Guerre en Ukraine : Zelensky et Poutine s'accusent mutuellement de violations de la trêve de Pâques

L'Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées ce dimanche de poursuivre leurs attaques, malgré la trêve de 30 heures pour Pâques annoncée la veille par Vladimir Poutine et acceptée par son homologue Volodymyr Zelensky.

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Pâque orthodoxe à Khakiv, Ukraine, le 20 avril 2025

Des personnes font la queue pour embrasser une icône lors de la célébration de la Pâque orthodoxe à l'église Cross Lower de l'Église orthodoxe ukrainienne à Kharkiv, en Ukraine, le dimanche 20 avril 2025. (AP Photo/George Ivanchenko)

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Ces accusations démontrent les difficultés à imposer une cessation, même courte, des hostilités entre les deux belligérants après plus de trois ans de guerre.

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Côté russe, le ministère de la Défense a rapporté des tentatives infructueuses de l'armée ukrainienne d'"attaquer les positions russes" dans les secteurs de Soukha Balka et de Bagatyr dans la région orientale de Donetsk.

Les autorités russes ont aussi signalé des actions militaires ukrainiennes contre les régions russes frontalières de Briansk, Koursk et Belgorod, dans lesquelles "des civils ont été tués ou blessés".

Au total, Moscou a accusé Kiev d'avoir bombardé les positions russes 444 fois à l'aide de l'artillerie et à 900 reprises avec des drones, au cours de la nuit de samedi à dimanche.

Côté ukrainien, le président Zelensky a signalé des "opérations russes" dans les secteurs de Pokrovsk et de Siversk, sur le front est, accusant l'armée russe de "continuer d'utiliser des armes lourdes".

Il a fait état en tout et pour tout de 50 assauts et 446 bombardements par les forces russes depuis le début de la trêve, samedi à 15h00 GMT.

Une journaliste de l'AFP à Kramatorsk, près des lieux des combats dans la partie orientale de l'Ukraine, a entendu des explosions dimanche mais le front semblait plus calme qu'à l'ordinaire, aucune fumée ne s'étant élevée à l'horizon.

"Impression d'un cessez-le-feu"

"L'activité de l'ennemi a considérablement diminué dans les régions de Zaporijjia (sud) et de Kharkiv (nord-est), (dans les zones) où nous opérons en permanence", a témoigné auprès de l'AFP un commandant d'une unité de drones ukrainienne sous couvert d'anonymat, n'évoquant que des "incidents isolés".

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Serguiï, un officier ukrainien dans la région de Soumy (nord-est), a estimé que la nuit et la journée de dimanche avaient été "calmes" par rapport à ce qui se passe habituellement : "L'artillerie (russe) ne tire pas".

"Dans l'ensemble, le matin de Pâques, nous pouvons affirmer que l'armée russe tente de donner l'impression générale d'un cessez-le-feu, tout en poursuivant dans certaines régions des tentatives isolées d'avancer et d'infliger des pertes à l'Ukraine", a écrit M. Zelensky, citant un rapport du commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky.

Dans l'ensemble, le matin de Pâques, nous pouvons affirmer que l'armée russe tente de donner l'impression générale d'un cessez-le-feu, tout en poursuivant dans certaines régions des tentatives isolées d'avancer et d'infliger des pertes à l'Ukraine. 
Volodymyr Zelensky, Président ukrainien

Vladimir Poutine avait ordonné samedi aux soldats russes d'interrompre les hostilités jusqu'à minuit (21H00 GMT) dans la nuit de dimanche à lundi à l'occasion de Pâques, l'une des fêtes les plus importantes du calendrier chrétien.

Volodymyr Zelensky avait accepté le principe de cette trêve mais les deux présidents ont donné l'ordre de répliquer à toute violation par l'autre camp du cessez-le-feu.

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Celui-ci intervient à un moment où les efforts de l'administration américaine pour trouver une issue au conflit en Ukraine paraissent dans l'impasse.

Vendredi, Donald Trump a menacé de se retirer des négociations faute de progrès rapides dans les discussions séparées que ses lieutenants ont depuis plusieurs semaines avec Kiev et avec Moscou.

Les habitants de Kiev interrogés par l'AFP assuraient ne pas croire à une trêve.

"Ils ont déjà rompu leur promesse. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire confiance à la Russie", commentait ainsi Olga Grachova, une commerçante de 38 ans.

"Tout ce que nous proposons, malheureusement, reste seulement au stade de proposition. Personne n'y répond", déplorait Natalia, une médecin de 41 ans.

Il faut que "cette guerre terrible se termine, pour que notre peuple, nos soldats et nos enfants cessent de mourir", soulignait Serguiï Klochko, un cheminot de 30 ans. 

Ils ont déjà rompu leur promesse. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire confiance à la Russie. 

Olga Grachova, commerçante ukrainienne

"La paix pour toujours" 

A Moscou, Svetlana, une retraitée de 61 ans qui n'a pas donné son nom de famille, a aussi dit penser que la trêve pascale n'aboutirait "à rien car l'Ukraine ne respectera de toute façon pas ces accords", évoquant une "demi-mesure".

"Je souhaite que nous fassions la paix avec l'Ukraine pour toujours", s'exclame pour sa part Maria Goranina, 85 ans, qui veut un "cessez-le-feu permanent" mais craint que l'Ukraine "n'attaque à nouveau".

Evguéni Pavlov, 58 ans, juge pour sa part qu'il ne faut "pas donner de répit à l'Ukraine" car il doute de sa bonne volonté.

Des tentatives d'instaurer un cessez-le-feu pour Pâques ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en Ukraine, en avril 2022 et en janvier 2023, mais elles avaient échoué face au refus de Moscou pour la première et de Kiev pour la seconde de faire taire les armes.

La trêve de ce week-end a été décrétée au moment où la Russie a revendiqué avoir repris la quasi-totalité - 99,5% - des territoires occupés par les Ukrainiens dans la région russe de Koursk depuis l'été 2024.

Une progression qui replacerait à nouveau en totalité le front sur le sol ukrainien.