Guerre en Ukraine : sur le site du massacre de Babi Yar, une frappe russe qui remue les symboles

Des organisations juives ont crié leur indignation après une frappe russe près du site du massacre nazi de Babi Yar à Kiev. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky il s'agit d'une volonté de Moscou d'"effacer" l'histoire ukrainienne.
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Des membres de la communauté juive ukrainienne en 2017 se recueillentà Babi Yar. Des dizaines de milliers de juifs y ont été assassinés par des troupes allemande en 1941.
 
AP/Efrem Lukatsky
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Mardi premier mars, un bombardement russe a visé la tour de télévision à Kiev, mitoyenne du mémorial de Babi Yar. Le site de Babi Yar est un un charnier contenant les restes de près de 34.000 juifs massacrés en deux jours par les troupes nazies en 1941 lors de l'occupation allemande.

Babi Yar est un symbole de ce que les historiens nomment la "Shoah par balles". En 1941, lors de l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne plus d'un millions de Juifs ont été assassinés par balles par des troupes nazies et des collaborateurs baltes ou ukrainiens.
 

Babi Yar, un symbole de la Shoah par balles


Selon le grand rabbin d'Ukraine, Moshe Asman, qui organise l'évacuation de la communauté juive locale de la ville de Kiev, la frappe russe contre des civils sur ce site relève du "crime de guerre".

Le mémorial un parc aménagé situé à un kilomètre de la tour de la télévision, n'a pas été directement touché par les frappes.
 
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Images d'archives du site de Babi Yar en 1944 lors de la découverte du charnier par les troupes soviétiques.
AP Photo/ Archives

Faisant part de sa "condamnation véhémente", le mémorial israélien de la Shoah Yad Vashem a appelé "la communauté internationale à prendre des mesures concertées pour sauvegarder les vies civiles comme les sites historiques en raison de leur valeur irremplaçable pour la recherche, l'éducation et la commémoration de l'Holocauste".

"Plutôt que d'être soumis à une violence flagrante, des sites sacrés comme celui de Babi Yar doivent être protégés", estime l'organisation dans un communiqué.

"Un crime de guerre" pour le grand rabin d'Ukraine


"Poutine cherche à déformer et manipuler l'Holocauste pour justifier une invasion illégale d'un pays souverain et démocratique, ce qui est absolument abominable", a critiqué mardi dans un communiqué Natan Sharansky, président du conseil consultatif du mémorial de Babi Yar, ancien prisonnier soviétique.

"C'est symbolique qu'il commence à attaquer Kiev en bombardant le site de Babi Yar", a-t-il aussi estimé. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui même juif, accuse Moscou de chercher à "effacer" l'Ukraine et son histoire et appelé les juifs "à ne pas rester silencieux".

En septembre dernier, le président ukrainien s'était recueilli à Kiev pour le 80e anniversaire du massacre nazi à Babi Yar.

Babi Yar --aussi connu sous le nom de Babyn Yar-- fut le théâtre d'exécutions massives jusqu'en 1943. Jusqu'à 100.000 personnes y ont été tuées, parmi lesquelles des juifs, Roms, résistants et prisonniers soviétiques.