Fil d'Ariane
Florent Parmentier observe un changement radical dans la politique ukrainienne depuis l’élection du nouveau président Volodymyr Zelensky le 21 avril 2019. « Sa position est assez différente de celle de Petro Porochenko (ancien président ukrainien). Volodymyr Zelensky considère véritablement une perspective de paix dans le Donbass ».
Loup Bureau lui, n’est pas si optimiste, « Zelensky a appelé Poutine plusieurs fois pour des accords de paix, une zone de désescalade a été mise en place où les deux armées se sont retirées, mais ça reste anecdotique par rapport à la zone de front. »
Sur place aussi, les avis divergent. « Les Ukrainiens sont partagés entre aboutir à des accords de paix pour mettre fin à cette guerre qui dure depuis plus de 5 ans et qui a fait beaucoup de victimes, et d’autres veulent que l’armée ukrainienne lance l’offensive pour récupérer les territoires russes, mais pour ça ils sont en très mauvaise position » raconte Loup Bureau.
Il vaut mieux une paix insatisfaisante qu’une bonne guerre.
Florent Parmentier, professeur à Sciences Po et chercheur à HEC
Pour ces deux spécialistes, aucune perspective de paix n’est possible sans l’accord de la Russie. « C’est la Russie qui chapeaute tout le conflit du Donbass. Pour avoir été sur le terrain, ce ne sont quasiment jamais les Ukrainiens qui ouvrent le feu. Ils ne font que répondre. La Russie peut choisir de mettre fin ou non au conflit », raconte Loup Bureau.
Mais ces nouvelles perspectives de paix pourraient également être bénéfiques à la Russie, qui semble ouverte aux négociations, comme l’explique Florent Parmentier. « Ce conflit a un coût et les Russes commencent à fatiguer économiquement. D’autant plus qu’actuellement un certain nombre de manifestations ont lieu en Russie notamment pour des raisons économiques. Pour Poutine, il vaut mieux une paix insatisfaisante qu’une bonne guerre ».
Poutine utilise l’Ukraine comme une zone tampon avec nous Européens.Loup Bureau, documentariste et journaliste à TV5MONDE qui se rend régulièrement au Donbass
Mais Florent Parmentier le concède : le Donbass est avant tout un lieu stratégique pour la Russie, « l’occasion de se rapprocher des Européens tout en gardant une influence en Ukraine. L’idée est de se dire que si on [la Russie] veut continuer à avoir une influence en Ukraine, il faut permettre que le Donbass réintègre l’Ukraine, de manière à contrôler l’ensemble du processus politique ».
« Poutine utilise l’Ukraine comme une zone tampon avec nous Européens », affirme Loup Bureau. « C’est le moyen pour lui de faire pression pour empêcher l’Ukraine d’entrer dans l’Union européenne et dans l’OTAN », un projet auquel le pays aspire.