? La Grèce réintroduirait son ancienne monnaie nationale, la drachme, avec à la clé une très forte dévaluation par rapport à la monnaie commune. Un bon point pour les exportations du pays, mais les autres conséquences seraient désastreuses. Car la dette contractée par l'Etat, les entreprises et les ménages grecs l'a été en euros. Ils devraient donc rembourser dans une monnaie dévalorisée, ce qui augmenterait d'autant la charge. Au final: chute du pouvoir d'achat, récession, taux prohibitifs sur le marché de la dette. En outre l'inflation s'envolerait puisque le prix des produits importés serait renchéri. QUELS EFFETS POUR LES BANQUES ET LES PAYS VOISINS ? L'incapacité du pays à rembourser sa dette signifierait des pertes gigantesques pour les banques grecques principalement, qui en détiennent une grande partie. Elle devraient sans doute être nationalisées pour être sauvées. Cela aurait aussi des répercussions sur les banques et compagnies d'assurance des autres pays européens détenteurs de "papier" grec. Elles devraient être recapitalisées. Le taux de change de l'euro chuterait. "Une situation incontrôlable" pour Henri Sterdyniak.
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LES PAYS ÉMERGENTS AU SECOURS DE L'EUROPE ? L'affolement est si fort que les grands pays émergents du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) envisagent de venir en aide à l'Union européenne engluée dans la crise de la dette. L'une des idées étudiées serait d'augmenter les réserves internationales des pays émergents en titres libellés en euros. Mais ces acquisitions seraient limitées aux titres des pays les plus solides comme l'Allemagne ou la Grande-Bretagne. Aider peut-être, mais dans la sécurité...