Guerre du Donbass : Kiev et les séparatistes pro-russes échangent leurs prisonniers

Kiev et les séparatistes pro-russes de l'Est de l'Ukraine se sont accordés ce dimanche 29 décembre sur l'échange de dizaines de prisonniers. Une opération qui marque une désescalade dans le seul conflit actif d'Europe, mais qui soulève de nombreuses interrogations.
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Des prisonniers pro-russes, près du poste de contrôle de Maiorske, dans la région de Donetsk en Ukraine, ce dimanche 29 décembre 2019.
 
(Yevgen Honcharenko/Pool Photo via AP)
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La présidence ukrainienne a annoncé sur les réseaux sociaux que l'opération avait "commencé au point de contrôle de Maïorské, dans la région de Donetsk".

La médiatrice de la république autoproclamé du Donetsk, Daria Morozova a indiqué aux médias russes que sur les 87 prisonniers réclamés, une vingtaine ne sera pas remis. Kiev doit pour sa part se voir remettre 55 personnes.

Kiev n'a donné aucun chiffre. "Une vérification est en cours", a indiqué à l'AFP une source ukrainienne.

Il s'agit du premier échange direct entre belligérants depuis décembre 2017.

Dans la matinée, deux autocars en provenance des territoires séparatistes sont arrivés sur un terrain gardé par des militaires ukrainiens armés près du village d'Odradivka, dans la zone contrôlée par Kiev, à une dizaine de kilomètres de la ligne de front, selon  les journalistes de l'AFP. Certains des passagers visibles à bord des autocars couvraient leur visages.

Une demi-heure plus tard, trois autres autocars escortés par les policiers sont arrivés sur place en provenance de la direction opposée. Ils ont été suivis ensuite de plusieurs ambulances, voitures de la Croix-Rouge et d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

Du côté des séparatistes pro-russes du Donetsk, la télévision russe a montré des détenus, encadrés par des soldats en armes.

Les identités des personnes échangées n'ont pas été communiquées par les belligérants.

Selon les informations (non confirmées) des médias ukrainiens, les séparatistes devraient libérer principalement des militaires ukrainiens, mais également des activistes ou des journalistes emprisonnés.

De son côté, Kiev pourrait échanger, outre des combattants détenus au cours du conflit, trois hommes condamnés à la prison à vie pour avoir commis un attentat à Kharkiv en février 2015, ainsi que d'anciens policiers anti-émeute détenus en Ukraine pour leur implication présumée dans la répression sanglante des manifestations de la place Maïdan, en 2014, suivie du départ du président pro-russe Viktor Ianoukovitch. Ces événements ont lieu avant le début de la guerre dans l'Est de l'Ukraine.

La possibilité d'une libération de ces anciens policiers a suscité l'indignation de nombreux Ukrainiens et une association de familles de victimes a appelé le président Volodymyr Zelensky à y renoncer.

Près de 200 protestataires se sont réunis, selon les médias, tard samedi soir devant une prison de Kiev pour tenter d'empêcher leur échange. "Ce pays n'a pas d'avenir", a écrit amèrement sur Facebook Volodymyr Golodniouk, dont le fils Oustym de 19 ans a été tué pendant le soulèvement à Kiev.

Détente avec Moscou ?

Le principe de l'échange avant la fin de l'année avait été acté et réclamé par M. Zelensky le 9 décembre à Paris, où se tenait le premier sommet de paix sur l'Ukraine depuis 2016.

Il y rencontrait le président russe Vladimir Poutine pour la première fois, sous les auspices de la France et de l'Allemagne, une avancée même si la réunion n'a pas donné lieu à des progrès concrets sur le retrait des armes lourdes, la restauration du contrôle de Kiev sur sa frontière avec la Russie, ou l'organisation d'élections locales dans ces régions.

Depuis l'élection de M. Zelensky en avril, une certaine détente se fait sentir avec le Kremlin.

En septembre, Kiev et Moscou ont ainsi échangé 70 détenus, notamment le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné en Russie.

Les troupes des deux camps ont également reculé dans trois petits secteurs de la ligne de front et le sommet de Paris a décidé que d'ici fin mars d'autres retraits de ce type devaient avoir lieu. La Russie a aussi rendu à Kiev des navires de guerre qu'elle avait saisis.

Cette guerre entre Kiev et des séparatistes pro-russes, dernier conflit armé actif en Europe, a fait plus de 13.000 morts depuis son éclatement en 2014, quelques semaines après l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie qui avait elle-même suivi le soulèvement pro-européen de Maïdan et le renversement du président ukrainien Ianoukovitch.

L'Occident et l'Ukraine accusent Moscou de soutenir militairement les séparatistes, ce que la Russie nie farouchement.