Fil d'Ariane
Al-Baghdadi s'étend potentiellement sur un territoire d'une superficie égale à celle du Royaume-Uni, soit 230 000 km2. Il est malgré tout difficile d'envisager cette zone comme un territoire homogène, qui pourrait être cartographié de la même manière qu'un Etat classique. Une carte plus précise datant de mai 2015 montre le "territoire gruyère" de l'EI, là où le groupe djihadiste est implanté et maîtrise l'espace géographique, social, économique et politique :
L'EI s'est aussi implanté depuis quelques mois en Afghanistan, dans la province de Nangarhar, d'où il a chassé — ou indifféremment recruté — les talibans présents dans cette zone. Cette récente expansion du groupe djihadiste en Afghanistan — où plusieurs groupes islamistes tels le bataillon al-Tawheed et la Brigade de l'Islam leur ont déjà prêté allégeance — laisse envisager une volonté du Califat autoproclamé à s'étendre au delà de la Syrie et de l'Irak, dans des pays proches.
Le "système" de gouvernance du Califat islamique est basé sur une délégation administrative qui se met en place après avoir fait régner la terreur sur le lieu conquis. Ce sont la plupart du temps des personnalités locales de confession sunnite à qui sont confiées l'obligation de faire régner l'ordre par la "loi islamique" du Califat et de collecter les impôts. La "charte" établie par l'Etat islamique en Irak et au Levant (ainsi nommé à l'époque), en 2014 est d'une clarté effrayante (extraits, wikipedia) :
L'article 5 propose aux mécréants (opposants à l'islam) : « l'exécution, la crucifixion, l'amputation des bras ou (et) des jambes, ou l'exil ». L'alcool, le tabac et les drogues sont interdits (article 8). Les manifestations publiques, considérées comme contraires à l'islam sont interdites (articles 10). L'EIIL promet également la destruction des statues édifiées avant l'avènement de l'islam (article 13). Les femmes ne peuvent sortir que vêtues d'un niqab et accompagnées d'un membre de leurs familles (article 14). De plus l'EIIL rétablit également le statut de dhimmi pour les chrétiens de Mossoul, ces derniers doivent notamment payer un impôt spécial de 250 dollars par mois.
En Irak, de nombreux ex-soldats et ex-officiers de l'armée de Saddam Hussein se sont ralliés aux djihadistes du Califat, ainsi que des personnels des administrations publiques : les territoires conquis sont réellement administrés, avec un professionnalisme que n'envierait en rien celui de l'Etat irakien.
Les troupes de combattants djihadistes du Califat islamique de départ sont composées pour une bonne part d'anciens soldats sunnites irakiens s'étant rebellés contre la politique discriminatoire du Premier ministre chiite Nouri Al-Maliki, soutenu par l'administration américaine. Mais de nombreuses combattants provenant des groupes de combattants islamistes luttant contre l'armée régulière syrienne ont aussi rejoint les rangs du Califat. Des combattants étrangers ont renforcé les troupes dès 2013, avec une intensification de ces ralliements en 2014 et 2015. Les infographies de l'agence de conseil en sécurité "Soufan Group" indiquent les différentes provenance des contingents du groupe Etat islamique dans le monde. L'Europe, avec plus de 5000 djihadistes, est un pourvoyeur conséquent de recrues étrangères pour l'Etat islamique :
Le plus grand nombre de recrues, par pays, provient de Tunisie, d'Arabie saoudite, de Russie, Turquie et Jordanie :
Au final, la progression des combattant étrangers ralliant le groupe Etat islamique est importante, avec en tête, les pays du Moyen-Orient et du Maghreb.
Les spécialistes militaires estiment que le groupe Etat islamique est doté d'une armée de 100 000 à 125 000 hommes, dont 50 000 soldats.