Guerre en Syrie, crise migratoire, Erdogan met Bruxelles sous pression

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Le président turc demande un soutien de l'Union à ses opérations militaires en Syrie
AP/POOL
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Le président turc se rend à Bruxelles ce 9 mars pour discuter avec les dirigeants de l'Union européenne de la situation des migrants qu'il a laissés reprendre le chemin de L'Europe. Ankara lie sa coopération sur les questions migratoires à un soutien  à ses opérations militaires en Syrie.
Recep Tayyip Erdogan est-il en train de déchirer définitivement l'accord de mars 2016 avec l'Union européenne ? La Turquie s'était engagé à maintenir sur son sol les migrants contre finance. La Turquie a décidé de les laisser passer. Et le président turc va plus loin. Il demande aux Grecs de laisser passer les migrants dans le reste de l'Union européenne, les migrants. "Hé, la Grèce! Je te lance un appel... Ouvre tes portes également et libère-toi de ce fardeau", a-t-il lancé. "Laisse-les aller dans d'autres pays européens".

Remise en cause de l'accord de mars 2016


Des dizaines de milliers de migrants tentent en effet de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis que le président turc a annoncé le 29 février qu'il cessait de effectivement respecter l'accord de mars 2016 avec l'Union européenne. Aux termes de cet accord, la Turquie avait accepté de contenir le flot des migrants qui fuient la guerre en Syrie, en échange de plusieurs milliards d'euros.

Ankara réclame plus d'argent face à la crise migratoire


Mais Ankara estime l'aide obtenue pour l'instant insuffisante pour faire face au coût des quatre millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu'elle accueille depuis des années. La Turquie souhaite aussi obtenir le soutien de l'Uunion européenne à ses opérations militaires dans le nord de la Syrie. L'offensive du régime syrien, appuyée par Moscou, contre la province d'Idleb (nord-ouest), dernier bastion rebelle en Syrie, a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d'un million de personnes déplacées. Ankara redoute qu'elles affluent vers son territoire.

 Vendredi, le président turc a relâché un peu la pression migratoire sur l'UE en donnant l'ordre aux garde-côtes d'empêcher les migrants de traverser la mer Egée, autre voie de passage vers la Grèce. Les autorités grecques ont annoncé jeudi que plus de 1.700 d'entre eux étaient arrivés sur les îles grecques, venant s'ajouter aux 38.000 déjà présents qui peuplent les camps de réfugiés dans des conditions de plus en plus précaires. Depuis Berlin, le gouvernement allemand a annoncé lundi matin qu'une coalition de pays "volontaires" de l'Union européenne envisage de prendre en charge jusqu'à 1.500 enfants migrants bloqués sur les îles grecques par mesure de soutien "humanitaire". Les noms des pays impliqués n'ont pas été précisés.

"Nous voulons soutenir la Grèce à faire face à la situation humanitaire difficile de 1.000 à 1.500 enfants se trouvant sur les îles" du pays, ont ajouté les partis de la coalition gouvernementale de la chancelière Angela Merkel, conservateurs et sociaux-démocrates, à l'issue d'une réunion de plusieurs heures ayant commencé dimanche soir. "Il s'agit d'enfants qui, en raison d'une maladie ont urgemment besoin de soins, ou d'enfants non accompagnés et âgés de moins de 14 ans, pour la plupart des filles", ont-ils souligné. La Grèce, elle, a déjà donné refuge à 38 000 migrants.