Fil d'Ariane
"Il y a des moments où l'on ne devrait pas hésiter ou se comparer. Quand quelqu'un dit en je livrerai des chars si quelqu'un d'autre le fait'", affirme le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il intervenait par visioconférence lors d'un petit-déjeuner en marge du Forum de Davos.
Le président ukrainien fait référence à des informations de presse selon lesquelles Berlin ne livrera des chars lourds que si les Etats-Unis livrent des chars Abrams. Or Washington n'est pas prête à fournir à l'Ukraine ces chars de combats, a déclaré mercredi un haut responsable du Pentagone, justifiant ce refus par des questions de maintenance et de formation, sans toutefois exclure un changement de la position américaine à l'avenir.
Selon le représentant américain Gregory Meeks, le chancelier allemand Olaf Scholz souhaite que les Etats-Unis et l'Allemagne envoient ensemble leurs chars en Ukraine. "Ça doit être les Etats-Unis et l'Allemagne (ensemble), il n'y a pas de doute sur ça", explique l'élu américain. "Je ne pense pas qu'il s'agisse de la bonne stratégie à adopter", regrette le président ukrainien en visant Berlin qui fait l'objet d'une pression croissante de plusieurs voisins européens pour qu'elle autorise des livraisons de Leopard, des chars de combat très puissants.
Tout envoi de matériel de guerre de fabrication allemande doit en effet recevoir le feu vert de Berlin. Olaf Scholz, qui s'exprimait juste avant le président Zelensky à Davos, n'a fait aucune annonce en la matière dans son discours et a éludé une question explicite sur l'envoi de Leopard 2 en Ukraine pendant une session de questions-réponses à l'issue de son intervention.
"Nous ne soutenons pas seulement l'Ukraine avec des moyens financiers et de l'aide humanitaire mais aussi avec beaucoup d'armes", s'est-il contenté de dire, sans jamais prononcer le mot "char". Le parti social-démocrate du chancelier allemand est réticent à la livraison de ces puissants blindés. Il estime qu'elle risquerait d'entraîner une escalade avec Moscou, évaluent les observateurs.
Ce n'est pas le système le plus facile à entretenir.Colin Kahl, sous-secrétaire à la Défense pour la stratégie
À Washington, des responsables américains expriment en privé depuis plusieurs jours leurs réserves sur l'envoi de chars lourds les plus avancés, les Abrams, citant des questions de formation et de maintenance. "Je ne pense pas que nous en soyons là", déclare le 18 janvier à la presse le numéro trois du Pentagone, Colin Kahl. "Le char Abrams est un équipement très compliqué. Il est cher, il requiert une formation difficile, il a un moteur d'avion à réaction. Je crois qu'il consomme 11 litres de kérosène au km", a souligné souligne Colin Kahl, sous-secrétaire à la Défense pour la stratégie. "Ce n'est pas le système le plus facile à entretenir", ajoute-t-il, sans toutefois exclure un changement de la position américaine à l'avenir.
Des dirigeants finlandais, lituanien, polonais et britannique avaient encore appelé le 17 janvier à une décision rapide. Le 20 janvier, les ministres de la Défense et hauts-responsables militaires des pays occidentaux apportant une aide militaire à l'Ukraine se réuniront autour du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, à Ramstein. Il s'agira de la troisième rencontre de ce type.